Dans la journée de jeudi, une violente altercation a opposé des migrants à Calais faisant plusieurs blessés dont quatre graves. Le soir même, l’ancien maire de Lyon et ministre de l’Intérieur Gérard Collomb s’est rendu sur place. Il y a critiqué directement et violemment les associations qui viennent en aide aux migrants qui souhaitent passer en Angleterre.
C’est un affrontement sans précédent entre plusieurs centaines de migrants afghans et africains qui s’est déroulé à différents endroits de Calais ce jeudi. Ces rixes ont provoqué la colère du ministre de l'Intérieur. Gérard Collomb s’est rendu le soir même sur place. Il a pointé comme responsables de ces bagarres les associations qui distribuent de la nourriture aux migrants. “Ce type d’attroupement mène à de graves troubles à l’ordre public”, a-t-il tancé. Gérard Collomb a annoncé que ce seront les services de l’État qui s’occuperont “sous 15 jours” de la distribution des repas à Calais. Une initiative qui fait sourire les responsables d'associations. “Il affirme que c’est la distribution de repas qui engendre des troubles à l’ordre public et, dans la foulée, il nous dit que c’est l’État qui va s’en charger désormais. Je suis curieux de savoir comment il va s’y prendre” a réagi l’un deux pour 20 minutes.
De leur côté, les associations dénoncent un climat de misère et de violence créé par les forces de l’ordre commandées par Gérard Collomb. Il y aurait “un harcèlement quotidien“ de la part des policiers qui détruisent systématiquement tout campement chaque matin, causant “une exaspération, une tension énorme”. Pour ces associations, ce contexte a favorisé l’influence des passeurs qui n’hésitent pas à utiliser la violence pour garder le contrôle des meilleurs passages vers l’Angleterre.
Un affrontement qui dure depuis juin 2017
Depuis plusieurs mois, la relation entre les associations pro-migrants et le ministre de l’Intérieur se tend et a même cassé à plusieurs reprise. Déjà en juin dernier, il avait souhaité que celles-ci quittent Calais : “il y a peut-être d'autres lieux que Calais où elles pourront déployer leur savoir-faire”. Les associations avaient, au même moment, porté plainte contre la police pour des faits supposés de violences sur les migrants.
Puis, en décembre dernier, Gérard Collomb a publié une circulaire dénoncée par les associations comme autorisant les agents de l’immigration française à entrer dans les centres d’hébergements, traditionnellement des lieux de refuge sanctuarisés, pour y trier les migrants. Un scandale pour une bonne partie des humanitaires qui avaient claqué la porte du ministère. Toutes les semaines ou presque, les associatifs et Gérard Collomb s’affrontent. Point d’orgue de cette escalade de la violence verbale, le Canard enchaîné avait rapporté que Gérard Collomb aurait comparé les membres de ces associations humanitaires au gouvernement de l’ex-URSS. Alors que la députée Aurore Bergé dénonçait le noyautage par l’extrême gauche des associations pro-migrants, il aurait ajouté : “Et l’extrême gauche, (...) ce sont des millions de mort en URSS”.
Critiqué, l’ancien maire de Lyon, présent aux côtés du président depuis la première heure, peut toujours compter sur le soutien d’Emmanuel Macron dont il doit faire la politique et le service après-vente de la question migratoire : accueil des réfugiés choisis selon la nationalité, expulsion des migrants économiques et élimination de tous les camps sauvages.
Comme maire et président du Grand Lyon, G. Collomb a l'expérience de la gestion des migrants sur le territoire ainsi que celle des associations.