Elles n'ont eu que 180 secondes, et pas une de plus, pour présenter leur sujet de recherche, en français et en termes simples, à un auditoire profane et diversifié. Deux des trois lauréates de la finale régionale lyonnaise représenteront l'Université de Lyon, la semaine prochaine, lors de la demi-finale nationale, à Paris.
Trois minutes chrono pour résumer des années de recherche étalées sur des centaines de pages. Pas simple. Pour corser la chose, on vous met sur une scène, projos chauffés à blanc, devant 300 personnes sagement installées dans un amphi, avec, au premier rang, le président de l'Université de Lyon, Khaled Bouabdallah, et Frédéric Faure, délégué régional du CNRS Rhône Auvergne. Complexe.
Complexe, comme les sujets de thèse des candidats. Au hasard cette année : "Dynamique structurale de l'interaction laser ultrabref-solide à l'échelle atomique par des méthodes ab initio" ou "Rôle du canal calcique ITPR2 et des membranes associées aux mitochondries (MAMs) dans la régulation de la sénescence cellulaire".
Jeudi soir, chacun des 14 candidats (8 filles, 6 garçons), pré-sélectionnés pour cette finale régionale du site universitaire Saint-Etienne-Lyon, avait donc 180 secondes - pas une de plus - pour convaincre le public venu, encore une fois, très nombreux (les 300 places se sont arrachées en moins de dix jours).
Sur les 14 candidats, seuls 2 d'entre eux pouvaient bénéficier d'un ticket pour la demi-finale nationale, qui se déroule la semaine prochaine à Paris.
Le Prix du public a été remis à Noëlle Remoué, de l’université Claude Bernard Lyon 1, École doctorale EDISS pour son exposé sur l' "Étude de la cicatrisation des plaies diabétiques neuropathiques, dans un modèle animal". L'objet de sa thèse : "mieux comprendre les interactions cellulaires et moléculaires dans la peau au cours de la cicatrisation d’un ulcère de pression, et identifier ce qui est perturbé avec le diabète et la neuropathie périphérique qui y est associée, et selon le degré d’atteinte neuropathique."
> Voir sa vidéo ici.
Le jury était composé de Valérie Castellani, directrice de recherche CNRS à l’Institut NeuroMyoGène, Karima Benelhadj, coordinatrice de "Pint of Science" Lyon, Benjamin Ménard, maître de conférences à l’université Jean-Moulin Lyon 3, Jean Yves Cavaillé, professeur émérite à l’Insa de Lyon Tohoku University (Japon) et l'auteur de ces lignes, représentant Lyon Capitale, partenaire média de l'événement.
Le 3e prix a été attribué à Eleonore Mathis de l'université Claude Bernard Lyon 1, Laboratoire Polymères et Matériaux Avancés UMR 5268, CNRS/Solvay, pour son "Étude des mélanges thermodurcissables/thermoplastiques pour application composites. Contrôle des morphologies en relation avec les propriétés mécaniques." L'objet de sa thèse : "les matériaux composites sont utilisés depuis des années dans les domaines de l’automobile ou de l’aéronautique. J’étudie particulièrement la matrice qui est un plastique thermodurcissable modifié par un thermoplastique qui améliore ses propriétés mécaniques. Je cherche à déterminer les paramètres qui vont influencer la structure finale du matériau."
> Voir sa vidéo ici.
Le 2e prix est revenu à Noëlle Remoué, distinguée quelques minutes plus tôt du "Prix du public".
Quant au 1er prix, le jury a choisi Amira Saoudi de l'université Claude Bernard Lyon 1 pour sa thèse "Étude des phénomènes de mécanoluminescence dans les fibres textiles". l'objet de sa thèse : "je m’intéresse à un certain type de luminescence qu’on appelle de l’élastico-mécanoluminescence. C’est un phénomène où une lumière est émise par un solide lorsque ce dernier a subi une déformation. J’essaye de déterminer l’origine exacte du mécanisme qui en est responsable."
> Voir sa vidéo ici.
Le président de l'Université de Lyon : "lutter contre les obscurantismes"
"Ma thèse en 180 secondes" est l'un des événements annuels majeurs de la culture scientifique régionale. Cela remet l'église au centre du village, pour ainsi dire. "Une opération comme "Ma thèse en 180 secondes" valorise le rôle de la science dans la société, a rappelé Khaled Bouabdallah, le président de l'Université de Lyon. Et c'est d'autant plus estimable à une époque comme la nôtre, où on observe une défiance autour du rôle la science, ce qu'elle apporte. Il faut que les chercheurs dialoguent avec la société pour faire aimer la science car c'est le moteur du progrès humain et du bien-être de la société. La science permet de lutter contre les obscurantismes."
Frédéric Faure, délégué régional du CNRS Rhône Auvergne, a, lui aussi, reconnu cette "belle opération de pub" de "Ma thèse en 180 secondes" "qui valorise nos labos et la science sur le territoire".
Permettre de mieux comprendre les paradigmes de la science à venir, donner les clés de compréhension des enjeux scientifiques de demain, voilà le sens même de cet événement de vulgarisation scientifique à nul autre pareil. Comme une société sans culture se meurt, une société sans science dépérit.