Métaux précieux : une filière d'écoulement lyonnaise ?

Nouveau braquage à Oullins mercredi 17 février dans une entreprise de transformation de métal précieux. Ce vol à main armé fait suite à une longue série depuis trois mois dans l'agglomération. Si le doute plane encore sur le lien entre toutes ces attaques, la police semble néanmoins envisager l'existence d'une filière d'écoulement importante dans la région.

Le mode opératoire semble bien rodé : au petit matin, des hommes engagoulés et lourdement armés prennent en otage un couple à son domicile. Le mari est responsable de production chez Métalor à Oullins, une société spécialisée dans la métallurgie et la chimie de métaux précieux. Après l'avoir menacé et pris sa femme en otage, les braqueurs obligent le responsable à les conduire sur son lieu de travail en voiture. Vers 8 h 15, les malfrats s'introduisent dans l'entreprise et obligent leur otage à ouvrir le coffre fort de l'entreprise. Ils frappent ensuite violemment quatre employés avant de dérober sept kilogrammes de grenaille d'or et différents matériaux précieux.

Avant de fuir, les braqueurs sont surpris par hasard par la police municipale qui rentre de mission. Ceux d'entre eux qui faisaient le guet devant l'entreprise dans une Audi S4 barrent la route aux policiers afin de permettre à leurs complices de s'échapper dans la voiture du responsable de l'entreprise. Ils emmènent sa femme avec eux et la libèrent à Pierre-Bénite, près de l'A 450 peu après. Les voitures utilisées lors du braquage sont ensuite incendiées chemin de la Pillotte à Saint-Genis-Laval. Le montant exact du butin reste pour l'heure inconnu.

De nombreux points communs avec les précédentes affaires

Ce braquage présente de troublantes similitudes avec les précédentes attaques de bijouteries et d'entreprises de métaux précieux au cours de ces derniers mois en région lyonnaise. La série noire a d'ailleurs commencé avec l'attaque de la bijouterie Cartier dans le centre de Lyon, le 26 novembre dernier. L'opération avait été menée par quatre hommes lourdement armés et encagoulés comme à Oullins, ils avaient fait irruption dans la boutique et dérobé un butin estimé à 800 000 euros. Ils avaient ensuite pris la fuite dans une voiture puissante comme à Oullins, de marque Audi. L'épave de la voiture incendiée avait été retrouvée quelques jours plus tard.

Autre affaire, le 2 décembre dernier. Une famille de bijoutier à Miribel dans l'Ain avaient été prise en otage par cinq hommes toujours encagoulés et lourdement armés. Le mode opératoire était à nouveau le même que celui d'Oullins. Sous la menace, les braqueurs avait contraint le père de famille à les accompagner à Caluire sur son lieu de travail et à ouvrir les coffres de sa fabrique de bijoux. Après le vol, les otages avaient été libérés sans violence. Mais cette fois, la police avait interpellé deux des voleurs quelques jours plus tard en banlieue lyonnaise, grâce à l'identification de leur voiture. Une partie du butin avait été retrouvé dans le coffre de la berline. Et par suite, une partie des bijoux de la rue Edouard-Herriot avaient été retrouvé au domicile de l'un des malfrats.

Même chose enfin dans une fabrique du 2ème arrondissement lyonnais, le 12 décembre dernier et dans une fonderie à Rillieux-la-Pape le 18 janvier où les braqueurs se sont rendus chez des employés pour les prendre en otage et les contraindre à coopérer. Outre le mode opératoire très similaire, les armes utilisées sont toutes de gros calibre, fusils d'assaut et mitraillettes. L'équipe de braqueurs est toujours composée de 4 à 5 personnes. Même constat pour les véhicules utilisés qui sont, en général, de grosses cylindrées.

La menace d'un vaste réseau d'écoulement

Les enquêtes pour ces affaires sont toujours en cours. La police judiciaire de Lyon a procédé depuis trois mois à l'interpellation de plusieurs personnes, c'était le 14 janvier dernier à Saint-Genis-Laval. Elle a surpris quatre suspects en train d'effectuer des repérages à bord d'un 4x4 volé et qui projetaient selon elle d'effectuer un braquage dans les environs.

La Police Judiciaire confirme l'existence de points communs entre ces affaires, elle évoque une possible "équipe à tiroirs" composée d'une vingtaine de membres en région lyonnaise. Enfin, la fréquence des braquages laisse supposer la présence d'une importante filière d'écoulement de métal précieux. L'existence d'un tel réseau pourrait ainsi rendre longue et difficile l'enquête de la Police Judiciaire, auréolée ces derniers mois par la résolution de l'affaire Toni M. et le démantèlement d'un réseau de faux-monnayeurs en novembre et octobre 2009.

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