Suite à une étude de la CGT qui indique que la plupart des offres d'emploi dans la Métropole de Lyon diffusées sur le site de Pôle emploi seraient illégales, Thierry Mauduit, responsable régionale du service aux entreprises pour Pôle Emploi répond aux questions de Lyon Capitale.
Lyon Capitale : Une étude menée par la CGT estime que 61% des offres d'emploi proposées sur le site de Pôle Emploi dans la métropole de Lyon seraient illégales. Avez-vous eu accès à cette étude ?
Thierry Mauduit : L'établissement contredit les chiffres de la CGT. Les offres affichées comme illégales par l'étude de ce syndicat ne le sont pas et sont tout à fait communicables sur pôle emploi.fr. Je prends l'exemple des offres de reprise d'activité que nous diffusons pour éclairer les personnes qui ont des projets de création d'activités. La CGT, a priori sur cette pratique, a stigmatisé à plusieurs reprises ces offres de reprise d'activité alors que ce sont des offres qui sont bien légales.
Comment le site de Pôle Emploi vérifie-t-il a priori les annonces postées sur son site par les entreprises ?
L'entreprise qui diffuse son offre sur pole-emploi.fr doit d'abord avoir créé un compte et ce dernier sera certifié par un conseiller pour s'assurer qu'il n'y ait pas de fraudeurs qui créent un état de recrutement alors qu'il n'y a pas d'entreprise derrière. Une fois ce compte créé et certifié, l'entreprise peut appeler Pôle Emploi pour diffuser une offre, qui sera détaillée le plus possible. Mais l'entreprise a aussi la possibilité de déposer directement son offre sur le site, ce qui peut faire que l'offre peut être moins précise sur le lieu d'exercice, le type de contrat ou sa durée. Dans ce processus, les offres ne sont validées qu'après avoir été vérifiées par des algorithmes qui contrôlent la légalité ou la présence dans le contenu de l'offre de mots à caractère agressif, discriminatoire, etc. Si c'est le cas, l'offre est bloquée et un conseiller appelle l'entreprise pour voir avec elle et renégocier son offre. Si l'entreprise refuse, l'offre ne sera pas diffusée.
Les algorithmes peuvent en revanche laisser passer des offres plus que douteuses, comme le montre l'enquête publiée sur lelanceur.fr à propos d'une annonce pour devenir "masseuse nudiste". Y a-t-il des vérifications faites après la mise en ligne par des agents de Pôle Emploi ?
Avec plus de 600 000 offres en ligne en France, il est difficile d'aller chercher au hasard des offres qui n'auraient pas leur place sur le site donc théoriquement, nous ne contrôlons pas a posteriori. Sur pôle-emploi.fr, il y a deux types d'offres diffusées : celles gérées et diffusées par Pôle Emploi et celle de ses partenaires comme Vivastreet, Viadeo ou l'Apec. Nous avons une centaine de partenaires qui ont leurs propres algorithmes de vérification avant d'être diffusées sur le site de Pôle Emploi. Malgré cela, il arrive effectivement que des offres douteuses passent au travers du contrôle fait par les algorithmes.
Lorsqu'un demandeur d'emploi se trouve face à des annonces douteuses, doit-il le signaler à Pôle Emploi ? Comment se fait-il que même lorsque ces annonces sont signalées elles puissent rester plusieurs mois sur le site ?
À partir du moment où un demandeur d'emploi se rend compte qu'une offre paraît suspecte, douteuse ou illégale, un bouton lui permet tout de suite d'alerter. À ce moment-là, un conseiller est informé et peut décider de mettre l'offre en suspension si elle est gérée par Pôle Emploi. Dans le cas où il s'agit d'une offre d'un partenaire, nous ne pouvons pas la suspendre, mais nous informons le partenaire en question qu'il a tout intérêt à intervenir sur cette offre auprès de l'entreprise qui la diffuse sur son site.
Ce système de contrôle par les algorithmes est-il suffisant pour estimer que derrière les 600 000 offres d'emploi sur le site se trouve un vrai travail ?
En Auvergne-Rhône-Alpes, plus de 400 000 personnes ont retrouvé un emploi grâce aux offres diffusées sur le site de pôle-emploi sur l'année 2016, donc oui, ces offres peuvent représenter pour les demandeurs d'emploi une vraie reprise d'activité. Je ne peux pas être responsable de ce que diffuse un partenaire, mais si j'estime qu'il le faut, j'interpelle ce partenaire. Dans le cas de problèmes récurrents avec des offres qui ne sont pas en cohérence avec notre déontologie, nous pouvons aussi décider de ne plus être en interaction avec lui et de suspendre sa diffusion. Nous nous devons, vis-à-vis des personnes en situation de précarité, de ne pas diffuser ni d'offres illégales ni d'offres frauduleuses. Nous sommes très vigilants sur ce point, car il est vrai que les offres frauduleuses, au niveau national, ne représentent pas seulement 1 ou 2 % du total. Nous ne disons pas tout en terme de sécurité, car justement, nous travaillons au quotidien sur des systèmes qui nous permette d'améliorer la sécurisation du dépôt des offres d'emploi pour que le site de Pôle Emploi ne soit pas exploité par des fraudeurs.
A l'heure d'internet, de la géolocalisation et des appli smartphones, Pole Emploi a-t-il encore une raison d'exister ?