Meurtre du dealer de Mornant : le "rouquin" acquitté

Après une semaine de procès éprouvante, la Cour d'Assises du Rhône a rendu son verdict vendredi 3 juin. Le "rouquin", qui était accusé d'avoir tué en 2007 son ami et dealer, surnommé le "serpent", a été acquitté dans une salle sous tension.

19h30 : Le Président rappelle la Cour, après plus de quatre heures de délibéré. Une vingtaine de policiers sont dispersés dans la salle comble pour éviter les débordements. Le Président annonce le verdict : le "rouquin" est acquitté, alors qu'il était accusé d'avoir tué son dealer, dit le "serpent", en décembre 2007 à Mornant. La tension est palpable.

"Rouquin" est immédiatement évacué de la salle, tandis que les cris et les pleurs se font entendre des deux côtés. Pleurs de joie du côté de l'avocate de la défense, ovationnée par les applaudissements et les cris de joie de la famille du "rouquin". Pleurs de déception du côté des parties civiles. La mère de la victime crie sa colère, tandis que les policiers essaient d'évacuer la salle dans le calme.

Une communauté fracturée

C'est que la communauté des gens du voyage de la banlieue sud de Lyon ne sortira pas indemne de cette affaire. Celle-ci s'est scindée en deux, l'une soutenant la famille du "rouquin", l'autre celle du "serpent". Les deux camps se sont violemment déchirés

(https://www.lyoncapitale.fr/journal/univers/Actualite/Justice/Meurtre-du-dealer-de-Mornant-proces-sous-haute-tension), échangeant menaces et risquant à plusieurs reprises d'en venir aux mains durant ce procès d'une semaine.

Conscient du danger de représailles, l'avocat général a d'ailleurs requis 15 ans de réclusion criminelle (alors que "rouquin" en encourait 30). "En ce qui me concerne, je souhaiterais que vous rendiez un verdict qui satisfasse la société mais qui ne mette pas le feu aux poudres", avait-il expliqué à l'issue de son réquisitoire.

Acquitté, "au bénéfice du doute"

L'avocat de la partie civile avait, quant-à lui, résumé tous les éléments qui menaient vers "rouquin", évoquant une possible jalousie du client envers son dealer et la panique pour expliquer toutes les incohérences du dossier. "Un meurtre ne peut pas être parfait quand on est drogué", avait-il invectivé, cherchant à expliquer les nombreux indices ayant mené à accuser le "rouquin". Son pull retrouvé à côté du corps de la victime, "rouquin" était aussi en possession du téléphone de ce dernier, sa voiture avait été détruite quelques jours après le drame tandis que des munitions identiques à celle retrouvée sur le parking de Mornant où gisait le cadavre étaient découvertes sur son terrain : les indices étaient troublants.

Trop gros, pour l'avocate de la défense, qui évoque une possible machination pour faire accuser le "rouquin" : "Monsieur le président, vous aviez parlé, en début d'audience, d'un puzzle. J'ai le sentiment que le puzzle n'est pas achevé aujourd'hui". Dans une plaidoirie habile, l'avocate a mis en avant l'absence de preuve formelle et les nombreuses zones d'ombre restantes.

"Avec des impressions et des déductions, on enverrait tout le monde en prison", a-t-elle conclu. Un avis semble-t-il partagé par les jurés. Mais un verdict qui laisse aussi un sentiment d'inachevé ; la mort du "serpent" restant inexpliquée.

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