Le projet de loi sur la transition énergétique divise. Entre le texte adopté par l’Assemblée nationale le 14 octobre et celui qui sera présenté au Sénat ce mardi, le fossé se creuse. Si des avancées ont été constatées sur la mobilité douce, la biomasse ou la rénovation des bâtiments, un recul est à noter sur le nucléaire et les énergies renouvelables. Entretien avec Michèle Rivasi, députée européenne (EELV).
Lyon Capitale : Les sénateurs ont rétrogradé sur le nucléaire et les grands objectifs énergétiques. Quelle est votre réaction ?
Michèle Rivasi : Pour être franche, je m'attendais à ce que le Sénat détricote ce projet de loi. Ils sont à côté de la plaque. Ils n'ont toujours pas compris qu'il faut développer les énergies renouvelables, les PME du secteur, mais également atteindre les objectifs en matière de réchauffement climatique.
Qu’est-ce qui vous énerve le plus ?
Le recul sur le nucléaire. L'objectif de réduire à 50 % la part de l'électricité d'origine nucléaire est conservé, mais aucune date limite n'est prévue. Alors que François Hollande l'avait promis d'ici 2025. On imagine donc qu'il y aura un statu quo pendant des années puisqu'il n'y a pas de calendrier.
Et puis, le plafonnement de l'électronucléaire passe de 63,2 gigawatts (GW) à 64,85 GW. Les sénateurs pensent ainsi que l'EPR de Flamanville pourra être mis en service et aucune centrale ne sera fermée. On est vraiment dans une logique passéiste : il y a quarante ans, ça serait passé, mais plus maintenant !
Selon Ségolène Royal, la ministre de l’Environnement, cette loi sur la transition énergique a vocation à créer 100 000 emplois...
Oui, c'est le côté positif de la loi. Les socialistes se sont rendu compte qu'il y avait des emplois à la clé. La création d'emplois se fera dans le secteur de la rénovation énergétique des bâtiments. En plus, ce seront des emplois qualifiés d'artisans, non délocalisables.
réduire de 50% la part nucléaire une excellente idée. SAUF : 650TWh conso du pays , 80% nucléaire soit 520TW donc reste à compenser 260TW par les moulins et les panos . Veuillez chère madame avoir la très gracieuse obligeance de nous communiquer la technologie que vous avez choisit pas en terme de politique mais techniques fiables fonctionnant indépendamment de la présence de vent, de soleil. Les hydroliennes seules palliatifs écologiques vont se mettre doucement en route mais je crains qu'elles ne puissent palier aux 260TW . la technologie est incompatible avec les prédictions politiques.
Il ne s'agit pas de compenser une consommation d'énergie par une autre, mais de réaliser des économies d'énergie. Voir en ce sens le scénario Negawatt : http://www.negawatt.org/scenario Une sortie progressive du nucléaire est possible et créatrice d'emplois. La difficulté n'est pas technique, mais politique, dans un pays où le nucléaire a été imposé à la population sans aucune concertation préalable.