L’actualisation du règlement des terrasses lyonnaises engendre une vive polémique depuis quelques jours à Lyon. Les professionnels accusent la mairie de vouloir réduire la place des terrasses en proposant une concertation "orientée". Valentin Lungenstrass, l’adjoint en charge du dossier, met les choses au clair dans Lyon Capitale.
La grogne monte depuis quelques jours du côté des professions de bouche et des débits de boisson de la ville de Lyon. La municipalité dirigée par Grégory Doucet a entrepris de réactualiser son règlement encadrant les terrasses, qui commençait à devenir vieillissant, de l’aveu même de Geoffrey Clavel, le président de la branche cafés et brasseries de l’Union des métiers et des industries de l'hôtellerie du Rhône (UMIH).
La mairie a donc lancé une concertation publique jusqu’au 30 septembre pour faire évoluer ce règlement "au regard des nouveaux usages de l’espace public, tout comme l’évolution des modes de consommation actuels". Une dizaine de questions sont proposées aux habitants sur la place des terrasses à Lyon, leurs horaires, leur insertion dans le paysage, l’espace qu’elles occupent, leur impact sur le quotidien des habitants ou encore leur rôle.
Une concertation orientée ?
C’est là que le bât blesse, si les professionnels reconnaissent avoir été intégrés au processus de réactualisation du règlement, ils déplorent aujourd'hui un questionnaire et une concertation qui serait orientée selon eux. "Pour nous exploitants la concertation est tout à fait orientée. L’essentiel des questions fait ressortir tous les points de nuisances liés à l’activité des terrasses et laisse présager d’un avenir pessimiste pour nos terrasses", expliquait ainsi Geoffrey Clavel dans l’émission 6 min Chrono de Lyon Capitale (à retrouver à la fin de cette interview).
L’inquiétude montant chez les professionnels, qui craignent de voir l’espace accordé aux terrasses et leurs horaires diminuer, une rumeur faisant notamment état d’une fermeture à 22h30, Lyon Capitale s’est entretenu avec l’adjoint au maire en charge du dossier. Valentin Lungenstrass l’assure, il n’y a pas de volonté de la mairie de réduire la place des terrasses.
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Lyon Capitale. Depuis une semaine on a l’impression qu’il y a un décalage entre l’UMIH et la Ville sur les changements que vous comptez apporter au règlement des terrasses …
Valentin Lungenstrass. C’est une posture. Ils sont associés au processus depuis le début, nous avons commencé les travaux avec une réunion réunissant les professionnels lors de laquelle il y avait l’UMIH et d’autres associations de commerçants. Il y avait quand même une trentaine de représentants de présents. Ils étaient là au début et ils clôtureront le processus, ils sont pleinement impliqués dans la construction du règlement qui est fait pour eux, donc je n’ai pas trop compris cette communication assez virulente.
Sur toute la construction du processus, ça allait bien, la première réunion s’est bien passée aussi, ils ont posé leurs enjeux et leurs objectifs et cela a pu être retranscrit et là on se retrouve face à une campagne bien travaillée avec des visuels.
Vous ne craignez pas que la campagne de communication "Terrasses en péril" lancée par les professionnels ne nuise à la concertation ?
Je regrette clairement cette communication et je la trouve inadmissible de la part de partenaires, qui sont impliqués dans le processus. J’espère qu’on pourra encore travailler de manière constructive par la suite, c’est important pour moi. Après, de là à savoir si cela biaisera la réponse des gens au questionnaire, je ne sais pas. En tout cas ce qui est sûr c’est que cela va créer une mobilisation plus forte si les commerçants incitent leurs clients à participer.
"Je regrette clairement cette communication et je la trouve inadmissible de la part de partenaires, qui sont impliqués dans le processus", Valentin Lungenstrass adjoint en charge des mobilités, de la logistique urbaine et des espaces publics
On vous accuse de proposer une concertation "biaisée", "orientée", destinée à réduire la place des terrasses…
Quand on vous attaque comme ça, ça met des doutes et en relisant le questionnaire [proposé aux Lyonnais dans le cadre de la concertation, NDLR] je ne comprends toujours pas leur réaction. Dans son ensemble, le questionnaire aborde les différents sujets qui sont importants pour les habitants et les professionnels avec différents volets de réponse. Je le trouve équilibré et il nous permettra d’y voir plus clair sur ce que pensent vraiment les Lyonnais.
Concertation sur le règlement des #terrasses à #Lyon
"L'essentiel des questions laisse présager d'un avenir incertain ou très pessimiste pour nos terrasses."@clavel_geoffrey président Cafés & Brasseries du syndicat #Umih du Rhône. #6mnchrono @villedelyon pic.twitter.com/0uUVFiKBHq— Lyon Capitale (@lyoncap) September 8, 2022
Par la suite, il nous permettra de recruter un panel citoyen représentatif pour rentrer dans le détail. Pour l’instant, ça marche super bien, à date [le 13 septembre 2022, NDLR] on a déjà 3200 réponses. On ne s’est pas donné d’objectif, mais après une grosse semaine on peut déjà dire que c’est un succès. On voit bien que c’est un sujet du quotidien des habitants.
Que ce soit clair, est-ce qu’il y a une volonté de la ville de réduire la place des terrasses ?
Non. Ça ne fait pas partie des objectifs de la consultation ou de l’actualisation du règlement des terrasses. On lance cette consultation et on en tirera les conclusions, après si ce sujet monte il faudra que l’on en parle s’il ne monte nous n’en parlerons pas.
"Il y a un an j’avais entendu 22 heures, ça m’avait fait éclater de rire parce que je ne savais pas du tout d’où ça sortait", Valentin Lungenstrass adjoint en charge des mobilités, de la logistique urbaine et des espaces publics
Le bruit circule parmi les restaurateurs que vous voudriez faire fermer les terrasses à 22h30. C’est vrai ?
Des rumeurs circulent depuis un an et sortent de je ne sais où. La dernière en date c’est cette histoire de 22h30, c’est complètement nouveau, je n’avais jamais entendu ça. Il y a un an j’avais entendu 22 heures, ça m’avait fait éclater de rire parce que je ne savais pas du tout d’où ça sortait. Je pense que cette fois ça vient de la charte que nous avions fait avec l’UMIH pour les extensions hivernales exceptionnelles accordées en 2021 pour les terrasses sur stationnement. Leur fermeture était fixée à 22 heures, un horaire d’ailleurs proposé par l’UMIH. Ça me laisse assez perplexe.
Est-ce qu’un aménagement des horaires des terrasses est tout de même sur la table, notamment dans certains arrondissements plus touchés par les nuisances ?
À Lyon, il n’y a pas de situation comparable à celle de certaines villes européennes où on retrouve des épicentres très identifiés comme des lieux de fête sur quelques rues, où il n’y a que des bureaux et des Airbnb. À Lyon nous avons une activité nocturne intense dans le bas des Pentes, sur les péniches et berges du Rhône, dans le Vieux-Lyon, aux Brotteaux, dans le 7e… Il y a une décentralisation de la vie nocturne à Lyon et il faut trouver un équilibre global pour les commerçants et pour nos services chargés de contrôler la mesure.
Qu’est-ce qui vous a poussé à retravailler ce règlement des terrasses ?
Je ne parle pas d’une refonte, mais d’une actualisation, parce que le règlement a déjà pu évoluer à travers le temps. Il n’est pas resté figé et je trouve qu’il fonctionne bien dans son ensemble, il est précis et suffisamment équilibré sur certains sujets.
Néanmoins, en parlant avec les professionnels et la population nous avons vu que certaines questions nécessitaient une concertation, notamment en ce qui concerne les terrasses sur stationnement, la végétalisation, le mobilier, les cheminements piétons, les horaires…
C’est toujours compliqué en tant qu’élu d’avoir une vision représentative de ce que pensent vraiment les gens. Les Lyonnais vont énormément en terrasse et nous avons donc besoin de savoir quelle est leur vision sur la place des terrasses.
La durée d’installation des terrasses sur stationnement pourrait-elle évoluer ?
Aujourd’hui pour les terrasses sur trottoir les commerçants peuvent choisir entre deux options, saisonnière ou annuelle. En revanche, pour les terrasses sur stationnement ils ne peuvent opter que pour la période de mai à septembre. Je suis favorable à l’extension de la durée des terrasses sur stationnement, mais il faut voir quelle option on retient. On pourrait décider d’étendre l’autorisation sur douze mois, mais de temps en temps il faudrait quand même démonter les terrasses pour nettoyer en dessous, c’est une question de salubrité.
"Je suis favorable à l’extension de la durée des terrasses sur stationnement, mais il faut voir quelle option on retient", Valentin Lungenstrass adjoint en charge des mobilités, de la logistique urbaine et des espaces publics
Vous avez prévu de faire des marches exploratoires. En quoi cela consiste ?
L’idée c’est de se promener dans certains coins de la Presqu’île par exemple pour observer notamment l’insertion des terrasses dans le milieu urbain. C’est un vrai sujet qui est souvent évoqué par les professionnels et les habitants. À savoir, comment intégrer les terrasses dans le milieu urbain.
On parle d’une mise en place du nouveau règlement en 2023 ?
Ça va ne pas se faire durant la saison. Le processus de concertation va être finalisé d’ici la fin de l’année et on aura probablement terminé la rédaction de l’arrêté courant 2023, pour une mise en application fin 2023.
POUR ALLER PLUS LOIN
Geoffrey Clavel préside la branche "cafés et brasseries" de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie du Rhône. Il est l'invité de 6 minutes chrono pour évoquer la concertation sur la place des terrasses à Lyon.
"L’essentiel des questions fait ressortir tous les points de nuisances liés à l’activité des terrasses ". Il est bien évident que les résidents du secteur sont souvent outrés du non respect des règles définies: terrasses bruyantes, horaires non respectés, ivresses des derniers clients qui hurlent dans la rue...
Une fois de plus le dictat Khmers à l’œuvre, Prêts à discuter ?? sur des décisions déjà arrêtées.!!
Moins vaillants du coté de la Guillotière pour faire cesser les nuissances.
Valentin Lungenstrass, le St Just de l'espace public !