Caractérisé comme délit depuis 2018, le phénomène des rodéos urbains n’en continue pas moins de perturber le quotidien des Grands Lyonnais. Présents à Lyon, jeudi 29 juillet, les deux rapporteurs parlementaires d’une mission d’évaluation de la loi contre les rodéos ont rencontré les élus et forces de l’ordre de la Métropole. L’occasion pour eux d’évoquer l’utilisation de drones lors des rodéos, une idée qui séduit les maires de Bron, Rillieux-la-Pape et du 2e arrondissement de Lyon.
Dangereux pour les piétons et les usagers de la route, responsables de nuisances sonores, les rodéos urbains se multiplient depuis plusieurs années dans la Métropole de Lyon. Leur caractérisation en tant que délit, en août 2018, ne semble pas avoir été en mesure de freiner leur prolifération. Après avoir renforcé la collaboration entre les différentes municipalités du Grand Lyon, avec la mise en place d’un groupe intercommunal, chargé d’identifier les suspects par la mise en commun des différents centres de supervision urbaine (CSU), les élus s’interrogent désormais sur la suite des mesures à prendre pour endiguer le phénomène.
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Pour Natalia Pouzyreff, parlementaire chargée d’évaluer l’efficacité de l’arsenal législatif face aux rodéos urbains "la loi [adoptée en 2018 qui prévoit notamment l'application d'une peine de prison d'un an et 15 000 euros d'amende, Ndlr] offre déjà un régime de sanctions suffisant, c’est dans l’application que l’on peut travailler". C’est donc sur ce point que la députée LaREM et son co-rapporteur Robin Reda (LR) ont insisté, évoquant notamment leur volonté d’autoriser la police à utiliser des drones.
Utiliser les drones pour suivre les auteurs
Présent dans le projet de loi de sécurité globale, leur usage par les forces de l’ordre avait était censuré par le Conseil constitutionnel. Une décision que les deux parlementaires espèrent néanmoins faire évoluer, "nous cherchons une rédaction législative qui permette d’utiliser ce moyen de surveillance par vidéo. Les élus de droite comme de gauche sont convertis à la vidéo-protection, il faut désormais que nous agissions tous dans le même sens pour que les drones soient un outil pour mieux lutter contre les rodéos et améliorer la sécurité de nos concitoyens", explique Robin Reda. L'idée, derrière l'utilisation des drones, serait de pouvoir suivre les auteurs de rodéo depuis le lieu où ils commettent leur délit jusqu'à l'endroit où il stockent leur véhicule, "dans des garages ou au sein de leur domicile", précise Robin Reda.
"Nous cherchons une rédaction législative qui permette d’utiliser ce moyen de surveillance par vidéo."
Robin Reda, député LR et co-rapporteur de la mission d’évaluation de la loi contre les rodéos
Une proposition qui a séduit les maires de Bron, Rillieux-la-Pape et du 2e arrondissement de Lyon. Jérémie Bréaud, Alexandre Vincendet et Pierre Oliver souhaitent en effet que cet outil technologique puisse être utilisé par leurs "polices municipales" respectives, afin de "constater et de suivre les rodéos". Les trois édiles LR veulent même aller plus loin en demandant l’autorisation de pouvoir saisir puis détruire les véhicules, non réglementaires, utilisés lors de ces rodéos. Une mesure déjà prévue par la loi, mais qui ne peut être conduite que par des officiers de la police judiciaire.
35 % des faits constatés commis par des mineurs
Jeudi 29 juillet, les deux députés n’étaient pas en mesure de chiffrer le nombre de véhicules détruits après avoir été saisis, toutefois, selon eux, la Direction départementale de la sécurité publique (DDSP) du Rhône aurait mené "en moyenne sur 2019 et 2021 plus de 300 interventions et plus de 400 faits de rodéos ont été constatés par la gendarmerie en 2021".
Au premier trimestre de 2021, le parquet de Lyon fait état de l’ouverture de 32 enquêtes, de l’identification de 18 auteurs et du jugement en comparution immédiate de 11 majeurs, qui ont été condamnés pour certains à de la prison ferme. Néanmoins, un nombre important de participants à ces rodéos seraient encore plus jeunes, "environ 35% des faits constatés dans le Rhône sont du fait de mineurs", selon Robin Reda.
Sanctionner la promotion sur les réseaux sociaux
L’utilisation des réseaux sociaux étant très importante chez ces jeunes publics, Robin Reda et Natalia Pouzyreff estiment qu'ils "jouent un grand rôle dans la promotion de cette activité délictuelle", la diffusion de vidéos entraînant, parfois, "une surenchère". Les rapporteurs appellent donc à un débat à l’Assemblée nationale portant sur d’éventuelles sanctions relatives au partage de vidéos de rodéos sur les réseaux sociaux.
Les deux parlementaires espèrent désormais pouvoir profiter de l’examen du projet de loi relatif à la sécurité pénale et à la sécurité intérieure, porté par les ministres de l’Intérieur et de la Justice, pour modifier la loi de 2018, portant sur les rodéos, et ainsi apporter une réponse plus ferme dans la lutte contre ce délit.
C'est marrant ces maires de droite qui, pour faire respecter "les lois françaises", sont prêts à contrer le Conseil d'État qui interdit à la police l'usage des drones pour surveiller les manifestations à Paris (avis rendu public mardi 22 décembre 2020)
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😀
Entre la police de la cantine, celle de cimetières, voilà la police des rodéos. Je m'étonne que la droite n'ait pas pensé à la police de la fraude fiscale des entreprises.
Je m'étonne que la gauche n'ait pas pensé à la police de la pensée des citoyens.