Mineurs isolés : des lycées se mobilisent pour protéger leurs élèves

Depuis plusieurs mois, les bénévoles de Réseau éducation sans frontières (RESF) alertent sur le cas de mineurs isolés étrangers, pris en charge par la Méomie dans un premier temps, et pourtant concernés par des obligations de quitter le territoire (OQTF) par la suite. Mardi 3 avril, les Lycées Condorcet (Saint-Priest) et Marie Curie (Villeurbanne) organisent des mobilisations pour défendre le cas de deux mineurs menacés d’expulsion.

Cri de colère. L’arrivée des mineurs isolés étrangers sur le territoire continue d’inquiéter les bénévoles d’associations, qui craignent pour la sécurité des jeunes. S’ils parviennent à être pris en charge par la Méomie sur décision du Juge des Enfants, les enquêtes menées par la police aux frontières les menacent d’une expulsion. Ces enquêtes ont pour but de retracer le parcours du jeune, jusqu’avant son entrée sur le territoire français. Et il n’est pas rare que les jeunes s’enregistrent en Italie comme des personnes majeures. Les mineurs étant conduits dans des camps particuliers, difficile de quitter le territoire italien pour atteindre la France. Les jeunes préfèrent mentir, pour continuer leur route. C’est là que le bât blesse, et que les enquêteurs de la PAF détectent une incohérence quant à l’identité de ceux qui se disent mineurs. Et si les jeunes en question parviennent à faire venir leur passeport authentifié par leur pays d’origine, rien ne garantit que la PAF n’aura pas déjà rendu son enquête, impliquant une sortie des dispositifs et une obligation de quitter le territoire français. Dès lors que la minorité est contestée, les juge des enfants n’ont aucune obligation de continuer à protéger le jeune. Une pétition en ligne a été lancée pour soutenir le cas de l'un d'eux, Alpha.

Christian et Alpha, des jeunes en sursis

A 11h, une partie de l’équipe pédagogique du Lycée Marie Curie se rassemblera pour faire part du cas de Christian. Pris en charge par la Méomie et scolarisé, Christian a même reçu son passeport biométrique qui atteste de sa minorité. Un passeport que le police aux frontières (PAF) lui aurait confisqué. Sans papier et sans prise en charge, Christian risque d’être reconduit à la frontière italienne. Pour les bénévoles RESF et les professeurs de Christian, c’est l’incompréhension. "C’est un acharnement." Devant le Lycée Condorcet de Saint-Priest, le rassemblement aura lieu à 18h. Les professeurs défendront Alpha, un mineur isolé de 17 ans. Les personnes mobilisées demandent que qu’il ne soit plus concerné par l’OQTF (Obligation de quitter le territoire français) qui plane au-dessus de sa tête. En octobre dernier, plusieurs professeurs se rassemblaient déjà devant l’office de la Police aux Frontières (PAF), où était retenu Alpha pour "recel de faux papiers et escroquerie". Pourtant pris en charge par la Méomie qui l’avait reconnu mineur, Alpha est désormais en sursis. Sa prise en charge par les services de protection de l’enfance pourrait s’arrêter, et il pourrait se retrouver mis à la rue. Pourtant, Alpha a reçu son passeport guinéen il y a peu. Son avocat a décidé de faire appel contre la décision prise par le tribunal administratif de maintenir l’OQTF contre le jeune mineur isolé, qui deviendra majeur à la fin du mois de mai. "Le problème c’est que les délais sont très longs. Son avocat essaie de lancer des procédures d’accélération, mais nous craignons qu’il soit expulsé avant", explique une professeure de Alpha. L’inquiétude surtout, repose sur le fait que les mesures d’appel et de recours ne soient pas suspensives, c’est-à-dire que le jeune pourrait être expulsé bien que les démarches soient en cours. De son côté, la préfecture attend qu’Alpha présente son passeport, une preuve de sa minorité.

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