Lyonnais de New York : Christine McGurr, de Radio Bellevue aux Clash

Lyonnais d'origine, ils vivent à New York depuis quelques mois voire plusieurs dizaines d'années. Pourquoi sont-ils partis, que font-ils là-bas, sont-ils nostalgiques des quais du Rhône, comment voient-ils Lyon aujourd'hui... Autour de l'association Les Lyonnais de New York, Lyon Capitale a été à leur rencontre. Deuxième portrait.

Lyon, 1979. Christine McGurr, dite CC, est animatrice à Radio Bellevue tout en poursuivant ses études à Sciences Po. “C’était vraiment la belle époque. Lyon était une ville bourgeoise, tout le monde s’éclatait. La scène musicale était incroyable”, se rappelle-t-elle, nostalgique. Assise dans son magasin de vêtements vintage à Brooklyn – Fille de Joie –, CC semble bien loin de ces années révolues. Comment une jeune journaliste lyonnaise se retrouve-t-elle, trente ans plus tard, à la tête d’une boutique de vêtements dans le quartier le plus branché de New York ?

Pour suivre Leonard

Tout a commencé avec l’avènement des radios libres. À l’époque, Europe 1 veut rajeunir ses animateurs pour contrer les dizaines de stations qui se créent chaque mois. À la fin d’un concert, CC est abordée par un recruteur. Quelques semaines plus tard, la Lyonnaise monte à Paris et se retrouve à l’antenne tous les week-ends. “J’animais aussi une émission érotique la nuit !” glisse-t-elle, un sourire en coin. Les années 1980 sont aussi celles du début de la culture hip-hop. Europe 1 organise alors une tournée en France pour de nombreux artistes américains. Parmi eux, Leonard McGurr, plus connu aujourd’hui sous le pseudonyme de Futura 2000, l’un des plus célèbres graffeurs américains.

Une rencontre en studio plus tard, CC part vivre à New York, à seulement 23 ans. Celui qui deviendra son mari l’entraîne alors sur une tournée des Clash, avec qui il travaillait. “Il était ami avec Jean-Michel Basquiat, Keith Haring… À mon âge, c’était incroyable ce qui m’arrivait.”

“Le vintage, c’est l’avenir !”

Mère au foyer, elle continue néanmoins à écrire pour le magazine culturel américain Paper Mag et crée des lignes de vêtements. C’est ainsi qu’elle ouvre, au début de l’année 2007, un magasin de vêtements vintage dans le quartier le plus tendance de New York, Williamsburg. “Quand je me suis installée ici, c’était encore un quartier malfamé. Je suis venue avant tous les autres car je savais que le vintage, c’est l’avenir ! Aujourd’hui, tout le monde fait ça.”

Cette vie imprévisible qui l’a conduite des studios de Radio Bellevue à une boutique à New York, Christine l’évoque avec plaisir, sans la moindre nostalgie. Pour preuve, cela fait huit ans qu’elle n’est pas rentrée à Lyon. Et, si elle reste curieuse à l’idée de voir les berges du Rhône, CC n’éprouve pas le besoin de rentrer en terre natale. La terre inconnue, c’est toujours ce qui l’a guidée.