Michel Neyret "pas impliqué dans le trafic international de stupéfiants"

La clarification des procédures judiciaires en cours permet de mieux s'apercevoir de la réalité des reproches des juges parisiens à l'égard de Michel Neyret. Le grand flic lyonnais ne serait pas directement inquiété pour trafic international de stupéfiants avec des ramifications sud-américaines. Deux informations judiciaires sont en effet ouvertes qui, sans être totalement cloisonnées, n'en sont pas moins distinctes. Explications.

Les contours de l'affaire du "plus grand flic de France" s'éclaircissent après deux jours d'emballement médiatique et policier qui ont contribué, il faut bien le dire, à quelques amalgames. Michel Neyret, le n°2 de la PJ lyonnaise, n'est pas impliqué de façon directe dans le volet de l'enquête concernant un trafic international de stupéfiants avec des ramifications sud-américaine. Il s'agit d'un volet de procédure distinct de celui pour lequel Michel Neyret a été placé jeudi matin en garde à vue.

En effet, c'est sur ce volet qu'une information judiciaire a été ouverte par la JIRS de Paris fin 2010 pour un trafic de drogue international dans le cadre duquel trois personnes ont été interpellées dans la région lyonnaise et placées en garde à vue jeudi matin. C'est dans le cadre de cette information judiciaire que plusieurs perquisitions ont été réalisées jeudi après-midi et vendredi matin à Genève auprès de banques et de sociétés fiduciaires. La procédure judiciaire qui vise Michel Neyret est distincte de ce volet "international".

Corruption, association de malfaiteurs...

Le n°2 de la PJ de Lyon, pour sa part, a été placé en garde à vue dans le cadre d'une information judiciaire ouverte en mai 2011 pour des faits de corruption active et passive, trafic d'influence, association de malfaiteurs, trafic de stupéfiants, recel de vol et détournement de scellés.

C'est également dans ce cadre-là que six autres personnes sont actuellement en garde à vue, des fonctionnaires de police et des proches de Michel Neyret arrêtés à Lyon, Grenoble ou Cannes ces deux derniers jours. Au total, c'est près de 11 personnes qui sont soumis à un régime de garde à vue dans deux procédures judiciaires différentes au sein desquels les juges vont devoir désormais établir des liens possibles. La compagne de Michel Neyret est pour sa part suspectée de recel. En ligne de mire des enquêteurs également, les activités autour d'un hôtel dans la région de Vienne (Isère) géré par l'épouse de Michel Neyret.

Après deux jours de "flottement dans la communication qui a pu autoriser l'amalgame des journalistes", le parquet de Paris, que nous avons joint ce soir, indique que "Michel Neyret n'est pas impliqué dans le trafic international de stupéfiants". En clair, les perquisitions menées à Genève ne concerneraient pas directement le n°2 de la police judiciaire de Lyon nous indique une source judiciaire au Parquet de Paris. Le procureur de Genève, Jean-Bernard Schmid, a néanmoins expliqué que des "réseaux d'argent liés à Michel Neyret" ont été mis au jour. Une source proche de l'enquête nous indique également que Michel Neyret dispose de plusieurs comptes à l'étranger. Selon nos informations, les autorités judiciaires de Genève auraient mis en évidence des circuits financiers complexes empruntant plusieurs centres financiers différents, dont celui de Genève.

Grand banditisme

Toute la procédure en cours à l'encontre de Michel Neyret, son épouse et ses collègues des PJ de Lyon et Grenoble s'articule atour de la nature des liens entretenus avec des individus liés au grand banditisme. Michel Neyret était en effet lié à des malfrats de la pègre, dont Michel Zaragoza et Gilles Tépié impliqué dans la procédure ouverte pour trafic international de stupéfiants. Cette affaire a démarré en novembre 2010 quand la brigade des stupéfiants de Paris fait une descente dans un appartement de Neuilly-sur-Seine dans lequel ils mettent la main sur 111 kilos de cocaïne d'origine sud-américaine.

Gilles Tépié, 38 ans, a pris la fuite dans cette affaire. Après investigations et à la suite d'écoutes téléphoniques, la PJ de Paris s'est rendue compte que Michel Neyret entretenait des liens avec Gilles Tépié. C'est en raison de ces relations troubles avec le milieu du banditisme que la police des polices a commencé à enquêter et à surveiller Michel Neyret.

Le rôle exact de M. Neyret et des autres policiers de la PJ de Lyon restent donc à déterminer, de même que la réalité exacte des lourdes incriminations pénales qui leur sont adressées par les juges de la JIRS de Paris. Une source proche de l'enquête nous indique cependant que les écoutes téléphoniques sont accablantes pour Michel Neyret et étayent les soupçons de liaisons dangereuses avec le grand banditisme. De même que les liens avec les individus qui ont organisé un trafic international de stupéfiants semblent être établis par ces écoutes. Michel Neyret aurait également court-circuité des enquêtes de police en alertant des malfrats sur des descentes de police, leur permettant ainsi d'y échapper. Les premières garde à vue devraient prendre fin samedi matin.

(mis à jour à 1h55)

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