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Médicaments : remises en cause en série

Avastin (anticancéreux), statines pour les femmes, Stablon : plusieurs médicaments très utilisés sont actuellement sur la sellette, tant pour leur utilité que pour la façon dont ils sont prescrits. Tour d'horizon.

En 2013, une enquête de nos confrères du Point avait mis sérieusement en doute le rapport bénéfice/risque de l'Avastin®, anticancéreux vedette du laboratoire Roche (20 % du marché, et un coût annuel de 300 millions d'euros pour la Sécurité sociale). En dénonçant des effets indésirables et des complications potentiellement fatales.

En réaction, 78 cancérologues s'étaient mobilisés et avaient diffusé un droit de réponse défendant le médicament, tout en affirmant l'indépendance des médecins par rapport aux laboratoires pharmaceutiques.

266 contrats avec les labos

Le Canard Enchaîné paru ce 6 mai dévoile qu'un pharmacien et consultant indépendant, François Pesty, a épluché les déclarations de conflit d'intérêts de ces médecins. L'immense majorité d'entre eux ont des liens avec l'industrie ; en tout, ils cumulent 266 contrats de consultants. Une nouvelle démonstration des collusions d'intérêts entre certains médecins et l'industrie. Et un coup dur de plus pour l'Avastin®, qui se trouve également au cœur d'une procédure pour entente illicite, lancée par l'Autorité de la concurrence. Car l'Avastin® de Roche est très proche du Lucentis® de Novartis. Et il peut être utilisé à sa place dans la prise en charge d'une maladie de l'œil assez répandue, la DMLA (dégénérescence maculaire liée à l'âge). Pour un coût vingt fois moins élevé... Ce qui fait que les médecins prescrivaient plutôt l'Avastin®, même s'il n'était pas officiellement approuvé pour cette usage par les autorités sanitaires. Il faut dire que Roche n'avait pas demandé cette extension de l'autorisation de mise sur le marché de son Avastin®... car la firme suisse est détenue en partie par Novartis. Pourquoi menacer la rentabilité du Lucentis® – 900 euros par mois et par patient – en lui infligeant la concurrence de l'Avastin® – une cinquantaine d'euros mensuels au maximum. Le cœur des directions financières n'a pas dû balancer très longtemps.

Statines : peu évaluées sur les femmes

Autre vedette des labos malmenée : les statines, ces médicaments visant à faire baisser le taux de cholestérol. Aux Etats-Unis, les recommandations officielles sur la prise en charge du cholestérol ont été modifiées l'an dernier, ce qui devrait aboutir à multiplier par 2 le nombre de personnes recevant des statines. Or les statines ont été peu étudiées sur les femmes ; on sait cependant qu'elles n'ont pas d'impact positif sur leur mortalité, n'empêchent pas la survenue d'accidents cardiaques, et entraînent plus d'effets secondaires sérieux (apparition de diabète, troubles hépatiques et rénaux, pertes de mémoire, confusion mentale et douleurs musculaires, notamment).

Certains spécialistes soulignent que le cholestérol n'entraîne pas exactement chez elles les mêmes conséquences que chez les hommes. Et que faire baisser le cholestérol n'est pas en but en soi (en anglais). Autant dire qu'il y a matière à réflexion en France, où plus de 6 millions de personnes prennent des statines, pour un coût supérieur à 1 milliard d'euros annuels pour la Sécu.

Antidépresseur Stablon® : une drogue ?

C'est encore nos confrères du Canard Enchaîné qui le dévoilent : le Stablon® doit se plier, en partie du moins, à la réglementation sur les stupéfiants – prescription par ordonnance sécurisée, pour une durée maximale de 28 jours. La revue médicale indépendante Prescrire évoquait les risques de dépendance du Stablon® depuis 2000, mais le ministère de la Santé a attendu 2012 pour prendre des mesures spécifiques, en limitant la prescription. Mesures que le Conseil d'Etat vient donc de confirmer...

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