Le député du Rhône, Michel Havard est favorable à l'introduction de l'acupuncture en milieu hospitalier. Il l'a fait savoir le 29 septembre dernier en rédigeant une question écrite destinée à la ministre de la Santé et des Sports, Roselyne Bachelot. Certains praticiens reçoivent déjà en consultations des femmes enceintes.
Troubles du sommeil, addiction au tabac, stress, de nombreuses personnes consultent des acupuncteurs. Michel Havard, député du Rhône veut étendre la pratique aux hôpitaux. Il a rédigé une question écrite dans laquelle il interpelle la ministre de la Santé et des Sports, Roselyne Bachelot sur l'introduction de l'acupuncture en milieu hospitalier. Issue de la médecine chinoise, l'acupuncture aurait pour vertus de lutter contre la nausée et les vomissements associés aux interventions chirurgicales et aux traitements de chimiothérapie. En milieu hospitalier, elle pourrait remplacer la prise de médicaments pour les patients qui le désirent. "Ça me paraissait suffisamment intéressant et de santé publique pour poser la question écrite au ministre", déclare Michel Havard.
Le député s'appuie notamment sur le fait que l'acupuncture soit aujourd'hui l'objet d'un diplôme universitaire de 3 ans pour légitimer cette pratique. Il met également en avant le CHU de Strasbourg qui utilise l'acupuncture depuis de nombreuses années dans ses services d'obstétrique. C'est d'ailleurs ce modèle que souhaite généraliser le député à l'ensemble des hôpitaux de France. La mise en place de ce dispositif paraît tout de même compliqué eu égard à son approbation par le corps médical lyonnais, jugé "réticent aux nouvelles pratiques" par Béatrice Paquier-Frering, acupunctrice au centre médical Ambroise Paré. Elle a également pratiqué l'acupuncture pendant plusieurs années au centre régional de lutte contre le cancer Léon Bérard.
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Lyon Capitale : Michel Havard vante les mérites de l'acupuncture en milieu hospitalier notamment pour lutter contre les nausées et vomissements, est-ce vraiment efficace ?
Béatrice Paquier-Frering : Il y a des essais cliniques d'un niveau scientifique important qui sont probants. C'est plus que des présomptions scientifiques. Aujourd'hui, il y a des preuves de l'efficacité de l'acupuncture dans la prévention des nausées, vomissements post-anésthésie, dans la grossesse ou en complément des traitements de chimiothérapie. L'intérêt, c'est de baisser les effets secondaires des traitements et puis il y a des tas d'autres indications d'acupuncture en complémentarité d'autres techniques occidentales qui ont de l'intérêt à être utilisé en milieu hospitalier et notamment en obstétrique chez la femme enceinte.
La formation universitaire d'acupuncture à Lyon va être arrêtée prochainement, comment l'expliquez-vous?
C'est multifactoriel, c'est historique à Lyon. Il y a des réticences vis-à-vis de cette pratique de la part de certains médecins lyonnais.
L'introduction de l'acupuncture en milieu hospitalier à Lyon n'est donc pas pour tout de suite?
C'est un travail de longue haleine. Il y a des médecins qui sont très classiques, pas forcément ouverts à ce type de pratique. L'impulsion ici est plus longue à donner. C'est tout un enseignement à la fac, une vision, une ouverture d'esprit et c'est vrai que le milieu lyonnais n'est pas très ouvert à cela, c'est une réalité. Cela ne veut pas dire que cela ne se fera jamais, ça s'ouvre doucement. Tant que ce n'est pas porté par un patron, un service, on voit bien que l'impact est moindre.