Le calcul est simple :
D'ici 2009, environ 2 millions de maisons devraient être saisies et vendues "à la casse" par les banques représentant une moins-value d'environ 71 milliards de dollars...
A peu près 32 milliards supplémentaires de valeur immobilière devrait être détruite par simple effet de contagion à la baisse sur les maisons voisines dans les quartiers les plus touchés.
Les moins-values directes à venir représentent donc plus de 100 milliards de dollars. Ces moins-values sont potentiellement présentes dans de nombreux instruments financiers commercialisés dans les réseaux bancaires du monde entier. Le 9 août dernier, l'annonce par BNP Paribas de moins-values de près de 400 millions d'euros déclenchait un vent de panique sur la bourse de Paris. L'annonce par la banque Merrill Lynch, mercredi 24 octobre, d'une dépréciation d'actifs pour un montant de 8 milliards de dollars sur le troisième trimestre a provoqué la démission du PDG Stanley O'Nea (Wall-Street Journal - dimanche 28 octobre). Cette destruction de valeur déclarée ne représente pour l'instant qu'une faible proportion des 100 milliards potentiellement perdus par les banques...
Les démocrates dénoncent l'inaction de l'administration Bush face à une crise systémique non endiguée
Les Etats les plus touchés, en particulier des états aux enjeux électoraux forts comme la Floride, l'Ohio, la Pennsylvanie ou le Michigan, devraient perdre près de 1 milliard de dollars en revenus fonciers.
Plusieurs représentants démocrates ont récemment applaudi les efforts du Secrétaire d'Etat aux Trésor Hank Pauson pour sa détermination à souligner l'ampleur de la crise et de ses conséquences sur l'économie mais sa marge d'action semble faible. Charles Schumer dénonçait vendredi dans une interview au Financial Times, un Hank Paulson "menotté" par la maison blanche et empêché d'agir alors qu'il est encore temps de limiter les dégâts. En effet, les 2 millions de maisons faisant l'objet de saisies judiciaires, concernent environ 30% des ménages soumis aux conditions des prêts hypothécaires à risque. Le rapport Schumer souligne que ce taux pourrait s'élever à 50% si des mesures de refinancement soutenues par les Etats ne sont pas prises d'urgence.
"Punissons les spéculateurs"
Dans le même temps, le très médiatique Jesse Jackson, compagnon de route de Martin Luther King dans les années 60 et soutien du candidat Barack Obama pour les primaires démocrates, déclarait dans le Chicago Suntimes du 23 octobre : "Punissons les spéculateurs, aidons les particuliers à faire face à la crise immobilière"! Le patron de la Fed, Ben Bernanke, devrait par ailleurs recevoir Jesse Jackson cette semaine pour entendre ses propositions d'intervention.
Finement orchestrée, la sortie du bois des démocrates a le mérite de forcer une observation et une quantification de l'ampleur de la crise dont le potentiel destructif ne pourra être maîtrisé que par un état des lieux objectif, une anticipation et une collaboration du monde bancaire avec la puissance étatique.
[1] https://jec.senate.gov/Documents/Releases/10.25.07subprimereportrelease.pdf