Au moins une centaine d'enseignants de six lycées de l'est de Lyon était rassemblée devant le Rectorat de Lyon, ce jeudi 26 septembre, où une délégation a été reçue en fin de matinée.
Les Olympiades, mais pas n'importe lesquelles : "les Olympiades du mépris social". Devant les grilles du rectorat de Lyon, ce jeudi 26 septembre, se dresse un petit podium. Autour, des enseignants. "Qui gagnera la médaille d'or de la langue de bois ?", interrogent les syndicats des enseignants en grève.
Alors, certains professeurs montent, chacun leur tour, sur les trois marches, avec à la main des feuilles au nom de Laurent Wauquiez, Gabriel Attal, du recteur de l'Académie du Rhône, etc. L'idée derrière tout ça, dénoncer - non pas sans humour - les manquements de l'Education nationale.
Cette grève intervient six jours après l'agression d'un professeur par un élève, lors d'un cours donné au lycée Faÿs de Villeurbanne. Un évènement qui a fait ressurgir la colère des enseignants de six lycées de l'est de Lyon : Jacques Brel et Marcel Sembat de Vénissieux, Robert Doisneau de Vaulx-en-Velin, Faÿs et Brossolette de Villeurbanne et Camus-Sermenaz à Rillieux-la-Pape.
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Des revendications nombreuses
Au cours de ces Olympiades humoristiques, huit points sont alors relevés par les représentants des syndicats d'enseignants. Le plus évoqué d'entre-eux, la surcharge des effectifs dans les lycées. "Dans notre lycée, par exemple, on en vient même à des classes de 36 élèves, dénonce Coline Wiatrowski, enseignante au lycée Faÿs de Villeurbanne et militante Sud Education. Même le seuil théorique de 35 élèves, qui est censé valoir pour un établissement de centre-ville, n'est pas respecté". Natacha Bards, enseignante à Vaulx-en-Velin, complète : "Les effectifs ne cessent d'augmenter. Le Rectorat de Lyon n'accorde pratiquement plus d'aides supplémentaires pour les lycées qui accueillent des élèves de milieu populaire".
Le manque d'accompagnants des élèves en situation de handicap (AESH), le financement du privé au détriment du public, la mouvance du gouvernement et ses "ministres totalement à la masse"... Pour les enseignants, ces revendications clamées ce jeudi n'ont peu ou pas changé depuis le rassemblement du 26 septembre 2023, il y a un an jour pour jour, déjà devant le Rectorat de Lyon.
Une délégation reçue par le Rectorat
Et comme l'année passée, une délégation a été reçue dans l'établissement dans la matinée. "La demande d'audience est partie vendredi dernier (...), pourquoi avoir attendu qu'il y ait du monde pour nous recevoir ?", s'interroge néanmoins Jérome Derancourt, du syndicat majoritaire SNES-FSU Lyon, qui faisait partie de la délégation de sept enseignants reçue dans l'enceinte.
"Il n'y a pas eu d'annonce favorable", nous fait part un enseignant du syndicat Sud Education, après la rencontre d'environ 1h30 entre le Rectorat et la délégation. Et reprend : "Ils nous ont affirmé qu'il n'y avait aucun lien entre l'agression à Villeurbanne et le manque de moyens". De son côté, le Rectorat de Lyon affirme auprès de Lyon Capitale être "très attentif à la situation de ces établissements et continuera de les accompagner tout au long de l'année".
Aussi, ce mardi, dans un communiqué, le Rectorat rappelait que "l’établissement (de Villeurbanne, ndlr) dispose pour l’année 2024-2025 de 3 équivalents temps plein (ETP) pour ses postes de conseillers principaux d’éducation (CPE) et de 9,5 ETP pour ses assistants d’éducation (AED). Cela correspond à la dotation théorique des établissements similaires au lycée Faÿs pour les CPE. Pour les postes d’AED, le lycée dispose d’un ETP supplémentaire par rapport aux établissements similaires".
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Aussi une question de sécurité
Après l'agression de l'enseignant à Villeurbanne et, mardi à Marseille, la découverte de plus de 80 impacts de plomb sur la façade d'un collège, l'insécurité des professeurs est aussi au centre des débats. "Hier à Marseille, mais plus largement ! On a quand même, en deux années, deux enseignants qui se sont fait assassinés, rappelle Gaëlle Prudhommeaux, professeur d'espagnol au lycée Robert Doisneau de Vaulx-en-Velin. D'une, on ne devrait pas aller au travail avec la boule au ventre. De deux, on voit que beaucoup d'enseignants se censurent. Ce n'était pas le cas il y a quelques années. Que faut-il attendre pour que les gouvernants se rendent compte de l'urgence dans laquelle on est ?"
Pour Jérome Derancourt, ces évènements ponctuels ne doivent pas faire oublier que "tous les jours, on est empêché dans notre travail. Pas par les élèves, mais par les moyens que l'on nous donne".
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