La Maison Nô, le premier rooftop autorisé de la Presqu'Ile, ouvre ce lundi. Lyon Capitale vous raconte comment des "couacs" entre les architectes des Bâtiments de France, ont abouti à la destruction d'une verrière du XIXe siècle.
"On a peut-être été moins vigilant sur ce dossier." De l'aveu même de l'architecte des bâtiments de France (ABF) en charge du dossier, ça fait un peu désordre.
Le dossier, c'est celui de la Maison Nô, un hôtel-boutique 4 étoiles de quarante-cinq chambres qui vient d'ouvrir rue du Bât-d'Argent, aux Terreaux, et dont le restaurant en toit-terrasse noircit les pages des magazines et alimente les réseaux sociaux depuis des mois. La table d'une centaine de couverts promet en effet d'être le nouveau lieu branché de la ville, tant sa situation est inédite. Perchée au sommet d'un immeuble haussmannien, à vingt-deux mètres de hauteur, elle offre un panorama sur l'hôtel de ville, les hauts de la Croix-Rousse, le dôme signé Jean Nouvel de l'opéra, la tour Incity et la colline de Fourvière – selon l'angle où l'on se trouve –, le tout en plein air.
Avant, la verrière historique du XIXe siècle, plus discrète, se fondait avec les toits en tuiles plates. Aujourd'hui, elle a été surélevée de deux mètres ("pour voir au-dessus des toits" s'enthousiasme Rémi Blézat, le promoteur), une terrasse en "U" a été ajoutée et des moteurs et des tuyaux de soufflerie énormes installés. L'architecte des ABF, que nous avons pu joindre, reconnaît même "ne pas avoir compris qu'on ait accepté cette surélévation" !
Côté élu, Michel Le Faou, vice-président de la métropole de Lyon en charge de l'urbanisme, convient que "c'est certainement l'une des premières, mais aussi l'une des dernières, autorisations de toit-terrasse en Presqu'île. Il faut en effet tenir compte de l'histoire pour ne pas dénaturer le patrimoine qui nous a été légué. On ne peut pas faire n'importe quoi."
À la Maison Nô, sise dans un immeuble datant de 1881, il semble pourtant y avoir eu quelques canards, la verrière historique – élément assez fréquent des immeubles bourgeois de cette époque laissant la lumière traverser l'atrium – ayant été purement et simplement supprimée. "Ça n'aurait pas du être fait " souffle un brin embêtée Cécile Rémond, l'architecte du patrimoine en charge de l'étude patrimoniale. Mais au final, les architectes des Bâtiments de France (ABF) ont "exceptionnellement" donné leur accord pour supprimer "un ensemble de toitures inesthétiques".
"Co-responsabilité" de la ville et des ABF
Joint par Lyon Capitale, Christophe Margueron, architecte des bâtiments de France et adjoint au chef de service de l'Unité départementale architecture et patrimoine du Rhône et de la Métropole de Lyon, est, lui aussi, ennuyé. "Le dossier a changé de main. Mon prédécesseur a commencé les négociations, je les ai reprises par la suite. Je pense qu'il y a eu une absence de continuité dans la discussion. Il y a eu un couac entre le début des discussions et la reprise de ces discussions." Et d'ajouter : "on est co-responsable avec la ville", qui accorde les permis de construire. Car dans cette malheureuse affaire, le promoteur (le groupe Blézat) a respecté en tout point le permis qui n'imposait pas la sauvegarde de la verrière du XIXe siècle. Résultat : une nouvelle verrière en zinc a été élevée, mais beaucoup plus petite, de manière à libérer de la place pour une terrasse en "U". "Si vous voulez, pour résumer, on est parti de l'idée de la verrière à l'esprit de la verrière" défendent les ABF.
Aujourd'hui, le toit est recouvert, en partie, de moteurs et de tuyaux de soufflerie XXL. En plein site historique protégé.
Un "couac" qui fait rire jaune quand la Direction régionale des affaires culturelles en Auvergne Rhône-Alpes explique à Lyon Capitale qu'il est "primordial aujourd'hui de conserver la cohérence des toitures afin de préserver (nos) paysages." Mais juré craché, ce rooftop a "un caractère d'exception".
Ayant visité le "rooftop" de la maison Nô, bien sur que les clients ne verront pas la machinerie en désaccord architectural avec les toits lyonnais. Que font les responsables en charge des autorisations ? Des invitations auraient-elles été proposées ?
Et le plus drôle c'est que les responsables de ce merdier disent "qu'ils n'en accorderont pas d'autres", ce qui veut dire que la valeur de ce bien immobilier augmente immédiatement grâce à cette unicité.
Elle n'est pas belle la vie ? 😀
Dingue, le mot "toit-terrasse" apparaît deux fois dans cet article ! C'est la première fois depuis des mois que je le lis dans la presse lyonnaise et chez les réseauteurs sociaux, tous subjugués par le ronflant "rooftop".
Le "toit-terrasse" de la Banque Rhône Alpes, à peine plus loin sur la même rue, ça ne heurte donc personne ?
https://www.google.fr/maps/@45.7662924,4.8353401,57m/data=!3m1!1e3
Est-ce aussi le résultat d'un moment de distraction des ABF ?
Choqué ? Indigné ? Jaloux ? Qu'importe, ce qui compte c'est le commerce avant tout ! :o)
En effet, le toit très terrasse de la banque Rhône-Alpes n'est pas des plus raccord avec les toits de tuiles environnants. Mais il est en creux et non en relief métallique. Curieux que vu du ciel on ne voit plus la machinerie de celui de la Maison Nô.
Pour alimenter la polémique, le toit de l'opéra façon Jean Nouvel et même celui de l' Hôtel de Ville en ardoises grises très parisien , ne correspondent pas à l'archétype des tuiles à la lyonnaise, depuis longtemps.