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Bruno Bernard, président de la Métropole de Lyon. (@NC)

Mères isolées : la Métropole de Lyon reprend les prises en charge mais durcit ses critères

Le président de la Métropole de Lyon a annoncé vendredi 30 août que la collectivité reprendrait les prises en charge de mères isolées au 1er septembre, avec des critères plus stricts.

À partir du 1er septembre, la Métropole de Lyon reprendra les prises en charge de mères isolées avec un enfant de moins de trois ans (seul public vulnérable dont elle a légalement la charge), en durcissant néanmoins ses critères d'admissions dans ses dispositifs d'accueil, a annoncé vendredi 30 août le président écologiste Bruno Bernard.

Un mois et demi après avoir annoncé la suspension temporaire des nouvelles prises en charge pour des raisons budgétaires et de manque de places, la collectivité, sous le feu des critiques, ne prendra en charge que le public ayant "un lien avec son territoire" a précisé son président. Cette notion (qui doit encore être affinée) sera évaluée par les travailleurs sociaux de la Métropole avec notamment deux critères : la localisation de la demande d'asile dans le cas d'une personne étrangère ; le dernier lieu de domiciliation dans le cas d'une personne française.

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Une "augmentation permanente" des prises en charge, intenable dans un contexte budgétaire serré

Bruno Bernard a justifié cette décision par l'"incapacité" de la collectivité "d'être dans une augmentation permanente" du nombre de places d'hébergement d'urgence, alors que son budget dédié uniquement à la prise en charge des mères isolées avec un enfant de moins de trois ans a atteint plus de 11 millions d'euros en 2024, dans un contexte de baisse des recettes auquel s'est ajouté une forte inflation. Un contexte tendu qui se poursuivra d'ailleurs en 2025, les services de la collectivités étant sommés de faire d'importantes économies en vue de l'élaboration du budget, ont indiqué plusieurs sources à Lyon Capitale.

Critiqué au sein de sa majorité, et par des responsables associatifs, notamment après la publication d'une lettre ouverte de la directrice opérationnelle du Samu social s'indignant de la présence d'un nourrisson de 11 jours à la rue, le président écologiste a rappelé que la Métropole héberge à l'heure actuelle plus de 1 100 personnes dont 731 enfants. Une politique factuellement volontariste, au-delà des compétences strictes de la collectivité, mais dont le moindre recul est scruté en raison d'une communication électorale importante sur les sujets sociaux. Bruno Bernard a par ailleurs assuré qu'aucune remise à la rue n'avait eu lieu pendant la période de suspension des nouvelles prises en charge, ce que plusieurs responsables associatifs contestent.

"Cette situation ne peut se résoudre sans changements profonds au niveau national"

40 nouvelles places ont par ailleurs été ouvertes au mois de juin à Villeurbanne, et 92 supplémentaires doivent ouvrir au mois de septembre. "Je ne connais pas de département qui fasse autant", a lancé le président écologiste, critiquant vigoureusement la politique menée par le président Emmanuel Macron et ses gouvernements successifs. "Choix est fait depuis 2017 de ne rien faire sur la question du logement, notamment social. Cette situation ne peut se résoudre sans changements profonds au niveau national", a-t-il affirmé. Démentant par la même "se renvoyer la balle" avec la préfecture, comme le lui reprochait la présidente du groupe La Métropole en commun (membre de sa majorité) Nathalie Perrin-Gilbert. "Il y a des discussions avec l'Etat, simplement la préfecture ne peut pas ouvrir de nouvelles places", a-t-il déploré.

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La Métropole de Lyon, tout comme la Ville, a engagé un recours au tribunal administratif contre l'Etat pour obtenir le remboursement de frais qu'elle estime avoir engagé pour palier à l'insuffisance de l'Etat en matière d'hébergement d'urgence. Des dépenses qu'elle a d'abord estimées à 6,4 millions d'euros avant de les réévaluer à 9 millions d'euros, soit presque le budget annuel de la collectivité dédié à la prise en charge des publics dont elle a légalement la responsabilité. "L'Etat ne remplit pas ses obligations, nous faisons quant à nous plus que ce que nous devrions faire dans notre compétence" a assuré Bruno Bernard.

Alors que les deux collectivités accordent des budgets importants à l'hébergement d'urgence, et dépassent le cadre de leurs compétences face à un Etat dont les services ne tentent plus de justifier l'action ou l'inaction, Ville et Métropole sont prises au piège quand elles procèdent à des évacuations de gymnase, de bâtiments squattés ou qu'elles durcissent leur critères d'accueil faute d'argent. Ciblés par des collectifs et associations qui savent que ce sujet de l'hébergement d'urgence est l'une des priorités des exécutifs écologistes contrairement à l'Etat pour qui la question du logement a surtout été l'occasion de punir plus sévèrement les squatteurs, Bruno Bernard et Grégory Doucet doivent tenter de trouver un difficile équilibre financier, politique et humain.

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