ENTRETIEN - Mondialement reconnu depuis 2005, Lyonbiopôle vient d'être classé ''très performant'' lors des évaluations nationales des pôles de compétitivité (lire ici). Du diagnostic au vaccin, la lutte contre le cancer et les maladies infectieuses est la spécialité du centre. Mais plus pour longtemps. Philippe Archinard, son président, dévoile à Lyon Capitale la future identité du pôle et les enjeux à venir.
Lyon Capitale : Le résultat des évaluations était-il prévisible pour vous ? Outre un certain prestige, que vous apporte-t-il concrètement ? Des fonds ?
Philippe Archinard : Cela peut paraître arrogant, mais effectivement, on s'y attendait. Ce n'est pas la première évaluation, et nous avons moult interactions avec l'État. Aujourd'hui, nous ne connaissons pas les budgets qui seront alloués aux pôles qui marchent bien. Nous ne sommes pas fixés sur la stratégie du nouveau gouvernement. Tous nos interlocuteurs estiment que la politique des pôles de compétitivité est importante, mais des questionnements subsistent. Par exemple, doit-on conserver une tutelle nationale, plutôt que régionale? Nous devons prochainement proposer un nouveau contrat d'objectifs à l'État. Mais pour finaliser notre stratégie d'évolution, nous avons besoin de visibilité sur les outils que nous aurons.
En réaction à ce classement, vous avez évoqué la création d’une ''filière santé'' en Rhône-Alpes, qui ferait de Lyonbiopôle un ''guichet unique'' pour les PME. Comment ce projet peut-il se concrétiser et à quel terme?
Dans la région, de nombreuses structures se targuent d'innovation et de soutien au développement des PME, ce qui crée un millefeuille peu lisible et peu efficace. Cela coûte de l'argent aux collectivités et nuit à l'image internationale. Or, nous avons constaté que notre champ thématique était relativement restreint : microbiologie, infectiologie... L'idée est donc venue de couvrir la filière santé au sens large. Lyonbiopôle sera la structure qui centralise les financements de projets, les recherches de partenariats, le développement à l'international... Normalement, nous pourrions afficher cette nouvelle identité dès le début 2013.
Quels sont les obstacles principaux que vous rencontrez, ou pourriez rencontrer, dans votre processus de développement ?
Comme souvent, il s'agit d'un manque de moyens humains et financiers. Quand vous êtes financé par le Grand Lyon et la Région, c'est compliqué d'avoir les subventions. Il est pénible d'effectuer toutes les démarches administratives, on a parfois le sentiment que les choses pourraient avancer plus vite. A moyen terme se posera aussi la question de notre capacité à attirer et à retenir des gens talentueux, qui viennent du privé. Comment pérenniser Lyonbiopôle, sans les gens qui y travaillent à temps plein ?
Dans vos remerciements, vous avez salué les organisations académiques et les universités de Lyon et de Grenoble. A quel niveau peut-on envisager un partenariat plus poussé avec ces structures?
Il est vrai que nous n'avons pas eu suffisamment de relations structurées avec les institutions comme l'université de Lyon. C'est en train de changer. Nous avons commencé à nous rapprocher des HCL (Hospices Civils de Lyon, Ndlr) en recrutant un chercheur académique et en nous impliquant dans leur stratégie de recherche. Tous ces rapprochements seront d'autant plus faciles si nous devenons une filière santé à part entière. Il nous faut un écosystème académique performant, avec ce souci d'excellence de la recherche universitaire. Ce critère est fondamental pour le développement des entreprises.