La FNEC-FC FO, regroupement des syndicats FO de l’Éducation nationale, de la Culture et de la Recherche, appelle le personnel de l’Éducation nationale du Rhône a faire valoir son droit à une visite médicale, montrant ainsi du doigt la pénurie de médecins du travail pour les enseignants. Ils sont 1200 à avoir répondu à l’appel.
Des enseignants aux personnels administratifs, ils sont près de 1200 à avoir répondu à l’appel lancé par la FNEC-FC FO et à avoir réclamé leur droit à une visite médicale annuelle. Le but de la manoeuvre : alerter l’État sur l’inquiétante pénurie de médecins de prévention pour l’Éducation nationale. Aujourd’hui, il ne reste plus qu’un seul médecin dans tout le département du Rhône qui est en charge de l’ensemble du personnel de l’institution.
“Au départ, on avait trois médecins, mais deux sont partis, c’est très difficile”, explique Jeanne Urbani, secrétaire du SNUID-FO, syndicat d’instituteurs et professeurs des écoles du Rhône. “Le rectorat a du mal à recruter des médecins, car les salaires ne sont pas très élevés, ça rend le métier peu attractif”.
“On a l’impression que les enseignants n’ont pas besoin de médecine du travail”
La loi exige qu’une visite médicale soit organisée pour ceux qui en font la demande. Pourtant, avec un seul médecin capable de l’effectuer le risque est d’engorger le service ou de ne pas être reçu du tout. “Notre volonté n’est pas de surcharger notre médecin du travail, c’est pour ça que nous faisons une action collective”, explique Jeanne Urbani. En effet, maintenant que 1200 personnes en ont fait la demande, le rectorat a deux mois pour organiser les visites médicales. Si elles sont refusées, le syndicat a prévu de déposer un recours devant le tribunal administratif. “D’ailleurs on se doute que le rectorat va nous dire non. Mais le tribunal administratif va exiger des recrutements”, précise encore Jeanne Urbani.
En plus de réclamer leur droit, le FNEC-FC FO cherche aussi à alerter sur la dégradation croissante des conditions de travail des enseignants. “Les maladies de l’Éducation nationale ne sont pas répertoriées. Pourtant, des problèmes d’audition, de dos ou autres ont été constatés. De plus en plus de collègues arrivent épuisés, en plein burn-out et se plaignent de leurs conditions de travail. On a l’impression que les enseignants ne peuvent pas être malades au travail, qu’ils n’ont pas besoin de médecine du travail parce que leur métier n’est pas physique”, poursuit Jeanne Urbani.
Une démarche collective déjà effectuée dans d’autres départements
La pénurie de médecins de prévention pour l’Éducation nationale ne touche pas que le Rhône. D’autres syndicats régionaux se sont également emparés du problème de manière collective et ont obtenu des embauches notamment dans le Vaucluse. “Une démarche similaire est lancée dans l’Ain”, ajoute la secrétaire de SNUID-FO dans le Rhône, “c’est un travail de longue haleine qu’on avait en tête depuis un moment, mais le départ de nos médecins a été l’élément déclencheur. L’État a mis en place de nouvelles grilles de rémunération donc peut être que ça rendra le secteur plus attractif. On espère que ça va changer les choses.”
De son côté, le rectorat de l'Académie de Lyon nous explique avoir "tout mis en oeuvre pour recruter des candidats. Notre campagne a été diffusée dans des magazines spécialisés et sur tout support susceptible d'attirer du monde. Il s'agirait donc d'un problème global de manque de médecins sur l'ensemble du territoire. "Le numerus clausus a fait qu'il n'y a pas assez de médecins, et on ne trouve personne qui a les compétences pour le poste", pointe le rectorat.
Pour rappel, tout salarié du public ou du privé doit avoir une visite médicale tous les cinq ans et peut en faire la demande chaque année. Jeanne Urbani rappelle que “dans d’autres institutions du public comme au Trésor, ce droit est respecté”.