Mais le remaniement ministériel de Nicolas Sarkozy ne se profilant pas avant les élections européennes de juin 2009, Michel Mercier botte en touche sur la question, par ailleurs empêtré dans des dossiers chauds comme le revenu de solidarité active (RSA) ou le musée des Confluences. Des questions qui ne l'empêchent pas de tacler les instances locale et nationale du Modem dont il demeure trésorier, sur un ton " café du commerce " que le président-sénateur affectionne.
Lyon Capitale : Vous avez décidé de ne pas augmenter les impôts du département. Comment voyez-vous la hausse de la fiscalité annoncée par Gérard Collomb ?
Michel Mercier : C'est son affaire, je ne veux pas me mêler de ses problèmes. Pour notre part, en faisant des économies, en serrant le plus possible sur le budget de fonctionnement notamment, on pense que le Département peut fonctionner sans augmenter ses impôts. En période de crise, il faut que l'on fasse un effort. D'ailleurs, si le gouvernement lance un grand plan de relance de l'économie, le Département essaiera d'y trouver un rôle. Cela peut faire l'objet d'un vote particulier début janvier, si nécessaire. Mais il faut que cela se fasse rapidement, si on lance tout ça trop tard, les entreprises en difficulté seront déjà mortes.
Cyrille Isaac-Sybille vient d'être élu à la tête de la fédération départementale du Modem, poste duquel vous avez démissionné à l'issue des élections municipales. L'avez-vous rencontré ?
C'est drôle, un centriste peut toujours en cacher un autre. Isaac-Sybille a été élu, qu'il assume, qu'il se débrouille. Il faudra qu'il veille à ce que tout le monde se trouve bien à la maison, et il reste pas mal d'efforts à faire. Dès lors que j'ai démissionné, je ne vais pas certainement pas me mêler de ça.
Vous demeurez toutefois trésorier du Modem, au sein des instances nationales. Au niveau local, le parti tente en ce moment de se constituer en sections, et Eric Lafond, porte-parole de la fédération du Rhône, a annoncé que le Modem compte désormais donner son opinion sur les dossiers importants de l'agglomération, comme le Grand Stade de l'OL à Décines.
Je ne sais pas ce que signifie une opinion Modem sur une histoire de stade. Pour ma part, je m'interdis de commenter le lieu choisi par Jean-Michel Aulas et Gérard Collomb. Au département, on avait prévu bien avant le projet du stade de faire dans l'Est lyonnais deux voiries, et elles seront faites qu'il y ait grand stade ou pas.
Christine Albanel a visité fin novembre les collections du futur musée des Confluences. Le chantier s'éternise et le budget a explosé. Avez-vous demandé à la ministre un coup de main financier ?
Non, pas du tout. En revanche, elle a montré suffisamment d'enthousiasme pour qu'on termine cette affaire-là. On a actuellement de graves problèmes avec l'entreprise qui s'occupe du chantier, et on est en train de trouver des solutions. En ce qui concerne la fin de ce chantier, je ne donne pas de date. Et par ailleurs, le budget n'a pas explosé, il a augmenté comme tous les prix du bâtiment ! En attendant que le chantier se termine, on va sortir les collections du musée, je vous annonce que l'on va lancer l'opération "le musée dehors", qui consiste à exposer nos pièces dans des galeries, des halls de gare, des stations de métro, des centres commerciaux, partout où elles pourront être reçues.
Vous avez inauguré la ligne de tram Lesly avec le secrétaire d'Etat aux transports, Dominique Bussereau, et le département est un gros investisseur du projet.
Oui, cela fait partie de nos compétences depuis une loi que j'ai fait voter d'ailleurs. J'ai toujours dit qu'une grande agglomération ne pouvait pas se passer d'aéroport. Le Département a été la première collectivité à investir pour ce projet. On a payé le tiers de la gare TGV à Saint-Exupéry, et on dit depuis le départ qu'il faut conserver la ligne du chemin de fer de l'Est pour desservir le centre de Lyon jusqu'à l'aéroport. Notre investissement de départ est de 100 millions d'euros, mais le contrat présente un sérieux avantage : la société qui a été retenue pour exploiter Lesly devra trouver ses clients toute seule, le Département ne paiera rien de plus.
Autre dossier départemental : le revenu de solidarité active (RSA). On dit que vous rechignez à le mettre en place.
Non, pas du tout. Ce sont les modalités de gestion du RSA qui ont pu poser des problèmes, mais c'est de la technique pure, et essentiellement informatique. Les questions sont : comment on suit les bénéficiaires du RSA, et comment on coordonne nos actions avec les référents comme la CAF ? L'objectif du Département, en fin de compte, est de ne pas être qu'un payeur, mais d'être aussi un acteur. J'avais fait un certain nombre de propositions dans la loi sur le RSA, qui ont bien été reprises, notamment sur la question du contrôle. Le RSA ne se met de toutes façons en place qu'en juillet, d'ici là on a un peu de temps. Ce sera une masse de dossiers en plus, mais comme il s'agit de gens qui bénéficiaient déjà du RMI ou de l'API (allocation parent isolé), nos services sociaux les connaissent déjà.
Vous aviez parlé, dans une lettre envoyée aux habitants de Thizy, d'une démission de la présidence du conseil général à la fin de l'année 2008. Nous y sommes, est-ce toujours d'actualité ?
Oui, je sais bien, c'est moi qui l'ai écrite. Mais ce n'est pas fait : il faut d'abord que les dossiers du département soient réglés, et que l'on ait bouclé les histoires de budget. Je ne partirai pas tant que tout ça n'est pas réglé.
Doit-on donc s'attendre à l'annonce de votre départ à la fin de l'année, ou attendez-vous un prochain remaniement ministériel pour rejoindre Paris ? Que ferez-vous de votre fauteuil de maire de Thizy, que vous aviez dû quitter pour cause de cumul des mandats ?
Vous verrez bien, je ne dirai rien là-dessus pour le moment. Concernant Thizy, ne vous en faîtes pas, quoi qu'il arrive, j'y reste : c'est chez moi.
Vous êtes plutôt proche du gouvernement, alors que François Bayrou, président du Modem, fait figure d'opposant systématique à Nicolas Sarkozy.
François et moi ne sommes pas tout le temps d'accord, mais on se parle tous les jours. Regardez sur mon portable, j'ai des appels échangés avec lui à 10h05, à 9h35, à 9h28 : trois fois ce matin. Il a une posture politique dans une situation précise, ce qui est bien normal, il a une place à jouer. Mais je le connais depuis longtemps et je peux vous dire qu'il est plus à droite que moi !
Un scénario dans lequel la branche royaliste du PS et le centre de Bayrou fusionneraient est donc tout à fait utopique ?
C'est utopique, oui. Ça ne correspond pas du tout à la réalité, ça fonctionne à un moment donné, sur une zone géographique où il peut y avoir des accords locaux, mais c'est tout. Il n'y aura pas de fusion Bayrou-Royal, pour la simple et bonne raison qu'ils seraient tous les deux sur le même créneau, et qu'il n'y a pas beaucoup de place pour deux dans le même marigot. Et puis les deux partis sont très différents. Le Modem est devenu un parti de militants, alors que le PS est un parti d'élus. Autrefois l'UDF était un parti d'élus et le PS un parti de militants, et ça s'est inversé.
Mercier, pivot de la réforme sur les collectivités locales
C'est le dossier pour lequel le président du Département pourrait être appelé à rejoindre le gouvernement. Et en vue de la réforme, Nicolas Sarkozy a annoncé qu'il attendait des propositions "innovantes, volontaristes et audacieuses". C'est sans doute pourquoi Michel Mercier, rapporteur au Sénat sur les collectivités locales depuis plus de dix ans, prend aujourd'hui une posture plus radicale. Il prône en effet la disparition des communes qui deviendraient les arrondissements de grandes agglomérations. Pour faire passer la pillule à ses amis élus locaux, il propose une "boîte à outil" dans "un système libéral" qui s'adapterait quasiment à chaque situation. Et surtout, il propose la suppression des régions et départements qui ne formeraient plus qu'une seule collectivité, avec un unique conseil élu.
Les commentaires sont fermés