Crédits: Union européenne – contient des données Copernicus Sentinel 2019 modifiées

Métropole de Lyon : entre tout sauf les Verts et tout sauf Collomb

D'ici le 2 juin, les listes pour les élections municipales et pour la métropole de Lyon doivent être déposées en préfecture. Si certains imaginent déjà une alliance autour de Gérard Collomb contre les Verts et la gauche, d'autres, à l'image de David Kimelfeld, refusent de rentrer dans le jeu "du vote contre un projet". Chronique d'un long week-end marqué par le "tout sauf les Verts" et "tout sauf Collomb". 

Vendredi 22 mai, au soir, France 3 annonce qu'une réconciliation entre Gérard Collomb et David Kimelfeld est sur la bonne voie, un rapprochement qui pourrait mener une possible alliance. Du côté de l'entourage de David Kimelfeld, c'est la douche froide, certains y voient déjà un coup de bluff de la part du maire de Lyon pour sauver sa place et n'imagine pas leur candidat s'être lancé dans des discussions sans prévenir personne.

L'actuel président de la métropole a pris quelques heures dans la crise pour passer du temps avec sa famille. Un de ses proches se résout à le contacter pour savoir ce qu'il se passe. David Kimelfeld est le premier surpris et découvre l'article de France 3. Immédiatement, il fait parvenir un SMS pour apporter un démenti : "Aucune discussion n’est en cours et aucune négociation n’est en cours avec Gérard Collomb et moi-même et personne n’a mandat dans mes équipes pour mener des négociations".

"Les Verts, ce n'est pas l'extrême droite"

Durant le week-end, une réunion en ligne entre Kimelfeld et ses têtes de liste doit se tenir pour relancer la campagne. L'article sur une éventuelle alliance est évoqué. L'ambiance est unanime : pas d'alliance avec Gérard Collomb et encore moins l'envie d'un front contre le projet des Verts. "Ce n'est pas l'extrême droite dont on parle là. On ne va pas faire de barrage républicain contre un projet avec lequel nous avons des points communs", lancera David Kimelfeld tout le week-end.

"Gérard Collomb nous tend un piège avec de grosses ficelles pour se sauver une dernière fois. Si certains l'ont quitté ces dernières années, c'est qu'ils ne supportaient surtout plus sa gouvernance tournée uniquement autour de lui", confie un ancien proche.

"La crise du coronavirus n'a fait que souligner le pouvoir très autocentré, il décide tout, tout seul. Bilan, la distribution des masques s'est faite sans concertation avec les maires d'arrondissement, sans point de distribution dans le 4e de David Kimelfeld. Collomb a passé les deux mois de confinement dans son coin, puis s'est trouvé des envies de travailler en équipe une fois la date de deuxième tour connue. Travailler en équipe, il ne l'a jamais fait en près de 20 ans, c'était à la fois sa force par sa grande connaissance des dossiers, mais aussi sa faiblesse", ajoute un soutien de David Kimelfeld. 

La tentation du front anti-vert

Interviewé par Le Progrès, François-Noël Buffet, candidat de la droite, a appelé lui aussi à un rassemblement autour de Collomb, Kimelfeld et lui-même. Il dénonce ainsi le consortium des verts et de l'extrême gauche qui ferait courir "un danger pour la métropole au niveau économique, social, voire même environnemental à certains égards".

Malgré le démenti franc de Kimelfeld, les soutiens de Collomb continuent de tendre la main à ceux de l'actuel président de la métropole. À plusieurs reprises, publiquement, mais aussi via téléphone, les derniers proches de Gérard Collomb appellent encore à un large rassemblement, prophétisant une métropole de Lyon qui va être ravagée par les "extrémistes", "les décroissants", une alliance entre les Verts et la gauche qui menacerait le territoire en amenant avec elle "chômage" et "crise économique". En refusant l'alliance, Kimelfeld et ses proches feraient "preuves d'égoïsme", choisiraient "la voie du suicide collectif", selon l'expression employée par Louis Pelaez, directeur de campagne de Gérard Collomb. En trois jours, tout y est, ou presque, ne manque plus que l'idée que les Verts mangent les enfants.

"Nous accuser de faire preuve d'égoïsme alors que cette petite manipulation vise surtout à sauver leur place, c'est un comble ! Quel est leur projet ? Renoncer à construire l'Anneau des sciences, ça ne fait pas un programme. On ne construit rien juste dans un renoncement avec rien derrière. On ne construit rien à s'opposer à l'autre, juste pour garder sa place", s'amuse un candidat côté Kimelfeld. La consigne donnée dans son camp est claire "ne pas aller au clash et à l'affrontement avec des personnes avec qui il est possible de travailler".

Des alliances locales très précises

Paradoxalement, au sein de l'entourage de Collomb, comme de Buffet, plusieurs candidats se disent eux aussi prêts à pouvoir travailler dans un rassemblement incluant les Verts, se refusant actuellement à jouer la carte de la surenchère. Le mobile est triple : faire émerger de nouvelles personnes, de nouvelles idées, se débarrasser de Collomb et de Buffet. 

Ainsi, si Kimelfeld se refuse à toute alliance globale avec la droite et Gérard Collomb pour faire barrage aux Verts, il se dirait ouvert à toutes personnes prêtes à "rejoindre un projet pour la métropole". Des alliances locales, très précises, qui permettraient de garder quelques chances au troisième tour, avec l'idée d'un grand rassemblement sous le signe de la transition écologique et sociale qui pourrait aller de la gauche au centre droit, en passant par les Verts.

La crise actuelle aura un impact plus ou moins important sur les programmes et des ajustements en fonction du contexte devraient être dévoilés dès ces prochains jours. Reste des équations : qui ira voter le 28 juin ? Et surtout le scrutin se jouera-t-il contre l'un ou l'autre ou pour un projet qui accompagnera les habitants de la métropole de Lyon pendant six ans, dans un contexte jamais vu depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale ?

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