Les salariés de Marionnaud, à qui leur patron a présenté un plan social fin juin, sont descendus dans la rue mercredi 16 septembre. De 10 heures à 14 heures, ils ont organisé leur premier piquet de grève devant l'un des magasins de leur enseigne, 32 rue Victor Hugo à Lyon.
Une première pour certains salariés qui n'avaient jamais participé à un mouvement social jusqu'ici. 'Il faut dire que la moyenne d'âge est plutôt élevée chez Marionnaud', rappelle Françoise Lipnicki, responsable de magasin à la Part Dieu et syndicaliste.
A 11 heures, une trentaine de salariés se trouvaient déjà rue Victor Hugo, venus des 25 magasins du Grand Lyon mais aussi, pour certains, arrivés d'Isère.
Ils ont protesté contre le plan social présenté fin juin par la direction qui prévoit 693 suppressions de postes en France, dont 110 en Rhône-Alpes, la région la plus touchée. Marionnaud envisage en effet de se séparer de plus de 21 % de sa masse salariale dans la région, une masse salariale déjà à l'agonie.
En effet, depuis quatre ans et le rachat de Marionnaud par A.S. Watson group, un groupe chinois basé à Hong-Kong, le parfumeur français a perdu sa place de leader dans l'hexagone, rattrapé par Sephora.
Depuis, les salariés ont vu défiler quatre directions générales, trois services marketing, et quatre directions commerciales. Pour Bernard, salarié depuis 1993 chez Marionnaud, 'c'est la preuve que les gens qui sont à la tête de l'entreprise n'y arrivent pas'.
Ancien patron, responsable de magasin, Bernard n'a jamais fait grève de sa vie avant aujourd'hui. 'Mais là, je suis obligé, dit-il. La France a toujours été la vitrine mondiale de la parfumerie et regardez ce qu'ils en ont fait ! Ils ont mis des gens qui venaient de la grande distribution à la tête de l'entreprise, des gens qui n'y connaissaient rien. On savait qu'ils allaient se planter'.
'La direction justifie ce plan social par la crise économique'
De son côté, la direction invoque la crise économique pour supprimer des postes.
Mais les salariés n'y croient pas. 'La direction justifie ce plan social par la crise économique, mais moi je parle plutôt de mauvaise gestion', dit Florence Bourg, secrétaire nationale du syndicat UNSA chez Marionnaud, venue manifester à Lyon mercredi.
Alors certes, l'entreprise perd de l'argent depuis quatre ans, mais selon les salariés qui ont mandaté un expert comptable dans le cadre des négociations sur le plan social, les comptes pourraient revenir à l'équilibre dans deux ans 'simplement en laissant les gens partir à la retraite, sans les remplacer'.
Les suppressions de postes seraient donc inutiles. Mais là non plus, les salariés ne sont pas d'accord. 'Ce n'est pas en supprimant des postes qu'on va faire revenir la clientèle. On nous enlève des vigiles, on nous enlève des conseillères et on nous reproche les pertes liés aux vols en magasin', se plaint Françoise Lipnicki, vendeuse à la Part Dieu à Lyon.
Avec leur grève, les salariés souhaitent faire pression sur la direction, dans le cadre des négociations sur le plan social qui se dérouleront jusqu'au 6 octobre. Au final, ils espèrent limiter le nombre de départs de salariés et privilégier les reclassements par rapport aux licenciements.