Menace de grève des éboueurs : les syndicats passent à la vitesse supérieure

Alors que Gérard Collomb s'apprête à transférer totalement au privé le marché du ramassage des ordures au centre-ville de Lyon à la fin de l'année, les syndicats d'éboueurs du Grand Lyon convoquent la presse mardi 21 février. Ils réclament le retrait du projet. La grève pourrait éclater début mars.

Après avoir distribué des tracts en marge du conseil communautaire lundi dernier, avoir pris à partie le vice-président délégué Thierry Philip, et boycotté deux réunions de travail (comités techniques paritaires), l'intersyndicale des éboueurs du Grand Lyon (CGT, CFTC, CFDT, FO, UNSA, FA-FPT) passe à la vitesse supérieure. Elle convoque la presse mardi prochain pour informer les Lyonnais des enjeux du passage au privé de l'ensemble de la collecte des ordures ménagères sur Lyon et Villeurbanne. Le reste des communes du Grand Lyon étant confié au public.

Jusqu'à maintenant, 50% des ordures ménagères du Grand Lyon sont ramassées par des agents du public (régie publique dépendant de la communauté urbaine) correspondant aux 3e, 5e, 6e et 7e arrondissements de Lyon, à la moitié de Villeurbanne et à 12 communes du Grand Lyon. Les 50% restants sont traités par des sociétés privées. Les 1er ,2e ,4e ,8e et 9e arrondissements, la moitié de Villeurbanne et 44 communes du Grand Lyon sont concernés. Mais un appel d'offres lancé le 9 décembre dernier par le Grand Lyon prévoit de rebattre les cartes et de donner au privé tout l'hypercentre de l'agglomération (Lyon + Villeurbanne) à partir d'octobre 2012. Les 56 autres communes du Grand Lyon iraient aux éboueurs du public.

En finir avec la régie publique ?

Officiellement, Gérard Collomb fonde son choix sur les conclusions du dernier rapport de la Cour des comptes* qui conseille aux collectivités d'introduire une dose de changement dans l'attribution des marchés à chaque renouvellement. Le but étant de ne pas laisser s'installer de mauvaises habitudes et de favoriser la concurrence.

Officieusement, les syndicats soupçonnent plutôt Gérard Collomb d'avoir trouvé un moyen d'en finir avec les grèves d'éboueurs au centre-ville de Lyon. "Après la grève de 2005 (…) vous avez décidé d'attribuer la collecte des ordures ménagères du centre-ville de Lyon et de Villeurbanne aux entreprises privées", ont-ils écrit au président, le 22 décembre, dans une lettre. Ils interprètent ce nouvel appel d'offres comme la poursuite de cette logique, entamée en 2007, qui vise à faire entrer le privé progressivement dans la collecte des ordures dans le Grand Lyon.

Difficile d'imaginer que Gérard Collomb fera l'économie d'une grève dans les prochaines semaines. Les syndicats d'éboueurs du public – représentant 500 agents du Grand Lyon – étant prêts à tout pour sauver leur statut. Djamel Mohamed, délégué syndical CGT, a déjà déposé, le 8 février dernier, un recours devant le tribunal demandant au juge administratif d'annuler l'appel d'offres de décembre pour "défaut de consultation préalable du comité technique paritaire". Une assemblée générale se tiendra également le 28 février pour consulter les éboueurs du Grand-Lyon sur l'opportunité de faire grève ou non. La commission d'appel d'offres du Grand Lyon rendra quant à elle ses conclusions sous deux mois. Les conseillers communautaires voteront alors sur le sujet, ils donneront ou non l'autorisation à Gérard Collomb de signer les nouveaux marchés attribués aux prestataires privés.

* Les collectivités territoriales et la gestion des déchets ménagers et assimilés, septembre 2011, page 72 et suivantes.

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