Un tiers de l'offre médicale de Mions, petite ville la Métropole de Lyon, va disparaître en fin d'année. Le maire lance un vaste plan santé "inédit" en France.
"On parle de 3 000 patients sans médecins traitants au 31 décembre 2024, dont 200 en ALD, c'est-à-dire les affections longue durée, comme les AVC invalidants, les cancers, les personnes à domicile. C'est une situation catastrophique !"
D'ici la fin de l'année, dans cette commune de 15 000 habitants de la métropole de Lyon, située à quinze kilomètres sud-est de la place Bellecour, quatre des onze médecins de la ville ne seront plus en exercice. Soit un tiers de l'offre de la ville.
Le sujet n'est pas isolé. A l'échelon national, selon les dernières statistiques de la Mutualité française, le nombre de médecins en activité pour 100 000 habitants se réduit pour la première fois de 8% en 2024, atteignant 311 médecins pour 100 000 habitants (contre 339 médecins pour 100 000 habitants en 2023).
Mions : sept fois moins de médecins par habitant que la moyenne nationale
mais avec 7 médecins pour 15 000 habitants, Mions compte sept fois moins de professionnels que la moyenne nationale (avec de grosse disparités régionales).
Jeudi 26 septembre, le maire va donc proposer au vote du conseil municipal un grand "pan santé", "inédit" en France. Coût : 2 millions d'euros sur 10 ans. Soit 13 euros par an et par habitant sur une décennie.
Dans les grands axes, la création d’un poste de médecin territorial municipal, rémunéré par la ville, avec le versement d'une prime à l'installation de 13 000 euros et une subvention d'équipement. Ou encore le versement d’une bourse d’études de 800€ mensuel pour les étudiants en internat, avec engagement d’exercer sur la commune 2 ans par année financée.
Retranscription intégrale de l'entretien avec Mickaël paccaud
Bonjour à tous et bienvenue dans ce nouveau rendez-vous de 6 minutes chrono. Nous accueillons aujourd'hui Mickaël Paccaud, bonjour.
Bonjour.
Vous êtes le maire Les Républicains de Mions, une ville d'à peu près 15 000 habitants, dans la métropole de Lyon. Si on vous invite, c'est pour parler santé puisque, au 31 décembre 2024, votre commune va perdre d'un coup 4 médecins sur 11, c'est-à-dire un tiers de son offre médicale. Combien de patients sont impactés ?
Alors on parle de 3 000 patients sans médecins traitants au 31 décembre 2024, dont 200 en ALD, c'est-à-dire les affections longue durée, comme les AVC invalidants, les cancers, les personnes à domicile, etc. C'est une situation catastrophique.
Pour remédier à cette situation, vous avez lancé un plan un grand plan santé, le but étant de modifier un peu, justement, ce paysage sanitaire à Mions. Quels sont les grands axes les grandes lignes de ce plan ?
Alors, c'est un plan santé qui est totalement inédit, qui va être vraiment engagé, proactif, et tourné vers l'avenir avec une vue 360. On va aussi bien maintenir l'offre actuelle chercher de nouveaux médecins et miser sur l'avenir.
Alors justement, pour ramener des médecins à Mions, comment faites-vous ? Parce que on le voit alors il n'y a pas qu'à Mions, c'est très compliqué de partout, que ce soit en ville ou dans les campagnes. Comment vous faites pour un fidéliser les médecins qui restent et puis ramener des médecins sur votre commune ?
Pour les fidéliser, on va proposer une subvention d'investissement pour l'équipement de médecins, de sages-femmes et d'infirmières libérales, parce qu'il faut penser au monde libéral, assurer leur sécurité en distribuant des boutons d'alerte, parce que c'est aussi un vrai sujet. Il est national, mais il peut être aussi local avec des agressions, quelquefois, ou quand des professionnels de santé interviennent à domicile, les situations peuvent être compliquées donc il y aura des boutons d'alerte reliés à la police et au centre de vidéo. On va créer une navette pour les seniors, pour les emmener sur des rendez-vous et créer aussi trois places de stationnement sur des lieux en tension et ensuite pour faire venir des médecins à Mions.
Prime à l'installation de quel montant ?
13 000 euros. Ce n'est pas rien du tout, et qui peut être cumulable avec les autres. Je vous disais aussi miser sur l'avenir, avec la création d'un poste de médecin municipal
C'est donc la mairie qui rémunère le médecin ?
Complètement. C'est un employé municipal, il y aura le titre de médecin. On a aussi les primes pour les jeunes internes, donc 800 euros par mois, c'est les internes quand ils viennent faire leur stage, l'idée c'est qu'ils viennent à Mions avec un tutor, un médecin déjà formé, on leur trouvera un logement et on leur donnera 800 euros par mois, et chaque année financée, ils nous devront deux ans sur la commune pour être médecins à l'issue de leur cursus et je vous disais on mise sur l'avenir. Les étudiants de première année, jusqu'à la sixième année on va aussi leur donner une petite subvention d'équipement de matériel informatique, parce que quand on est étudiant en médecine eh bien il faut acheter un ordinateur etc. Voilà, c'est très large.
Donc il y a quand même un gros investissement financier.
Il est estimé à 2 millions d'euros sur dix ans.
Je ne connais pas le budget de la ville de Mions mais ça représente j'imagine quand même ça grève un peu le budget. Comment vous allez faire ? La question que je vais vous poser forcément est-ce que vous allez augmenter les impôts ?
Certainement pas, c'est ce que je répète. On ne va pas augmenter les impôts et je vais gréver sur rien du tout. Vous savez, quand vous êtes à la tête d'une mairie, il y a le fonctionnement et les investissements. Eh bien la santé, c'est un sujet qui est hyper important. Encore une fois, l'État se défausse. Quoique j'ai quand même espoir dans le nouveau gouvernement. Mais là on est en train de parler de 13 euros par an et par habitant, 130 euros sur dix ans. Donc oui c'est 2 millions d'euros sur dix ans mais je ne vais rien toucher et je vais trouver des ajustements. Personne ne s'en tient à rien du tout. Ça va très bien se passer.
Finalement 13 euros sur dix ans en apportant effectivement un service quasi public...
Quand l'État n'assure pas, nous on est là pour bosser derrière. On peut aussi parler de la sécurité. On ne va pas en parler aujourd'hui, mais quand l'État n'est pas là, on a les effectifs nécessaires. Les villes compensent. C'est ce que je fais aujourd'hui.
C'est vrai que sur la ville de Mions sur la sécurité c'est un autre sujet mais vous êtes très en pointe. Et vous avez commencé déjà à discuter avec les administrés de la ville de Mions e votre plan santé ?
Je ne peux pas sortir de la mairie sans être attrapé où on me parle de médecin traitant. C'est vraiment sur la commune, c'est une catastrophe ce qui va se passer si on ne trouve pas des solutions aujourd'hui. Donc c'est pour ça que ce plan santé, moi, je veux le passer au conseil municipal de ce jeudi 26 septembre et j'espère bien que l'ensemble des élus, y compris les oppositions, voteront ce plan santé qui est un plan santé, qui est encore une fois inédit. Je n'ai pas vu de telles choses sur le territoire. Et ça change.
Est-ce que le fait que l'ARS et l'agence régionale de santé et l'assurance maladie avaient créé en fin décembre 2023 une communauté professionnelle territoriale de santé Saint-Priest-Mions ça a apporté un peu d'air en termes de santé ?
On est vraiment dans les débuts. Ce sont les professionnels de santé entre eux qui travaillent avec ceux de Saint-Priest. Moi je dois les rencontrer, jeudi matin, hasard du calendrier, je dois rencontrer l'ARS et également la CPTS pour qu'on travaille tous ensemble parce qu'il y a des réseaux un peu de partout. L'idée, c'est que le maire que je suis prenne ses responsabilités sur une compétence qui n'est pas la mienne mais j'y vais je mets tous les moyens et je travaille avec tout le monde pour ramener des médecins sur la commune et pérenniser l'offre.
Le numerus closus, pour "protéger le marché monétaire des médecins" se retourne contre tout le monde.
Une fois de plus la monnaie détruit l'intelligence, détruite la bienveillance.
Mais "non, ce n'est pas l'usage de monnaie le problème !"
Assumez.
Et ce n'est que le début.
🙂