La hausse des prix de l'énergie, celle des loyers en 2023, couplées à l'inflation des produits alimentaires, font craindre une forte augmentation des impayés dans les logements sociaux.
La hausse des coûts de l'électricité, du gaz, du fioul, a créé tantôt des tensions entre copropriétaires, tantôt des coups de froid chez des locataires aux revenus modestes. Fin septembre dernier, lors du congrès de l'Union sociale pour l'habitat à Lyon, le sujet était au cœur des débats entre les différents bailleurs sociaux, certains ayant vu, lors de leur renouvellement de contrat d'approvisionnement, les prix multipliés par 10.
Le bouclier énergétique pas suffisant
Inévitablement, "une partie de la hausse va impacter les locataires", reconnaît Grégory Nowak, directeur hébergement de Habitat et Humanisme Rhône. La crainte est ainsi de voir le nombre d'impayés augmenter fortement, mettant locataires et bailleurs en difficulté. Mi-septembre, la Première ministre, Elisabeth Borne, a précisé que les logements sociaux seraient bien concernés par le bouclier tarifaire sur le gaz et l'électricité, prolongé en 2023. Mais la mesure est jugée insuffisante par l'Union sociale de l'habitat.
"Je dois trouver un juste équilibre entre permettre aux bailleurs - à qui je demande beaucoup en terme de rénovation et de construction - d'avoir des ressources et ne pas pénaliser les locataires du parc social existant."
Renaud Payre, vice-président en charge de l'habitat à la Métropole de Lyon
"Dès le mois de novembre, nous avons augmenté la provision de charges de 5 % pour que la régularisation soit moindre au moment où il faudra faire les comptes, tente Grégory Nowak. Et d'ajouter : nous faisons payer un forfait fixe, nous ne répercutons pas la totalité de la hausse parce que nous avons conscience que l'on accompagne des personnes dans des situations financières difficiles."
Hausse trop importante qui, ajoutée à l'inflation et à l'augmentation des loyers, risque de laisser des foyers sur le carreaux. "C'est une triple peine", lance Jean-Pierre Ottaviani, président de la Confédération syndicale des familles du Rhône. Et d'ajouter : on sait que dans les logements sociaux, ce n'est pas là que la protection en terme de température est la meilleure."
Hausse plafonnée des loyers dans les passoires thermiques
Consciente de cette situation, la Métropole de Lyon a ainsi pris la décision de geler les augmentations de loyer à 3,5 % dans les logements classés E,F et G gérés par des organismes qui lui sont rattachés : Est métropole habitat, Grand Lyon habitat et Lyon métropole habitat. "Une hausse trop élevée qui ne tient pas compte du fait qu'il y a déjà de grandes difficultés", juge Jean-Pierre Ottaviani.
Renaud Payre, vice-président en charge de l'habitat se dit "inquiet", face à cette situation. Il confie : "Je dois trouver un juste équilibre entre permettre aux bailleurs, à qui je demande beaucoup en terme de rénovation et de construction, d'avoir des ressources et ne pas pénaliser les locataires du parc social existant."
"Pour l'instant, la météo a été clémente, mais on a très peur pour cet hiver."
Jean-Pierre Ottaviani, président de la Confédération syndicale des familles du Rhône
Après les mesures préventives, collectivités et bailleurs tentent d'anticiper les impayés. La Métropole de Lyon dispose de son côté d'un Fonds solidarité logement de 1,7 millions d'euros qui doit permettre des effacements de dettes pouvant aller jusqu'à 2 000 €, et 3 000 € à titre dérogatoire, le tout, sous conditions de ressources. Sur un renforcement de ce fonds, Renaud Payre assure, "on n'exclut rien, c'est un sujet qui nous met en alerte".
De son côté, Habitat et Humanisme fléchera son appel au don de fin d'année vers la création d'un fonds d'urgence "pour aider les ménages les plus précaires à régler leur facture énergétique". "Pour l'instant, la météo a été clémente, mais on a très peur pour cet hiver", conclut Jean-Pierre Ottaviani.
Abo ta solution !
Merci le koikilenkoute du mozart de la politique, aka Macron