Michel Lussault est géographe et dirige l’École urbaine de Lyon, née d’une volonté du Gouvernement d’investir dans des questions scientifiques majeures, porteuses d’enjeux sociaux fondamentaux.
Lyon Capitale : Qu’est-ce que l’anthropocène, que votre programme entend étudier ? Michel Lussault : C’est une nouvelle époque dans l’histoire de l’occupation de la planète par l’espèce humaine, qui correspond au moment où nous réalisons que nous sommes devenus une force biophysique qui dérègle, qui bouleverse les équilibres, à la fois locaux et globaux. Il y a un profond paradoxe des politiques qui, d’un côté, semblent en avoir pris conscience – Édouard Philippe parle de “collapse” (effondrement, en anglais) dans son discours de politique générale – et de l’autre sont très court-termistes… Vous avez raison d’insister sur ce paradoxe, qui n’est pas nouveau mais existe depuis une bonne trentaine d’années : nous prenons chaque jour un peu plus conscience de l’importance du changement environnemental global, des conséquences qu’il aura sur nos conditions de vie, de la nécessité de faire évoluer nos manières de vivre et nous constatons chaque jour un peu plus le retard de décision de la plupart des pouvoirs publics à l’échelle mondiale. Pourtant, la science a alerté depuis longtemps sur l’importance de ce qui nous arrive. Crise politique, crise financière, crise sociale, crises alimentaires… Les crises sont omniprésentes dans nos sociétés. Et elles inquiètent. Pour autant, une crise est passagère. On se dit : c’est pas bien méchant, ça va passer. Cet effet d’habituation à la crise ne nous condamne-t-il pas à l’inaction ?Il vous reste 82 % de l'article à lire.
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