Au mois d'août, Lyon Capitale vous propose de découvrir des lieux culturels parfois méconnus du grand public. Chaque samedi, retrouvez un musée de la Métropole de Lyon à visiter. Cette semaine, celui des sapeurs-pompiers du Rhône est à l'honneur.
Derrière la caserne de la Duchère, une volée de marches cachée dans un terrain boisé mène au sous-sol du centre d'intervention des sapeurs-pompiers du Rhône. Dans les années 1960, l'urbanisation du quartier liée à la crise du logement lyonnaise rend nécessaire la construction d'une nouvelle base pour les secouristes. Une dizaine d'année plus tard, en 1971, un groupe de bénévoles décide de créer un espace pour rendre hommage à la profession. Rassemblant des objets provenant d'un peu partout dans le Rhône ils les installent dans le bâtiment inoccupé. C'est la naissance du musée des sapeurs-pompiers de Lyon, qui ouvre ses portes au public cette année là.
Né de la volonté de rappeler la mémoire des pompiers à leurs pairs, il connaît à la fin des années 2000 une restructuration. Désormais, l'exposition permanente parle davantage à tous les visiteurs et s'inscrit dans l'histoire lyonnaise. Des activités pour les enfants et des stages d'apprentissage des premiers secours sont à présent disponibles pour que chacun y trouve son compte. Roseline Agustin-Triaud, la responsable du service des publics, souligne d'ailleurs la volonté de l'institution de redorer l'image d'une profession parfois décriée et source de défiance.
Une histoire de la profession et de ses risques
C'est Napoléon Ier qui crée en 1811 le premier bataillon de sapeurs-pompiers. À Paris, l'empereur en fait une profession militaire, qui l'est restée depuis. Dans la capitale des Gaules, c'est d'abord une affaire de municipalité. Victor Augagneur et Edouard Herriot sont les principaux instigateurs du développement du métier. Les premières ambulances sont d'ailleurs surnommées les "Victorines" par le corps de profession, en l'honneur de la fille du médecin qui a donné son nom au quai situé en face de l'Hôtel-Dieu. On en aperçoit les maquettes au cours de la visite.
L'exposition permanente revient sur l'évolution du corps de métier, des premières pompes à bras aux camions à gyrophares que l'on croise dans la rue. On y apprend que le vert impérial qui habillait les voitures des pompiers a été remplacé par le rouge de la monarchie anglaise, lorsque la France a commencé à importer du matériel anglais dans les années 1860.
Une salle a été consacrée à la mémoire des pompiers lyonnais. Les casques des dix-neuf secouristes morts à Saint-Jean en 1930 portent les marques du glissement de terrain qui leur a coûté la vie, alors qu'ils tentaient de sauver les habitants de la colline de Fourvière ensevelis. Le capitaine Rochat y a trouvé la mort et a donné son nom à la caserne Rochat, rue de la Madeleine (7e). Des extraits d'archives retracent également avec émotion le parcours des pompiers du Rhône tués lors de l'explosion de la raffinerie de Feyzin en 1966. L'exposition s'attache aux spécificités de la profession à Lyon, où risques chimiques et géographiques s'entremêlent en même temps que les deux fleuves. On comprend ainsi pourquoi le sauvetage nautique est devenu rapidement une priorité, sous le commandement du même Rochat.
Les mécanismes derrière un appel au 18
Avec l'exposition temporaire "Y'a pas le feu, mais y'a urgence", le musée aborde une thématique plus actuelle de la profession. 80% des interventions des sapeurs-pompiers sont aujourd'hui consacrées au service d'urgence aux personnes. Lorsque l'on compose le numéro d'urgence, 18, un processus grandement informatisé est mis en place pour porter secours le plus rapidement et efficacement possible aux victimes. C'est ce que l'exposition explique, à grand renfort d'activités ludiques interactives.
Gare à celui qui crie au loup ! En 2018, 40% des appels aux pompiers étaient classés "malveillants", composés de mauvaises blagues et de canulars téléphoniques. Les pompiers du Rhône en ont d'ailleurs conservé quelques-uns, que les visiteurs peuvent entendre dans le musée. Sanctionnée par la loi, cette pratique obstrue la ligne réservée aux urgences.
Un peu plus loin, on apprend que c'est à Lyon que l'on doit l'invention du SAMU, en 1957. C'est un neurochirurgien qui instaure le principe de mettre un urgentiste dans le véhicule des pompiers, afin de prodiguer les premiers soins aux victimes. Le Service d'Aide Médicale Urgente crée alors un nouveau modèle de secourisme, où le soignant vient directement au blessé sans attendre de le transporter. Le "stay and play" n'est pas la méthode employée dans Urgences et Grey's Anatomy, comme vous le saurez après avoir visité l'exposition...
Après un retour en arrière sur l'administration de services d'urgence aux personnes depuis le début du XXe siècle - où le massage pulmonaire sur le ventre était préféré à nos habitudes de réanimation contemporaines -, les plus jeunes peuvent se mettre dans la peau des soldats du feu au volant du camion rouge. Plusieurs ateliers sont également proposés aux enfants tout au long du mois d'août, ainsi que des spectacles de marionnettes. En raison de la capacité d'accueil, le pass sanitaire n'est pas exigé à l'entrée du musée pour les visites, mais il le sera dans le cadre des activités programmées.
Situé 358 avenue de Champagne, dans le 9e arrondissement de Lyon, le Musée des sapeurs-pompiers Lyon-Rhône est ouvert du mercredi au vendredi de 14 à 18 heures et les 7 et 8 août aux mêmes horaires. L'exposition temporaire "Y'a pas le feu, mais y'a urgence !" est visible jusqu'au 2 janvier. Tarifs : de 4 à 7 euros, plus 3 euros pour une visite guidée. Le musée est gratuit pour les mineurs et les bénéficiaires de minima sociaux, plus 1,50 euro pour une visite guidée.
Une visite plaisante et instructive pour notre petit-fils (9 ans)