Comment le “beau-gosse de chez Rothschild qui s’imagine comme l’homme providentiel” a sélectionné la “personnalité susceptible d’enflammer [sa] candidature et de rallier nos élites sur le chemin qui [le] conduira au pouvoir”, l’homme “le plus charismatique du territoire national”…
Lors de la dernière réunion des “gars qui adorent se poiler entre deux bouchées”, nous avons pris les premières mesures du costume d’Emmanuel Macron, le banquier multidiplômé dont tout le monde parle. Ainsi donc, le beau-gosse de chez Rothschild ne blaguait pas, il s’imagine bien comme l’homme providentiel. La preuve ? Pour réaliser son objectif, Manu s’est de suite posé la bonne question (un pro, un militaire qui respectera toujours le business plan) : “Quelle est donc la personnalité susceptible d’enflammer ma candidature et de rallier nos élites sur le chemin qui me conduira au pouvoir ?”
Il s’agissait ni plus ni moins de trouver l’homme le plus charismatique du territoire national, et comme vous le savez la France en est pourvue… Je n’irais pas jusqu’à dire qu’on exporte, mais comme nous sommes 70 millions l’homme charismatique existe forcément !
Forcément, c’est un homme. C’est vrai, une femme, ça l’aurait pas fait ; ça fait mou, dominé par maman, tatie ou maîtresse.
Il lui fallait une pointure, un Clemenceau, un Mendès, une Élisabeth Badinter (oh pardon, pas de femme)… C’est comme faire son shopping sur les Champs-Élysées du QI (non, pas Qatar Investments !).
Sans perdre de temps, lui et les élites qui l’entourent esquissent un portrait-robot de l’homme providentiel : jeune mais pas trop, pour ne pas effrayer les porteurs de prothèses ; une élégance naturelle “à l’anglaise” propre à amadouer les milieux d’affaires ; un côté geek, branché techno sur l’ailleurs, pour séduire les cultivateurs ; à la fois “ami des jeunes et des vieux” ; plutôt cumulard pour l’expertise du circuit court ; pourquoi pas Maçon, père et Maire de surcroît pour l’assiette locale ; universitaire mais issu d’une filière désuète, genre lettres classiques ; sans expérience de ministre, ni même de secrétaire d’État, puisque personne n’y a jamais pensé ; européen mais pas trop ; habitué à s’aligner dès lors qu’est invoquée “la dure réalité des choses” ; ne parlant pas l’anglais, surtout depuis le Brexit ; Casanova, certes, mais sans les outrances inappropriées de DSK. Et surtout, un gars qui ne fait rien, pour pouvoir consacrer deux jours par semaine à la cause. Que sais-je, je n’y étais pas et vous le savez très bien. Une évidence : le “brainstorming” a duré jusqu’à tard.
Peu importe, au bout de la nuit, Emmanuel Macron avait trouvé son référent et l’a d’ailleurs rejoint ce week-end pour marquer le coup, dans un endroit adapté puisque consacré à la mémoire des dinosaures. Vous dire que le choix d’Emmanuel nous a surpris serait loin de la réalité. Il nous a estomaqué. Et c’est pas sympa quand tu sors de table.
Tout de suite, les gros mots ont fusé : “3e république”, “centriste-cassoulet”, “4e république”, “frustré de première”… Jusqu’à notre camarade dont les parents étaient communistes qui s’est écrié : “Vendu à la finance internationale !” Pour calmer les esprits, nous avons ouvert une bouteille de condrieu, le meilleur vin du monde d’après Fernand Point. C’est vrai, ça donne de la hauteur. Et le plus jeune d’entre nous s’est exprimé. Normal, c’est celui qui boit le plus rapidement, le défaut des jeunes…
Le problème de Macron ? C’est un faux jeune, les guignols s’étaient plantés en le représentant sous forme d’un bébé surdoué ; en réalité c’est l’inverse, c’est un très vieux monsieur déguisé en chérubin. S’il existe un candidat qui n’y connait rien en jeunesse, c’est M. Macron. Il n’a pas eu d’enfance, sinon celle d’un fort en thèmes. A-t-il seulement voyagé autrement qu’en first ? A-t-il dormi dans un lodge de Kolkata ou de Zanzibar ? A-t-il tenu une baraque à frites sur une plage de vacances pour payer ses masters ? Qui pouvait-il avoir comme copain ? Comme ami ? En dehors de l’Ena et autres ? A-t-il participé à une seule manifestation étudiante ? À un festival de techno ? À une, une… comment dit-on quand on est plusieurs dans un lit ?
Est-ce bien sérieux ? Élire un gars formaté jusqu’à la caricature, qui n’a eu ni enfance ni enfants… Comment va-t-il se préoccuper des nôtres, ceux que mes copains continuent de fabriquer alors que ce n’est plus de leur âge ? Ceux qui sont dans les collèges et les lycées, ceux qui vont débarquer dans quatre ans sur le marché du travail… en plus des trentenaires qui galèrent. Élire un lascar extrait d’un épisode de telenovela ou d’une double de Match vous semble une solution ?
Nous n’avons rien à attendre d’un spécialiste en flux financiers qui, jamais, n’a émis la moindre critique sur la gouvernance de la finance mondiale, ni sur la dette, inique, des États qui les transforment en clients des banques… pour un laïc, la dette des États, c’est comme la religion, une foutaise.
Connaissant l’identité de l’homme le plus charismatique de France trouvé par M. Macron, l’on s’imagine déjà dans une pâtisserie, gourmand à l’idée de compléter le plateau : Jean-Claude Gaudin ? Jean-Michel Baylet ? Lecanuet ? Bruno Bonnell ? Petula Clark ? Mick Micheyl ?
Macrollombe est un homme pressé. Maman aussi. Pas nous.
c'est sympa et ca fait bien sourire de temps à autre. Un bon billet d'humeur. Sor la forme , parce que c'est visiblement ce qui occupe le plus de place, c'est du 16/20. Sur le fond parce que c'est trop pauvre , trop peu argumenté , et trop à l'emporte pièce, on atteint pas la moyenne. A part si on adore encore et toujours dénigrer en permanence et à longueur de temps tous les politiques, de tous les bords en leur affligeant toutes les tares possibles d'homo sapiens. Quand ça part comme ça, ça gave très très vite. C'est convenu, dit redit digéré et vomi des centaines de fois. Bref c'est lourd. A quand des articles pour dire que tel ou tel politique est bien, a bien réussi telle ou telle opération , a été ou est ou sera bon. Ca serait une sacrée révolution dans le microcosme médiatique.