Pour un groupe de mineurs isolés logés dans une salle de répit dans le 1er arrondissement, l’échéance approche. Depuis le 20 juillet et jusqu’au 31 août, l'association Coordination Urgence Migrants (CUM) s’occupe d’une salle d’accueil pour les mineurs isolés arrivant sur Lyon, avec l’accord de la maire du 1er, Nathalie Perrin-Gilbert
Dans un petit local du premier arrondissement, une salle destinée aux associations a été convertie en abri pour mineurs isolés. Environ vingt jeunes y trouvent refuge tous les soirs à partir de 17h. Une poignée de bénévoles sont présents pour veiller sur eux, ce vendredi soir. Dans cette petite salle, des dessins enfantins viennent égayer les murs beiges. Rassemblés autour d’un bénévole équipé d’une ardoise noire, quelques jeunes écoutent leur cours de français. Pour les bénévoles présents, les pensées sont à la logistique : le dîner du soir, les pointages. "Nous avons tout un fichier avec le nombre de mineurs que nous avons accueillis pour dresser un bilan de ce que nous avons fait dans cette salle", explique une bénévole.
Convention jusqu’au 31 août
Alertée par des habitants du quartier, la maire du 1er arrondissement, Nathalie Perrin-Gilbert, a fait appel aux associations pour trouver une solution de logement pour ces mineurs isolés, qui dormaient auparavant dans les rues de la Croix-Rousse. L’association Coordination Urgence Migrants (CUM) a signé une convention avec la mairie pour offrir un lieu d’hébergement aux mineurs isolés en attente d’une solution d’hébergement de la part des services de la métropole. La salle est initialement utilisée par des associations qui reprendront leurs quartiers dès le 31 août. "Dès le mois de septembre les associations vont réutiliser la salle, nous ne pourrons plus y loger de mineurs", explique Jean-Paul Vilain, président du CUM.
La métropole compétente
Depuis le 10 avril, c’est l’association Forum Réfugiés qui est chargé par la métropole de mettre à l'abri les mineurs isolés le temps d’évaluer leur minorité. Si leur âge est confirmé, le mineur est alors pris en charge par les services de Protection de l’enfance de la métropole de Lyon. Par manque de place, des enfants ne sont pas directement mis à l’abri. "Normalement, ils devraient être pris en charge dès leur arrivée, dans la pratique, ce n’est pas le cas", explique une bénévole de la salle de répit. A Lyon, des associations comme le CUM ou des collectifs tentent de pallier cette insuffisance. Des suites de l’occupation des amphis de l'université Lyon 2, des étudiants lyonnais ont décidé de loger des migrants et mineurs isolés chez eux, dans l’attente de leur prise en charge par les pouvoirs publics. Mais beaucoup ne peuvent plus assurer l’accueil, n’étant pas à Lyon pendant l’été. Alors que le nombre d’arrivées s’accroit sur tout le territoire français, les associations sont inquiètes quant aux solutions pouvant être apportées par les autorités. Dans la métropole de Lyon, 1 300 mineurs isolés étrangers sont actuellement pris en charge par la Protection de l’enfance contre 590 en août 2016. David Kimelfeld, président de la métropole a assuré que le budget alloué aux mineurs isolés avait atteint 50 millions d’euros cette année contre 36 millions en 2017, dans une interview au Progrès. Avant de déclarer que c’est à l’Etat d’opérer une meilleure répartition au niveau national. De son côté, Nathalie Perrin-Gilbert dénonce un "problème structurel sur l'ensemble de la politique d'accueil" des ces jeunes. S'appuyant sur le cas d'un mineur dont la prise en charge par l'aide sociale à l'enfance a été refusée, la maire a adressé un recours gracieux à David Kimelfeld, dénonçant le "caractère non conforme de l'accueil par la métropole (...) de mineurs non accompagnés".
Aucune solution durable
"Une solution ? Bonne question !", s'exclame une bénévole. Pour l’instant, aucune solution durable n’a été trouvée pour les mineurs trouvant abris dans la salle de répit. Au 31 août, les enfants qui n’auront toujours pas été pris en charge par la métropole devront dormir dehors. Déjà, ils sont plusieurs à passer la nuit dans les jardins proches de la salle, faute de place. Comme Mohamed, rencontré devant le local, qui a dormi dehors après avoir rempli les papiers pour la procédure auprès de Forum Réfugiés. Beaucoup viennent aussi d’arriver et logent ici dans l’attente d’engager une procédure de prise en charge. "Ça fait trois jours que je suis à Lyon. Je suis venu car à Forum Réfugiés, ils m’ont dit qu’il n’y avait pas de place", explique le jeune Ibrahima. "On a demandé un rendez-vous avec la métropole et Forum Réfugiés pour trouver une solution", affirme Jean-Paul Vilain. Selon l'association, la métropole n'a pas répondu à cette demande. La CUM espère néanmoins que des mineurs pourront être mis à l’abri par les autorités d’ici la fin du mois. Déjà, 32 jeunes sur les 143 accueillis ont été mis à l'abri par les services de la métropole. Ceux qui restent pourraient trouver refuge auprès de bénévoles ou d’étudiants. Mais pour Anne, bénévole à la salle de répit, ce n’est pas une solution durable. "Se reposer sur les bénévoles c’est masquer le fait que la métropole ne met pas ces mineurs à l’abri comme elle devrait le faire. Les habitants peuvent loger des mineurs isolés, mais pas sur le long terme, car ce ne sont pas des professionnels de l’accueil et de l’accompagnement". "La solidarité citoyenne ne se substitue pas à l’Etat ", ajoute-t-elle.