Masques de la ville de Lyon

Masques “torchons” à Lyon : éclairages sur un faux départ

“Torchons”, “serpillières”, “pas pratiques”, depuis le début du déconfinement, les masques gratuits de la ville de Lyon sont critiqués. Un délit de sale gueule selon la municipalité qui plaide pour “l’efficacité” des produits commandés. Des masques vendus en kits qui en disent long sur le contexte de tension dans lequel ils ont été achetés et la difficulté des collectivités pour se fournir.

La distribution des masques gratuits à Lyon, lancée ce lundi, a fait un flop. Qualifiés de “torchons” ou “serpillières” par les utilisateurs, les produits distribués ont été fortement critiqués par les Lyonnais sur les réseaux sociaux. La ville de Lyon a rapidement réagi assurant que “les masques commandés filtrent plus de 90% des particules émises d’une taille supérieure ou égale à 3 microns”“Ce qui compte c'est qu'ils soient efficaces, aux normes et certifiés. Après l'aspect est moins important”, nous a répondu, visiblement agacé par la polémique naissante, le service de presse de la municipalité. Selon les tests réalisés par le gouvernement (lire ici), ces “Indispenmasque”, produits dans la Loire par Les Tissages de Charlieu, qui a livré de nombreuses autres collectivités, mais aussi des établissements médicaux comme le centre de lutte contre le cancer Léon-Bérard, font partie des mieux classés en performance de filtration avant et après lavage.

Faute de goût

Des produits de qualité donc, mais tout de même décriés. La faute à une esthétique brute, aux couleurs et quadrillages assimilables aux mouchoirs en tissus de nos aïeuls, peu conformes aux standards du masque blanc, à l'aspect médical, d'apparence au moins, auquel on peut s'attendre d'une collectivité. La faute aussi au caractère contraignant de ces produits, pas utilisables immédiatement, et nécessitant de l’électroménager pour une performance optimum. La notice initiale, très fournie, indiquait dans un format similaire au reste du texte, mais en souligné tout de même : “Avant la première utilisation, passer à la vapeur (fer à repasser sans appuyer sur le masque afin de gonfler la couche interne et de rétracter les fils élasthanne), laver et sécher le masque selon le cycle d’entretien présenté ci-après”. Une étape rapidement zappée par les utilisateurs et pas non plus rappelée lors de la réception du masque. La notice a finalement été changée récemment et le passage sur l'utilisation inscrit en rouge.

Des masques “grand public” à 3,5 millions d’euros

En réalité, la ville de Lyon n'avait pas d'autres masques “grand public” à distribuer ce lundi. Vendus en kits et à assembler, ces “Indispenmasques” ont l'avantage d'être moins onéreux (0,85 centime l'unité contre entre 2€ et 3,25€ pour les autres) et plus rapidement livrés que ses concurrents, à l'heure ou la demande a explosé. La municipalité s'est fournie auprès de quatre fournisseurs de masques “grand public”, pour un montant total de plus de 3,5 millions d'euros. Elle a notamment commandé 350 000 masques aux tissages de Charlieu pour 297 500€. Masques livrés le 28 avril, le 5 mai, le 7 mai et le 13 mai, puis assemblés par des centaines de bénévoles à Lyon. Les autres masques “grand public” ont été commandés aux entreprises Porchet (550 000 unités pour 1 540 000€), Senfa (300 000 unités pour 976 750€) et Filtration (350 000 pour 701 850€). Si leur aspect semble plus avenant, leurs qualités filtrantes ne sont pas supérieures, selon les tests réalisés. Parmi ces 1,2 million de masques, seuls 150 000 ont été livrés ce jeudi. Les autres le seront en cinq fois jusqu'au 8 juin.

Des masques chirurgicaux aussi commandés

Questionné à de nombreuses reprises sur les délais de livraison lors du dernier conseil municipal, Gérard Collomb a admis que l'acquisition de masques “a été très difficile”“Il a fallu que chaque collectivité trouve par ses propres moyens des points de distribution de masques. Le monde entier se disputait les masques et la ville de Lyon n'était pas prioritaire et nous en avons trouvé à partir du 14 avril”, a précisé le maire de Lyon. Ces masques “grand public” ne sont pas les seuls qui ont été achetés par la collectivité. 1,4 million de masques chirurgicaux ont été commandés (1 million d'euros) et 1,2 million de masques FFP2 (1,8 million d'euros). Des masques réservés aux agents de la ville qui travaillent dans les écoles crèches et police municipale.

Pas de double distribution

Prochainement en plus des masques de la ville, des masques de la métropole seront distribués. 60 000 ont été livrés, indique la municipalité. Les personnes ayant déjà récupéré leur masque ne pourront pas revenir prendre ces masques du Grand Lyon pour “des questions d'organisation”, indique Yann Cucherat. “On a limité à une fois par personne pour éviter que certains viennent plusieurs fois au départ et privent potentiellement d'autres Lyonnais de masques par la suite”, nous a expliqué l'adjoint au maire de Lyon en charge de la distribution de ces masques. En clair, les premiers servis n’auront que le masque de la ville de Lyon et ceux dont le rendez-vous est programmé dans les jours à venir pourront avoir le masque de la ville et celui du Grand Lyon. Quant à ceux de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Yann Cucherat explique ne pas avoir été livré : “Lyon devrait être servi en dernier puisqu'ils ont pris la décision de fournir d'abord les petites communes”.

Dans son format actuel, la distribution devrait durer trois semaines avant un redimensionnement pour soulager les bénévoles et agents de la municipalité. Après une forte demande sur les premiers jours, le nombre d'inscriptions serait déjà en train de baisser.

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