Malgré les nombreuses critiques lors de la consultation, Lyon est bien en train de remplacer des voies de bus et vélo par des bacs à fleurs et arbustes dans certaines rues de la Presqu'île. Le constat est là : cette végétalisation est potentiellement dangereuse pour certains usagers de la route et inadaptée.
La mobilisation lors de la consultation en ligne n'aura quasiment rien changé au projet de base. La ville de Lyon a bien lancé son projet de végétalisation "Presqu’île nature" en commençant à installer des bacs à fleurs et arbustes sur les voies de bus et vélo de certaines artères entre Bellecour et Terreaux (rues Édouard Herriot, de Brest, Chenavard et Gasparin). Le budget de cette expérimentation qui doit durer 18 mois est de 600 000 euros.
Déjà potentiellement dangereux...
Certains bacs ont déjà été installés rue Édouard Herriot, témoignant d'une possible dangerosité de l'entreprise pour les cyclistes. En effet, la ville a choisi de ne pas toucher la voie réservée aux véhicules individuels, ni à une grande partie du stationnement, supprimant au final la voie de bus qui est également utilisée par les cyclistes.
Voitures, SUV, camions de livraison, deux roues motorisés, trottinettes, cyclistes, bus de la ligne S1 (2,33 m de largeur)... se retrouvent ainsi tous sur la même voie de 3,5 mètres de large. Les passagers des bus se retrouvent donc coincés dans les bouchons ou derrière les camions de livraison, ne bénéficiant plus de l'efficacité d'une voie dédiée.
Les voitures collent déjà les cyclistes
Par ailleurs, selon nos constatations, ce jeudi 12 septembre, il faut avoir le cœur bien accroché pour faire du vélo sur la rue Herriot, les voitures qui tentent des dépassements frôlent les cyclistes et ne respectent pas la distance minimale d'un mètre. Le plus sûr pour les usagers vélo reste encore de circuler au milieu de la voirie, mais ils se heurtent alors à des automobilistes qui les collent, et s'agacent parfois d'être ralentis. La zone est limitée à 30 km/h, mais cela n'est clairement pas respecté. À la fin du chantier, un double sens cyclable sera également créé et les usagers vélo auront la possibilité d'emprunter la rue en sens inverse. À voir ce que cela donnera à l'usage et si cette bande au sol ne servira pas d'extension à la voie principale.
Dans ce contexte, tous les ingrédients sont donc réunis pour voir apparaître des conflits d'usage, et certains cyclistes espèrent désormais qu'il n'y aura pas un accident grave sur le secteur. Le plus grand risque est de les voir déserter Herriot pour prendre la rue de la République, avec une possible gêne pour les piétons. Dans un message adressé à Gérard Collomb via les réseaux sociaux, l'association La Ville à Vélo demande ainsi au maire de Lyon "où faut-il circuler maintenant", tout en ajoutant "oui à la végétalisation, non à la suppression des voies cyclables".
Des futures poubelles végétalisées ?
Alors qu'ils sont à peine installés, certains bacs servent déjà de cendrier urbain. Vont-ils finir par se transformer en "poubelles végétalisées" ? C'est le risque. De même, placés sur pieds, ils présentent ainsi l'espace idéal pour voir quantité de détritus rouler et stagner dessous.
Reste l'ultime question vont-ils au moins servir à rafraîchir la ville ? Là encore la réponse n'est pas en leur faveur. Interrogée en août, Marjorie Musy, docteure en génie civil et directrice de recherche au Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema), confiait : "Si les plantes qu’ils mettent dans ces bacs à fleurs peuvent créer de l’ombrage, pourquoi pas. En revanche, s’il n’y a pas d’effet d’ombrage, l’impact risque d’être très limité. Mais de toute façon, on ne peut pas mettre de grands arbres dans ces bacs, tout au plus des arbustes. L’ombrage sera donc forcément restreint. Le confort sera sans doute plus de l’ordre du ressenti des passants, mais les bacs n’auront quasiment aucun effet sur le rafraîchissement des rues".
Un futur symbole ?
À l'heure actuelle, le projet semble avoir surtout été pensé pour faire de belles photos de communication et se parer d'une forme de conscience verte. Néanmoins, les images réalisées sur le secteur d'Herriot tendent à montrer l'absurdité de la chose, encore plus avec des panneaux "voies de bus" qui sont toujours là. Lyon voulait son exemple de végétalisation qui aurait pu participer à son rayonnement, c'est bien l'exemple de tout ce qu'il ne faut pas faire qui pourrait finir par émerger en presqu'île.
il y a pourtant une solution simple : interdire les piétons et réserver les trottoirs aux vélos...
La meilleure solution est de progressivement interdire la circulation automobile sur la plupart des rues de la presqu'ile ainsi que cela se fait dans de nombreux pays (Italie, Grande Bretagne, Allemagne...)
on est en train de dépenser un pognon de dingue pour un truc rendant la rue dangereuse, inefficace quant à son intention d'apaiser le traffic, condamné à court terme car pas viable ( les détritus qui vont pourrir sous les bacs, réserve pour les nuisbles ; végétaux à l'étroit dans des bacs qui vont servir de poubelles ; végétation parcimonieuse ne remplissant pas ou mal son rôle ), qu'il faudra refaire d'une toute autre façon , plus ambitieuse et plus audacieuse aussi ( interdire la circulation en zone presqu'ile , sauf bus et vélo )
On enlève ces bacs qui ne servent à rien, on laisse la circulation telle quelle le matin et le soir (livraison, etc...) et on rend la presqu’île piétonnière tous les après-midi en interdisant tous les véhicules particuliers de 10h à 17h sauf quelques voies traversantes ?
Les villes qui transforment leur centre ville piétonnier ne le regrettent jamais. Donc il est temps de bannir ces engins de la mort et de les réserver là où il n'y a aucune alternative.
Que fait la directrice de l'écologie urbaine de la ville. Sur le plan biodiversité, tout ce qu'il ne faut pas faire.
Bien d'accord avec cet article, tout est résumé ! Cette action municipale ne sert qu'à bien se faire voir, mais surtout à dégoûter encore plus les réticents et affaiblir l'argumentation des partisans de la végétalisation (et de la piétonnisation !) qui se retrouvent dans le camp des punisseurs (une fois n'est pas coutume)