Sa sœur est fière de lui, des tags fleurissent pour célébrer ses actes, son sacrifice, des enseignants et pas uniquement dans les quartiers, remontent des paroles d’élèves, effrayantes de haine et de négation de l’autre.
Mais Mohamed Merah n’est rien, sa vie se résume d’ailleurs à cela : rien, en tout cas rien de positif, pas d’études, pas de vie professionnelle, aucune harmonie familiale, aucun lien affectif durable, uniquement des échecs, des errances, des actes répétitifs de délinquance, une violence quotidienne même contre ses proches, sa mère, un oncle.
Mohamed Merah, c’est une jeunesse ratée, solitaire, sans culture, sans objectif, sans capacité ou volonté de se bâtir un avenir. Les échecs qu’il subit le renvoient à ses rancœurs, à sa solitude, à son existence minable. Il va se raccrocher à des haines immatures, contre l’occident, contre les juifs, contre la modernité. Il va se définir ainsi : contre. Il n’existe qu’au travers de cette opposition radicale, contre les autres, ceux qui se sont intégrés, qui trouvent leur place dans la société.
Cette haine lui donne enfin une stature, une raison d’exister.
Il va errer en Palestine, en Syrie, en Afghanistan, lui, il ne trouve sa place nulle part.
Mais il veut être quelqu’un, il veut être reconnu pour autre chose qu’un pâle voyou inculte.
Il abat trois hommes dans la rue, des enfants, un enseignant dans une cour d’école.
Il les tue tous, alors qu’ils sont sans défense, qu’aucun ne se croit en danger. Il les a choisis dans le délire et la confusion de ce qu’il croit être un combat : militaires en permission, enfants juifs. Il s’enfuit casqué sur sa moto en hurlant « Allah akbar », quel panache, quelle bravoure… Mohamed Merah, ce héros.
Etrange époque où certains – et ils sont relativement nombreux – pratiquent l’apologie d’un crétin, d’un lâche, d’un minable.