Alors que les manifestations lycéennes continuent à Lyon avec leur lot d’incidents, les premières condamnations tombent. Ce lundi, deux jeunes ont écopé de deux et trois mois de prison avec sursis.
Après les manifestations lycéennes de jeudi et vendredi, soldées par une cinquantaine d’interpellations, trois jeunes étaient jugés en comparution immédiate. Six mineurs seront également convoqués prochainement devant le tribunal pour enfants. Les autres, mineurs pour la plupart, ont eu droit à un rappel à la loi.
Par conséquent, ces procès ont été suivis avec la plus grande attention par les médias mais aussi les militants syndicaux. Un cortège d’une centaine de cheminots SUD Rail et CGT s’est d’ailleurs déplacé devant le palais de justice pour “soutenir les jeunes”. Fumigène et pétards hurlant.
A l’intérieur, dans le box, les trois prévenus. Le premier, Fabien, 22 ans, est accusé d’avoir commis, vendredi, de multiples dégradations sur des véhicules, d’avoir tenté de mettre le feu à une voiture avec un fumigène et surtout d’avoir “commis des violences ayant entraîné 10 jours d’ITT contre un policier. Et pas n’importe qu’elle policier puisqu’il s’agit de Valéry Pastor, le commandant de la BAC de Lyon qui s’est présenté à l’audience, le majeur et l’index de la main droite bandés. Le procès de cet étudiant en deuxième année de sciences-po à Lyon 2 n’a toutefois pas eu lieu. Il a en effet refusé la comparution immédiate. Le président du tribunal, Jean-Daniel Piffaut l’a maintenu en détention provisoire “compte tenu des risques de récidive”.
Le procès des "Lumière"
Les deux autres, Camille et Lou, âgés de dix-huit ans, ont accepté la comparution immédiate. Anciens élèves de Lumière, le lycée général du quartier des Etats-Unis (Lyon 8e), ils participaient avec leurs anciens camarades à la première manifestation sauvage, jeudi dernier.
A proximité du lycée de la Martinière, au pied des Pentes de la Croix-Rousse, Camille se fait arrêter en flag’ juste après avoir un projectile contre un panneau publicitaire JC Decaux. Des lycéens s’opposent à son arrestation. Un sac de feuilles mortes du Grand Lyon est jeté. Et Lou se fait arrêter à son tour, accusé d'avoir utilisé cette "arme par destination" contre un policier.
“Pris dans le mouvement”, elle jette un projectile
A la barre, Camille, la lycéenne qui prépare son bac en candidat libre, “plaide coupable” pour la sucette Decaux. Les débats porteront donc essentiellement sur son refus d’avoir donné ses empreintes digitales et surtout génétiques. Elle explique avoir été “pris dans le mouvement car il y avait beaucoup de monde” et ajoute que ce geste “décrédibilise le mouvement”. Joignant l’acte à la parole, elle a remboursé les dégâts occasionnés à la société Decaux.
Le fichage génétique en question
Le président du tribunal revient sur son refus d’un prélèvement de salive pour le Fichier national des empreintes génétiques . Elle, qui a donné un faux nom pour ne pas “faire peur à sa mère”, persiste : “je suis contre le fichage génétique. Je pensais que c’était pour les délinquants sexuels”. Après avoir défendu les vertus du fichier pour les accidents et les enquêtes policières, le président tonne : “arrêtez de penser qu’il s’agit d’un flicage généralisé !” Rires dans l’assistance chez ceux venus soutenir les accusés.
Le refus de Camille trouve son fondement dans son engagement politique. En 2008, Camille faisait partie des quelques lycéens de Lumière à refuser d’utiliser les bornes biométriques qui donnent accès à la cantine en reconnaissant le contour de la main. Sa mère, qui l’a soutenue dans sa démarche, a porté plainte devant la Cnil. Elle vient d'obtenir le droit pour les élèves de ne pas utiliser la borne.
Camille a finalement été condamnée à deux mois avec sursis pour avoir refusé qu’on lui prélève ses empreintes. Le tribunal n’a pas retenu l’accusation de dégradation de véhicule qui pesait sur elle et l'a condamnée à une amende de 1 000 euros avec sursis pour le panneau Decaux.
Une arme par destination : “un sac de feuille morte”
Son camarade, Lou, a écopé d’une condamnation du même tonneau. Trois mois avec sursis. L’étudiant actuellement en première année d’art du spectacle a jusqu’au bout nié être l’auteur du jet . Il doit également 150 euros pour chaque policier à qui il a fait un doigt d’honneur.
A la sortie, les quelques élèves du lycée Lumière, estimant qu’“il n’avait rien fait”, considèrent cette condamnation comme lourde. Ils parlent plutôt d’“arrestations arbitraires” qui se sont multipliées le jeudi et le vendredi.
De son côté, la mère de Camille exprime son soulagement : “on craignait des peines pour l’exemple. Ça aurait été aberrant pour des faits tellement minimes”. Le président du tribunal n’a pas suivi les réquisitions de la procureure qui souhaitait une condamnation à trois mois de prison fermes.
Heureusement, la présence de Sud Rail et de la CGT nous assurent sur le fait qu'il n'y ait rien de politique... Sur ce coup le PS envoi les jeunes dans la rue et c'est les syndicats qui marquent un point !