Khadija Ryadi, militante des droits de l’homme au Maroc et lauréate 2013 du prestigieux prix des Nations unies pour la cause des droits de l’homme, doit tenir une conférence à Lyon, ce mercredi 12 février, dans un amphithéâtre de Sciences Po (18h). Ces dernières 48 heures, pressions et intimidations sont venues troubler des débats à Paris et Montpellier.
Khadija Ryadi, militante discrète mais intransigeante avec le régime de Mohamed VI, a entrepris une tournée en Europe début février. Cette série de débats est destinée à amplifier la campagne internationale lancée par Khadija Ryadi en vue de réclamer la libération de tous les détenus politiques et d’opinion au Maroc .
L’ex-présidente de l’Association marocaine des droits de l’homme (AMDH) doit tenir un débat à Lyon dans un amphithéâtre de Science Po, ce mercredi 12 février à 18h. L’organisation de cette conférence aurait pu rester confidentielle et circonscrite aux cercles des militants des droits sensibilisés au contexte marocain s’il n’y avait eu ces dernières 48 heures une soudaine montée de fièvre.
Intervention
Hier soir (mardi 11 février), Mme Ryadi devait tenir une conférence à Paris à la Maison de la Norvège au sein de la Cité internationale universitaire de Paris (CIUP). Or, Khadija Ryadi est devenue subitement indésirable à quelques heures de l’organisation du débat “au motif que la réunion était trop politique”, explique-t-on dans l’entourage de la militante. “Cet avis nous a été donné après concertation avec le directeur de la Maison du Maroc !” explique le bureau parisien de l’AMDH, qui a annoncé préparer “un communiqué détaillé concernant cet incident dans les jours qui viennent”.
L’intervention du directeur de la Maison du Maroc est le signe, pour les militants des droits de l’homme, d’une influence directe de l’ambassade du Maroc en vue de troubler le cycle de rencontres de Khadija Ryadi. En catastrophe, une nouvelle salle a, tant bien que mal, été trouvée hier soir dans le 14e arrondissement de Paris pour permettre la tenue de la rencontre. Nous avons joint la Maison de la Norvège sans cependant obtenir de réponses sur l'annulation de la conférence d'hier soir.
Le 10 février, à Montpellier, ce sont une vingtaine de manifestants pro-régime arborant des affiches du roi Mohammed VI qui ont tenté d’empêcher, selon un témoin présent, la conférence de Khadija Ryadi, qui traitait du thème du tabou de la répression au Maroc.
M20F
Fonctionnaire au ministère des Finances, Khadija Ryadi coordonne à 54 ans un réseau de 22 ONG des droits de l’homme au Maroc et est très engagée aux côtés des militants du Mouvement du 20 février (M20F) qui, dans le sillage des Printemps arabes, contestent le fonctionnement du régime marocain et revendiquent des réformes politiques et sociales au sein du royaume chérifien.
En décembre 2013, elle a reçu à New York le prix des Nations unies pour la cause des droits de l'homme. Décernée tous les cinq ans, la prestigieuse récompense a par exemple couronné des personnalités historiques telles que Martin Luther King, Eleanor Roosevelt ou encore Nelson Mandela.
Voir le portrait de Khadija Ryadi réalisé par Arte : “Le monde arabe en révolution(s)”