Eau du robinet. Crédit : Wikimedia Commons

Métropole de Lyon : le TFA, ce polluant éternel qui passe sous le radar du plan de contrôle officiel

Le TFA, un polluant éternel qui n’est pas intégré au plan de contrôle officiel sur l’eau du robinet est présent dans la métropole lyonnaise. Deux associations exigent des mesures de protection pour les consommateurs. 

Les PFAS, dits polluants éternels, sont de nouveau au cœur des inquiétudes des Grands Lyonnais. Les associations UFC-Que Choisir et Générations Futures ont en effet dévoilé les résultats d’une étude récemment menée dans 30 communes françaises, dont Lyon. Ces derniers montreraient que la présence de PFAS est encore supérieure à la future norme européenne de 100ng/L maximum pour 20 PFAS appliquée en 2026. Leur étude montre ainsi la présence de PFAS dans 29 communes et parmi ceux retrouvés, le TFA (acide trifluoroacétique), suscite l’inquiétude. 

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Les PFAS ?
Les "PFAS" (famille composée de plus de 4 700 molécules de synthèse) sont produits par l'homme depuis les années 40. Leurs propriétés physico-chimiques (résistantes aux chaleurs intenses ou aux acides, à l’eau et aux graisses…) expliquent leur présence dans un grand nombre de produits de consommation courante et applications industrielles. Le fait qu'ils soient très largement utilisés ( textiles, emballages alimentaires, cosmétiques, poêles anti-adhésives, mousses anti-incendie, imperméabilisants, cires à parquet, vernis et peintures, etc.), en plus de leur faible dégradation, rend ces substances omniprésentes dans l’environnement, notamment dans les cours d’eau. On parle de "polluants éternels" car ils peuvent rester dans l’environnement des décennies, voire des siècles. Le Rhône, de l'aval de Lyon jusqu'à la Méditerranée, est particulièrement touché.
Selon la littérature scientifique existante, les perfluorés favoriseraient les cancers chez l’homme et les défauts de défense immunitaire des enfants.

Le TFA, ce polluant éternel présent au-delà des normes 

Le TFA est en effet bien considéré comme un polluant éternel. Dans le détail, il s’agit d’un "résidu de dégradation des pesticides PFAS et d’autres produits chimiques éternels, à la teneur de 120 ng/l", indiquent les associations dans un communiqué. Mais pour l’heure, ce dernier n’étant pas "recherché dans les plans de contrôles officiels, sa présence éventuelle passe actuellement sous les radars" et "nul ne sait" les conséquences qu’il peut avoir sur la santé. Les associations ajoutent que "si le TFA était recherché dans le cadre du plan de contrôle officiel sur l’eau du robinet, alors le prélèvement de Lyon serait considéré comme non conforme, la valeur relevée étant supérieure à la norme applicable aux pesticides qui devrait s’appliquer."

Concernant les autres polluants éternels retrouvés (PFOA, PFOS, PFHxS, PFHpA, PFHxA, PFPeA et PFPrA), les associations concèdent toutefois que "le prélèvement de Lyon devrait être considéré comme conforme" à la norme mise en vigueur en 2026. En revanche, "cette valeur de 100 ng/l ne se base sur aucune donnée toxicologique, c’est simplement le niveau de détection qu’atteignaient les méthodes d’analyse il y a plusieurs décennies", indiquent encore les associations. Et d’ajouter : "En clair, cette norme, avant même d’être appliquée, est déjà complètement obsolète et ne permet pas de garantir l’innocuité des eaux testées." Elles précisent également que si la France adoptait la norme que le Danemark établira (2 ng/l pour la somme de 4 PFAS) "alors le prélèvement de Lyon (7,1 ng/l) serait également considéré comme non-conforme sur ce critère."

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Une dépollution inutile si les industriels ne changent pas 

Alors que le coût de dépollution est estimé à 100 milliards d’euros par an au niveau européen, UFC-Que Choisir et Générations Futures estiment que cela "ne servira à rien si les industriels continuent à déverser des PFAS dans l’environnement. En effet, sur les milliers de PFAS créés par l’industrie, seulement 3 sont interdits à ce jour." 

En somme, les deux associations exigent que le TFA soit enfin intégré au plan de contrôle officiel et que des normes "plus protectrices sur la présence des PFAS dans l’eau du robinet, basées sur des données toxicologiques récentes", soit mises en oeuvre. Plus globalement, elles demandent l’interdiction de tous les pesticides considérés comme des PFAS. Pour rappel, en avril dernier, un texte porté par les députés écologistes visant à limiter l’utilisation des PFAS a été adopté à l’Assemblée nationale. Depuis, la préfecture du Rhône a pris un arrêté le 15 octobre dernier autorisant l’entreprise Daikin a reprendre son exploitation de sa nouvelle unité "pre-compound" à Pierre-Bénite. Les services de l’État précisaient toutefois que cela se ferait dans un cadre "plus strict." 

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