Convoqué en début d’après-midi devant les juges d’instruction dans l’affaire du Mediator, le directeur de l’Agence nationale de sécurité du médicament, Dominique Maraninchi, a été mis en examen pour "homicides involontaires et blessures involontaires".
Dominique Maraninchi, le directeur de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), vient d’être mis en examen dans l’affaire du Mediator. Une demi-surprise. Les juges en charge de l’instruction dans le dossier du Mediator avaient convoqué le directeur général de l’ANSM (anciennement Afssaps) pour une comparution. Ils envisageaient une mise en examen de l’agence à travers son représentant légal, Dominique Maraninchi, pour "homicides involontaires et blessures involontaires". "Il est reproché à l’Agence d’avoir contribué à créer la situation qui a engendré le dommage des victimes et de n’avoir pas pris les mesures permettant de l’éviter", précise l’ANSM dans un communiqué.
Troisième mise en examen
Créée en mai 2012, après l’affaire Mediator, l’ANSM s'inscrit en tant que personne morale dans la continuité des droits et devoirs de l'Afssaps. C’est donc aujourd’hui son directeur, qui ne dirigeait pourtant pas l’Afssaps à l’époque, qui endosse les responsabilités de l‘organisme suspecté d’avoir été défaillant.
Un rôle que L’ANSM semble endosser sans ciller puisqu’elle affirme dans un communiqué "apporter sa pleine et entière contribution à la Justice afin que puisse être établie toute la vérité à laquelle les victimes, leurs familles et les usagers ont droit. Ainsi, toute la lumière devra être faite sur les responsabilités de chacun et toutes les conséquences devront être tirées du travail de la Justice".
A la mi-février, les juges chargés de l’enquête avaient déjà mis en examen deux anciens dirigeants de l’Afssaps pour "participation illégale d'un fonctionnaire dans une entreprise précédemment contrôlée et prise illégale d’intérêt".
Entre 500 et 2.000 morts
Le Mediator, initialement pensé comme un antidiabétique contenant du Benfluorex, a été prescrit pendant plus de 30 ans en dehors de son autorisation de mise sur le marché, pour favoriser l’amincissement à cause de ses propriétés anorexigènes. Avant d’être retiré du marché le 30 novembre 2009, ce produit issu des laboratoires Servier aurait causé entre 500 et 2.000 morts selon les études. En janvier 2013, l’Oniam, organisme chargé de l’indemnisation des accidents médicaux, avait reçu près de 7.500 demandes d’indemnisation.