Prévue depuis le début du mois comme la journée phare de la mobilisation par l'intersyndicale (CGT, FO, FSU, Solidaires), la manifestation contre la loi Travail a rassemblé environ 12 000 personnes à Lyon selon la préfecture et 30 000 selon les syndicats. Travailleurs, jeunes et retraités ne manquent pas d'idées pour tourner la page du socialisme façon Hollande.
Démantèlement du Code du travail, casse des acquis sociaux, société de la finance et du capital sont les principales critiques des manifestants. La mobilisation s'est déroulée dans le calme jusqu'à la fin de la manifestation.20 interpellations ont eu lieu place Bellecour. Après quatre jeudi à battre le pavé contre la réforme du code du travail, retraités, employés, étudiants et lycéens rêvent d'un nouveau modèle de société.
“La société va quelque part, mais je ne sais pas où”, explique Martine. Cette retraitée d'une bibliothèque municipale de la ville de Lyon vit avec 1200€ par mois. Avec son foulard rouge autour du cou et son drapeau CGT au-dessus de la tête Martine manifeste à chaque rassemblement contra la loi El-Khomri. “Je me bats pour défendre mes acquis sociaux, mais aussi pour la nouvelle génération”, confie-t-elle. Celle qui a voté Hollande en 2012 se sent trahie par ce “gouvernement qui se dit de gauche, mais qui démantèle le Code du travail”.
Chez les jeunes écologistes, on cultive l'indépendance “Qu'on se le dise, on n’a rien à voir avec Placé ou de Rugy” prévient Charlie. ”Le plus important ce n'est pas tant l'étiquette, mais c'est de savoir ce qu'on veut défendre” renchérit Lola.
Réinventer la société
Ces jeunes étudiants en Science politique à Lyon 2 et à l'IEP prônent une “société écologique, durable et viable”. Pour eux, le travail doit être un choix d'épanouissement et non pas une contrainte. “Pourquoi ne pas baisser le temps de travail à 32h pour faire baisser le chômage”, explique Charlie. Lola a aussi voté Hollande en 2012. Elle se sent trahie par “cette destruction des bases de la démocratie et du plan social”.
Trahis, mais pas résignés, ces jeunes ne manquent pas d'idées. Sarah étudiante à l'IEP de Lyon propose une société plus égalitaire. “Quand on voit le doublement du salaire du PDG de Peugeot, on devrait déjà commencer par mieux répartir les revenus”, affirme-t-elle. Cette étudiante défend la mise en place d'une démocratie participative. “Fonder la démocratie uniquement sur un vote ponctuel, c'est loin d'être suffisant”. Pour Sophie, fonctionnaire à la Caisse Primaire d'Assurance Maladie du Rhône, “la démocratie c'est comme un contrat, si le contrat n'est pas respecté alors le président doit partir”.
“Je vais rendre ma carte du PS”
Nombreux sont ceux qui se rappellent avec amertume le discours du Bourget du président. “Mon ennemi c'est la finance” avait scandé le candidat Hollande devant une foule galvanisée. “En 2006, Hollande dénonçait le CPE en affirmant que cette mesure cassait le Code du travail et aujourd'hui, il ose proposer cette loi”, soulève Charlie.
“Je me sens mal, trop mal d'avoir voté Hollande”, Martine exprime son sentiment comme un enfant qui aurait commis une bêtise. Si le sentiment de trahison est partagé par nombre de manifestants, reste à savoir si c'est le gouvernement, le président, le parti socialiste ou la gauche qui est fautif ? “On a conscience qu'un gouvernement ce n'est pas un bloc, il y a des jeux d'intérêts , des pressions, des lobbys” explique Lola, la militante écologiste.
Loïc lui est un élu PS dans le Jura. “En 2012 j'ai suivi la ligne de Jean-Christophe Cambadélis pour défendre Hollande”, raconte le jeune militant. Aujourd'hui si la consigne de Solférino est de se taire et de ne pas participer aux mouvements, le jeune militant préfère la dissidence. “Pour 2017 je voterai pour un candidat de gauche, en attendant je vais rendre ma carte du PS pour un autre parti, je ne suis pas le seul”. Loïc se cache derrière sa pancarte du PS, si la rose rouge semble fanée, le militant a préféré prendre les devants en la rayant en écrivant "trahis"...histoire de dire qu'il n'est pas le seul.