Mal-logement : la région Rhône-Alpes épinglée par la fondation Abbé-Pierre

Dans sa version régionale du rapport annuel sur l'état du mal-logement en France, la fondation Abbé-Pierre rappelle que Rhône-Alpes n'est plus la Région "bonne élève" qu'elle pensait être en matière de politiques de l'habitat. Les zones périurbaines notamment, seraient les nouvelles victimes muettes d'une crise du logement qui s'amplifie.

"La situation du mal-logement en Rhône-Alpes est de plus en plus préoccupante", s'inquiète Marc Uhry, président de la fondation Abbé-Pierre Rhône-Alpes. D'après les chiffres de la fondation, la région compterait 500.000 habitants de plus qu'il y a 10 ans. Un fort accroissement de la population qui s'accompagne d'une hausse du prix du logement, et d'un taux de chômage en augmentation. Car, si la région se vante d'avoir un taux de chômage en dessous de la moyenne nationale (8,7%), celui-ci augmente plus vite en Rhône-Alpes que sur l’ensemble du pays (+0,7% depuis 2011).

"La véritable surprise vient du Rhône, souvent présenté comme un département relativement épargné par la crise, où la croissance du nombre d’allocataires RSA a progressé plus rapidement qu’ailleurs. Le Rhône est certes un département riche, en moyenne, mais c’est un département où les inégalités sont donc plus marquées qu’ailleurs", indique le rapport.

La “colère sourde” de la population périurbaine

Ces inégalités seraient de plus en plus visibles dans les zones périurbaines de la seconde couronne, là où, faute de choix, les classes moyennes les moins aisées se sont installées massivement devant la flambée des prix de l’immobilier au cœur de l'agglomération.

Selon la fondation, près d'un ménage sur deux vit dans les espaces périurbains en Rhône-Alpes. Les 8 plus grosses métropoles de la région lyonnaise ne représentent ensemble que la moitié de la population rhônalpine. Avec cette nouvelle distribution du territoire, "la société découvre un nouveau problème, qui n'est pas pris en charge. Dans le périurbain, une colère sourde est en train de monter", commente Marc Uhry.

Le périurbain, ces communes derrière les banlieues du centre-ville, se compose essentiellement des "classes moyennes inférieures" de la population. Des ménages plus pauvres, qui achètent des logements plus chers et qui s'endettent plus lourdement. Conséquence, entre 2008 et 2011, le nombre de dossiers de surendettement à la Banque de France a augmenté de 29% en Rhône-Alpes.

Une intervention publique insuffisante

Cette périurbanisation se traduit aussi par des temps de transport accrus, non sans problèmes. D'après la fondation, en 25 ans, la distance logement-travail a doublé dans l’agglomération lyonnaise. Pour les auteurs du rapport, "c’est du temps pris à la vie familiale, au sommeil, aux activités extraprofessionnelles". Le président de la fondation Abbé-Pierre Rhône-Alpes tire la sonnette d'alarme sur une situation qui commence à avoir des répercussions politiques : "Si l'on trace un cercle de 50 km autour de Lyon, on remarque que le vote Front national augmente de 9 points. Il est temps de s'intéresser de plus près à ce problème."

La Ville de Lyon se targue souvent d'être un modèle en termes de logements sociaux. Elle devance en effet régulièrement la loi SRU qui fixe un minimum de 20% de logements sociaux pour une agglomération de 3.500 habitants. Mais Marc Uhry souligne que la demande en logements sociaux augmente beaucoup plus vite que le nombre de constructions : "Aujourd'hui, on compte environ 50.000 demandes en HLM pour 13.000 places. Il y a 10 ans, c'était 25.000 demandes pour 13.000 places."

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