Mer de Glace // photo : Pixabay

Mont-Blanc : des glaciers plus petits, des conséquences énormes

Les glaciers du Mont-Blanc, vont-ils un jour disparaître ? Comme des fleuves, ils ont des périodes de "crue" et de "décrue", mais aujourd'hui ces cycles sont bouleversés par le réchauffement climatique.

Dans les massifs de haute montagne comme les Alpes, les glaciers font partie intégrante du paysage. Depuis des millénaires, ils sont accrochés à flanc de colline et se précipitent dans les vallées. À partir des années 1850, leur évolution a été étudiée et montre parfois quelques surprises.

Notre histoire n’est pas bien grande face à ces géants de glace, formés il y a 600 000 ans. Depuis toujours, ils sont soumis à quelques évolutions. Il n’y a encore pas si longtemps, la France était touchée par "le petit âge glaciaire", une période de chute des températures, débuté au XVIe siècle. La fin n’a eu lieu que… 300 ans plus tard, au milieu du XIXe siècle. C'est seulement à ce moment-là que les glaciers ont commencé à être étudiés de plus près et leurs évolutions mesurées. La Mer de Glace s’étendait alors jusque dans la vallée de Chamonix. Une époque bel et bien révolue lorsqu’on voit le niveau et le recul actuel du front glacier.

Des fluctuations liées au climat et à l’enneigement hivernal

Dans le jargon scientifique, on parle d’une période de "crue" et de "décrue" pour dire qu’un glacier croît ou décroît. Depuis la fin du "petit âge glaciaire", les scientifiques ont relevé trois grandes périodes de crue pour les glaciers (Bossons, Argentière et Mer de Glace) du Mont-Blanc. La première dans les années 1890, la deuxième dans les années 1920 et la troisième dans entre 1983 et 1994. Des évolutions étonnantes qui s’expliquent par l’enneigement et le climat. Les crues glaciaires sont favorisées par un enneigement hivernal fort et un climat estival doux. Mais si l’enneigement hivernal est faible et que la température estivale est très élevée, on assistera à une période de décrue. Malheureusement, ce phénomène de recul est en constante accélération depuis la canicule de 2003. Entre 2003 et 2015, les glaciers du Mont-Blanc ont perdu environ 12% de leur superficie totale explique le laboratoire de Glaciologie et Géophysique de l’Environnement (LGGE). Chaque année, ils perdent 1% de leur épaisseur. Cette fonte reste cependant la plus faible des Alpes françaises. En effet, les glaciers du Mont-Blanc sont les plus hauts de France et sont (pour l’instant) moins touchés par le réchauffement climatique que leurs voisins à plus basse altitude. Pour combien de temps ?

Une disparition proche pour des conséquences dramatiques ?

Aujourd’hui, l’avenir de ces glaciers ne s’annonce guère meilleur, car la situation empire inexorablement. Les scientifiques multiplient les estimations sur les prochaines décennies et les prochains siècles. La Mer de Glace est le plus long glacier de France métropolitaine, mais si les conditions climatiques ne changent pas dans les prochaines années, son front glacier devrait reculer de 30 à 40 mètres par an. Dans 30 ans, la Mer de Glace pourrait s'arrêter 1 200 mètres avant sa position actuelle. Ce n’est pas tout. Si le réchauffement climatique persiste dans les deux prochains siècles, le glacier atteindra son niveau d’il y a 125 000 ans. Dans le même temps, les glaciers inférieurs à 3 500 mètres d’altitude auront, à priori, disparu d’ici la fin du siècle. Un constat tout aussi alarmant. Cette fonte n'est pas sans conséquence  des parois de roches qui ne sont plus tenues par les glaciers s'écroulent. Une grande partie des sentiers d’alpinisme du siècle dernier. Les glaciers "suspendus" qui sont accrochés à la paroi grâce au gel permanent pourraient s’écrouler. Leur effondrement provoquerait de véritables avalanches de glace.

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