Forte mobilisation des enseignants lyonnais, ce mardi après-midi, lors de la manifestation contre la réforme des rythmes scolaires. Ils étaient 2200 selon la police, et 3000 selon les organisateurs. De la place des Terreaux jusqu'à la préfecture, ils ont exprimé leur opposition à une nouvelle charge de travail, et aux difficultés d'accueil des enfants.
Dans le cortège, une grande majorité d'enseignants du 1er degré (école primaire), des psychologues scolaires, des ATSEM et quelques parents d'élèves. "La manifestation a été très suivie, affirme Frédéric Volle, secrétaire départemental adjoint du Snudi-FO. Le Rhône ne compte que 8000 enseignants du 1er degré, alors nous sommes satisfaits que 3000 personnes soient descendues dans la rue à Lyon. C'est trois fois plus qu'en mars dernier, alors que nous luttions contre les suppressions de postes."
"A l'école de 7 heures du matin à 6h30 le soir"
"A-BRO-GA-TION de la réforme Peillon !" entendait-on scander par les instituteurs. Remontés, ils ont même bravé quelques gouttes de pluie pour dénoncer la surcharge de travail qu'impliquera la réforme. Pour Christian, directeur d'école, s'en est trop : "Je ne veux pas travailler encore plus. Je passe déjà tous les mercredis dans mon école parce que j'ai du travail. Mais je ne veux pas qu'on m'en impose plus. Je suis à l'école de 7 heures du matin à 6h30 le soir. Je trouve que c'est déjà bien suffisant. Cette réforme nous donne pour seule compensation la reconnaissance du ministre. Ca ne me suffit pas."
Pause du midi : "leurs enfants vont être confiés à n'importe qui"
Principal point noir de la réforme, selon les instituteurs : l'allongement de la pause de midi et son encadrement. "Le périscolaire ne doit pas être du bricolage, déplore Danielle, enseignante. On rallonge la pause méridienne pour éviter d'avoir à payer de vrais professionnels. Les parents ne se rendent pas compte que leurs enfants vont être confiés à n'importe qui. On ne tient absolument pas compte d'eux. Quand on les récupère après la cantine, ils sont dans un état de surexcitation incroyable. Je pense qu'on pourrait même travailler une heure de plus le matin et les enfants seraient bien plus attentifs et prêts à l'apprentissage."
Les municipalités, chargées du périscolaire, n'auraient pas les moyens d'assurer un accueil de qualité. C'est là la principale crainte de Cédric, qui enseigne à Villeurbanne : "On demande aux mairies de prendre en charge le périscolaire sans leur en donner les moyens. Il n'ont pas de personnel qualifié pour accueillir les élèves. Donner la responsabilité aux petites communes de gérer l'accueil entre 12h et 14h, ce n'est pas une bonne idée quand il n'y a pas d'argent et pas de personnel."
Réforme à Lyon en 2013 ?
Parmi les communes du Grand Lyon, plus de la moitié aurait choisi de n'appliquer la réforme qu'à la rentrée 2014. En cause, justement, le financement des activités péri-scolaires et l'organisation de la pause-déjeuner. Pour la ville de Lyon, rien n'est encore certain, mais la majorité municipale est globalement favorable à une mise en place à la rentrée 2013. La décision sera prise avant fin mars.