Au delà de l'émotion, la présence de Ni Putes Ni soumises ainsi que celle des journalistes semble avoir troublé le quartier de la Saulaie, d'où était originaire Fatima.
Hier dans la soirée, l'association Ni Putes Ni Soumises annonce dans un communiqué de presse que sa présidente, Sihem Habchi, sera présente le lendemain au rassemblement organisé en la mémoire de Fatima, à Oullins. Pour la jeune fille, mais également, " pour lutter contre la loi du silence qui entoure le drame. " Mercredi 1er juillet, Fatima était retrouvée dans une cave, brûlée, probablement après avoir été asphyxiée. Son frère, en prison depuis hier soir, est suspecté d'être l'auteur du crime. Si les mobiles sont encore flous, l'association Ni putes Ni soumise a déjà une certitude : " après Sohanne, Ghofrane, Chahrazad, le machisme aveugle frappe encore notre pays ". Rendez-vous est donc pris. Le lendemain, une soixantaine de jeunes femmes sont présentes : amies de la victime, voisines ou simples habitantes du quartier. La presse est au rendez-vous également.
Du côté de Ni putes Ni Soumises, le dispositif est bien rodé. L'association a l'habitude de traiter avec les médias. A peine arrivés, les journalistes se voient proposer une interview avec la présidente de l'association. Sihem Habchi a souhaité réagir vite, alors même que les circonstances exactes qui entourent la mort de la jeune fille sont encore floues, " pour marquer le coup ". Son discours est clair : " Il faut au plus vite que le message soit lancé en direction de ces filles, de toutes ces femmes qui continuent à se cacher, à penser qu'être libre c'est un acte de résistance. Il était naturel que Ni Putes Ni Soumises soit présent. "
Mais tous ne partagent pas son avis. En particulier, Nadir Bourkani, un proche venu représenter la famille, qui n'a pas souhaité être présente, explique, un peu énervé : " la famille a confiance dans la justice, elle souhaite la laisser travailler dans la sérénité. Néanmoins, ce qu'elle déplore, c'est l'association entre l'islamité et la violence. La famille refuse de participer et de cautionner cette tentative de récupération. De toute manière, le nombre de participants montre bien que Ni Putes Ni soumises n'a pas réussi à mobiliser ". Et de conclure : " Leur présence n'est pas justifiée ".
Du côté des jeunes filles présentes, certaines s'élèvent également contre l'association : " Est-ce qu'ils connaissaient Fatima ? " s'interroge l'une d'elles. Pourtant, Ni Putes Ni Soumises, par la voix de sa présidente, affirme être présent à la demande des amies de Fatima. " C'est la fameuse question de la stigmatisation, moi j'en ai marre, y'en a ras le bol. Qui va parler à notre place ? Moi je crois que la meilleure façon c'est d'occuper le terrain et de dire les choses ", répond Sihem Habchi avant de conclure : " Même si nous dérangeons, même si je sais que c'est pas facile de parler des sujets qui fâchent, et bien il faut le faire et on continuera à le faire ". Dure problématique que celle de la prise de parole politique après un drame. Une habitante résume bien la situation en évoquant l'absence du maire d'Oullins, François-Noël Buffet (UMP): " On a l'impression qu'il s'en fout, on aimerait que ça le touche, et en même temps, s'il était là, on dirait qu'il récupère la mort de Fatima ".
Vidéo: Loan Nguyen
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