En juillet 2019, Oullins devenait la première commune de la Métropole à rouler à 30. En inversant la logique de vitesse dans sa ville, la maire, Clotilde Pouzergue (LR), souhaitait sécuriser les déplacements des habitants. Depuis, d’autres communes ont sauté le pas et certaines comme Lyon ne vont plus tarder. Pour LyonCapitale.fr, Clotilde Pouzergue décrypte "sa" ville 30 d’Oullins.
Rouler à 50 en ville est la norme dans la majorité des communes de la Métropole, mais à Oullins la logique a été inversée il y a un peu plus de deux ans. En juillet 2019, la maire de la ville, Clotilde Pouzergue (LR), a décidé de faire de 30 km/h la norme sur les routes de sa commune et de 50 l’exception.
Depuis l’arrivée de la majorité écologiste aux commandes de la Métropole de Lyon, la mesure initiée à Oullins a fait des petits parmi les 59 communes du territoire. Une transition pour laquelle pousse la collectivité, qui "aimerait bien que les 2/3 des habitants de la métropole résident sur une commune à 30 km/h", d’ici la fin du mandat, comme nous le confiait Fabien Bagnon, le vice-président de la Métropole à la voirie et aux mobilités actives.
"Inverser la logique" à Lyon
Après Oullins, Poleymieux-au-Mont-d'Or, en début d'année 2021, ou encore Fontaines-Saint-Martin au début de l’été et prochainement la Mulatière, ce sera au tour de Lyon, au printemps 2022, de sauter le pas. "La ville 30, pour rappel, c'est inverser la logique. Se dire, 30km/h, c'est la base en ville. Et quelques axes, des grands axes, sélectionnés qui restent à 50 km/h", nous expliquait ainsi Valentin Lungenstrass, l’adjoint au maire de Lyon aux mobilités, il y a quelques mois.
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Toutefois, la Ville 30 interroge beaucoup et suscite l’inquiétude, voire l’ire de certains automobilistes. Entre le besoin de sécurité, les contrôles, les aménagements urbains ou encore la pollution, Clotilde Pouzergue décrypte pour lyoncapitale.fr "sa" Ville 30 d’Oullins.
Lyon Capitale : Oullins est passée en ville 30 il y a deux ans, quelle était la réflexion derrière cette décision ?
Clotilde Pouzergue : Plusieurs facteurs nous ont fait réfléchir. Le premier étant la vitesse excessive, un sujet qui revenait de manière récurrente dans le discours des habitants. 70% de nos voiries étaient déjà limitées à 30, mais certaines passaient de 30 à 50 puis de nouveau à 30, parfois il n’y avait pas vraiment de logique. De plus, nous avons un petit territoire de 440 hectares avec une forte concentration de groupes scolaires, de collèges, de lycées, etc. il y avait donc un besoin de sécuriser ces espaces. À cela, il faut ajouter le passage du centre-ville en zone 30, initié dès 2014 avec l’arrivée du métro.
"Ce n’est pas du tout un dispositif anti-voiture."
Mis bout à bout, tous ces facteurs ont faits qu’à un moment donné nous avons décidé de marquer le coup. Je voulais que l’on se dise : "À Oullins, il faut lever le pied partout !". En plus, honnêtement, la grande rue d’Oullins, qu’on la prenne à 50 ou à 30 on gagne 20 secondes, d’autant qu’à 30, en cas d’accident, les risques sont moins importants pour les piétons et les usagers de mode doux.
La ville 30 ce n’est pas juste un dispositif anti-voiture, l’idée est aussi de répondre aux modes de déplacement sur la commune ?
Vous me permettrez de tourner la phrase autrement, pour moi, ce n’est pas du tout un dispositif anti-voiture. Je l’ai toujours dit. Je pars du principe que plutôt que d’empêcher les automobilistes de circuler, il faut s’interroger sur le partage de la voirie. À 30, la voirie se partage et l’automobiliste ne devient plus prioritaire comme il a l’habitude de l’être partout.
"À 30, la voirie se partage et l’automobiliste ne devient plus prioritaire comme il a l’habitude de l’être partout."
Je pense que plus les cyclistes se sentiront en sécurité, plus les personnes auront tendance à utiliser leur vélo et donc forcément il y aura moins de voitures. Pour autant, cela n’empêche pas les automobilistes d’utiliser leurs voitures. En revanche, qu’ils soient légèrement contraints avec la limitation à 30, oui. Même si à Oullins j’estime que cela tient plus du raisonnable que de la contrainte.
Au quotidien, les habitants ont-ils l’impression de voir une amélioration ?
Les associations de cyclistes et de piétons ont effectivement l’impression que ça roule un peu moins vite et qu’il y a un plus grand partage de la voirie. C’est important parce qu’à Oullins on ne pourra pas faire de miracles. On reste dans une ville assez ancienne avec des voiries très contraintes, et à moins de démolir des immeubles on n’arrivera pas à faire des pistes cyclables partout. Pour moi, le plus fragile reste le piéton, donc, lorsque l’on travaille sur des aménagements de voirie, on élargit surtout les trottoirs. C’est la priorité numéro un.
Est-ce que cela a entraîné une modification du plan de circulation ?
Le fait d’avoir fait passer Oullins en zone 30 s’inscrit dans une démarche plus globale, qui concerne notamment le centre-ville puisque l’on va avoir une nouvelle station de métro sur la place de l’Église. Du coup, effectivement, cela s’accompagne d’une réflexion sur le schéma de circulation.
"À Oullins on ne pourra pas faire de miracles. On reste dans une ville assez ancienne avec des voiries très contraintes, et à moins de démolir des immeubles on n’arrivera pas à faire des pistes cyclables partout."
Après sur la ville en général nous avons surtout fait des aménagements en installant des chicanes, des dos-d’âne et nous continuons à le faire. Dans les rues à sens unique nous avons aussi développé le fait d’avoir des cycles dans l’autre sens, mais c’est le code de la route, je n’invente rien.
Aujourd’hui, combien de routes sont encore à 50 km/h ?
Il y en a très peu, c’est surtout des entrées de ville. [Il ne reste plus que 2,5 km de voiries limitées à 50km/h à Oullins, sur les 49 km que compte la commune, NDLR]. De mémoire sur la rue Émile-Zola lorsque l’on arrive de Sainte-Foy il y a une portion qui est à 50 jusqu’au pont Blanc. En arrivant par le pont d’Oullins la vitesse est limitée à 30, en revanche lorsque l’on repart, en direction de La Mulatière, on circule sur deux voies et là on est à 50. C’est aussi un problème de réalité, à certains endroits si l’on roule à 50 c’est déjà formidable.
La Métropole de Lyon pousse pour inciter les communes à passer à 30, vous avez été soutenue dans la démarche ?
Oui. Ce que je voulais à l’époque c’est que ce ne soit pas un coup de com’, ça ne m’intéressait pas. Ça n’a pas été aussi puissant que ce que j’aurai voulu, parce qu’il fallut plusieurs mois pour réaliser les aménagements nécessaires et poser le marquage au sol dans toute la commune.
Le budget annuel alloué à la commune n’a pas été augmenté suite à notre décision de passer en zone 30, en revanche nous continuons de travailler avec la Métropole pour obtenir des aménagements aux endroits où l’on sent que la vitesse est encore trop excessive.
"Quand on a l’ambition au niveau métropolitain de vouloir faire des choses fortes, en termes de sécurisation, il ne suffit pas de dire on va passer à 30 partout."
Pour Fabien Bagnon, le vice-président à la Métropole en charge de la voirie, la ville 30 permet de redonner la priorité aux piétons, c’est le cas ?
Effectivement, mais je pense que si les élus métropolitains ont cette ambition-là il faut qu’ils mettent les moyens. À Oullins, par an, je reçois environ 80 000 euros pour la voirie afin de faire des passages piétons, des dos-d’âne, installer des potelets… Pour vous donner un ordre d’idée, lorsque l’on crée ou que l’on refait un passage piéton cela coûte à peu près 30 000 euros.
Les aménagements de voirie coûtent cher, donc si l’on veut être très ambitieux et que ce ne soit pas qu’un coup de com’ il faut mettre les moyens pour aider les communes à aménager leur ville. Je ne me plains pas, on a un budget qui est ce qu’il est.
Mais quand on a l’ambition au niveau métropolitain de vouloir faire des choses fortes, en termes de sécurisation, il ne suffit pas de dire on va passer à 30 partout. Si derrière il n’y a pas les finances pour mener les aménagements demandés par les communes, je trouve que c’est dommage. C’est nous qui sommes sur le terrain, on ne travaille pas avec Google Earth et des statistiques sur les accidents, on connaît les endroits qui mériteraient un travail important.
"On a acheté un radar sanction. Pour l’instant les consignes de la police municipale c’est de verbaliser les très grands excès de vitesse."
Aujourd’hui, la grande difficulté reste de faire respecter cette zone 30, qu’est-ce qui a été mis en place à Oullins ?
Nous avons acheté des radars pédagogiques, ce sont des outils très utiles. Ils sont mobiles donc on peut les déplacer lorsque des habitants nous signalent qu’à tel endroit les véhicules roulent trop vite. Lorsqu’ils s’allument, on voit tout de suite la vitesse des automobilistes baisser, ils lèvent le pied.
Plus récemment, au mois de juillet, on a acheté un radar sanction [des jumelles, NDLR]. Et nous sommes plutôt surpris parce qu’il y a finalement assez peu de personnes qui roulent à des vitesses très excessives. Pour l’instant les consignes de la police municipale c’est de verbaliser les très grands excès de vitesse. Quand on roule au-delà de 50 dans des zones 30, ce n’est pas acceptable. En revanche, lorsque c’est encore acceptable, que cela relève plus de l’inattention, nous continuons à faire de la pédagogie.
Une paire de jumelles pour une ville de près de 26 000 habitants ce n’est pas trop peu ?
C’est déjà pas mal. Il n’y a pas beaucoup de communes qui ont des jumelles, c’est assez rare. On travaille aussi sur les feux rouges, où nous avons installé de la vidéo verbalisation, parce que, au-delà de la vitesse, beaucoup d’usagers ont tendance à ne pas les respecter.
Concernant l’installation de radars fixes, ce n’est pas de mon ressort. Aujourd’hui, je ne pense pas que le préfet accepte d’en installer un à Oullins. Ils sont déployés sur des routes très accidentogènes, ce qui n’est pas le cas sur la commune.
"Le combat du 30 n’était pas un problème de pollution."
Il est parfois pointé du doigt que rouler à 30 polluerait plus qu’à 50, même si les études restent controversées, c’est un mal pour un bien ?
Pour nous, le combat du 30 n’était pas un problème de pollution, d’autant plus que je ne suis pas certaine que l’on pollue moins. Et effectivement, c’est très controversé, on voit beaucoup d’études sortir qui se veulent toutes plus juste les unes que les autres donc ce n’était pas un critère pour moi.
On parle beaucoup également d’apaiser la ville des nuisances sonores. Elles sont désormais moins importantes à Oullins ?
C’est certain que lorsqu’il y a des embouteillages ou des rodéos il y a des nuisances sonores. Après est-ce que le fait de passer de 50 à 30 a amélioré les nuisances sonores, sans doute un petit peu, mais je pense que pour le coup c’est un peu à la marge. Mais ce n’était pas la priorité, pour moi c’était vraiment la sécurité.
"Les maires connaissent bien leur territoire, il faut leur faire confiance. À Lyon, par exemple, la règle va devenir 30, mais il y aura aussi de nombreux endroits où cela n’aura pas de sens et il faudra laisser la vitesse à 50."
Lyon et d’autres communes de la Métropole vont sauter le pas, est-ce que vous avez été consultée sur le sujet ?
Non, à part par les journalistes. Je n’ai pas été consultée sur la démarche ou pour dresser un bilan, mais peut-être que cela viendra. Après, attention, quand on dit que l’on est ville 30, 30 devient la règle et 50 l’exception. Donc ça ne veut pas dire que toute la ville doit passer à 30, à Oullins c’était opportun de l’appliquer sur quasiment toute la ville, parce que nous avons un petit territoire.
Les maires connaissent bien leur territoire, il faut leur faire confiance. À Lyon, par exemple, la règle va devenir 30, mais il y aura aussi de nombreux endroits où cela n’aura pas de sens et il faudra laisser la vitesse à 50.
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Vous avez été précurseur sur le sujet dans la Métropole, aujourd’hui quel est le sentiment en voyant que cela touche d’autres communes ?
Si partout dans la Métropole ces zones 30 se développent, j’en serai la première ravie. À l’époque, j’étais très fière de dire que l’on était la première ville de la Métropole à le faire. Cela avait interrogé, mais je ne le faisais pas pour les autres. Si des maires adoptent la démarche, tant mieux. Car l’objectif c’est de gagner en sécurisation sur nos communes.
30 kmh ça va beaucoup trop vite!!pourquoi ne pas essayer 20. Incapables de faire respecter le 50 , mais ceci leur permettra de verbaliser d'avantage .Pour automobiliste lambda c'est le retrait du permis assuré à courte échéance. Ceux qui prennent ces décisions ont voiture de fonction , souvent avec chauffeur.
Quand on sait à quelle vitesse roulent en moyenne les automobilistes en ville (ceci depuis des décennies), 30 km/h ce serait déjà le rêve pour eux ! 😀
Allez, hop, à vélo. ça fait du bien pour le portefeuille, pour la santé, et pour le taux d'agressivité qui baissera de manière importante 🙂
Une bonne idée, il suffit de dépolitiser le débat pour s'en rendre compte.
Deux commentaires idiots mais dont la provenance n'étonnera pas.
Et une insulte supplémentaire de votre part, qui là aussi n'étonnera personne venant de vous, défenseur des 30 glorieuses/calamiteuses.
La prochaine fois, au lieu "d'idiots", dites "erronés" ou "aux éléments inexacts", et accompagnez de cette conclusion par des arguments.
Car c'est bien beau de répéter "je ne parle pas aux imbéciles, ça les instruits", mais la fameuse France ne s'est pas construite sur des insultes ni sur un nivellement par le bas des connaissances, mais l'inverse. L'inverse de ce que vous écrivez. 🙂