Najat Vallaud-Belkacem
© Tim Douet

Najat Vallaud-Belkacem revient sur son parcours dans un livre

Najat Vallaud-Belkacem publie ce vendredi 24 février son autobiographie. Une manière pour la ministre de l’Éducation nationale de répondre à ses détracteurs, qui n’hésitent pas à lancer des rumeurs à son sujet, mais aussi de réaffirmer le sens de ses combats.

La vie a plus d'imagination que toi, l'autobiographie de Najat Vallaud-Belkacem (éd. Grasset), sort ce vendredi 24 février en librairies. Alors qu'elle n'a pas encore quarante ans, la ministre de l'Education nationale choisit de se raconter dans un livre.

“Je m’étais juré que je ne me raconterais pas”

"Je m'étais juré que je ne me raconterais pas, jamais, écrit-elle pourtant. Que je garderais pour moi ce qui n'appartient qu'à moi. Mais je ne m'appartiens plus tout à fait." Symbole de la réussite d'un parcours républicain pour les uns, incarnation du laxisme de la gauche pour les autres, Najat Vallaud-Belkacem ne laisse pas indifférent. À tel point que de nombreuses rumeurs circulent à son sujet.

En 2014, des blogs conspirationnistes de droite affirment qu'elle aurait changé de nom pour offrir un profil plus atypique : la ministre s'appellerait en fait Claudine Dupont... Plus récemment, un courrier extrêmement virulent à son encontre, signé Jean d'Ormesson, a été diffusé sur Internet. Courrier que l'académicien n'a jamais écrit. Par cet ouvrage, Najat Vallaud-Belkacem entend apporter sa vérité pour ne pas laisser le monopole de la parole à ceux qui "comblent les silences" et "racontent, imaginent, affublent".

“Jamais je ne me serais imaginée là”

Lorsqu'elle réussit le concours de Sciences Po, après trois ans de droit, la jeune femme a du mal à y croire. "Jamais je ne me serais imaginée là. Comme dit toujours ma mère, “La vie a plus d'imagination que toi, ma fille !” raconte-t-elle, espérant que son parcours incite d'autres jeunes à ne pas s'autocensurer. “Ne vous excusez jamais de vouloir aller toujours plus loin et toujours plus haut. L'ambition est la richesse des pauvres.”

Mais la ministre de l’Éducation nationale ne s'est pas tout de suite lancée en politique. En 2002, lors du premier tour de la présidentielle, elle est en vacances. "J'étais ailleurs, heureuse, et je n'ai pas voté." Jean-Marie Le Pen arrive au second tour. "J'ai pleuré de rage", écrit-elle. Quelque temps plus tard, Najat Vallaud-Belkacem prend sa carte au PS, puis grimpe les échelons. En quelques années, elle devient d'abord porte-parole du PS avant d'être nommée ministre des Droits des femmes puis de l’Éducation nationale.

La question de ses origines revient sans cesse au cœur du débat

"J'ai longtemps été protégée du racisme, admet la ministre, qui est née dans un petit village du Maroc. Paradoxalement, je l'ai rencontré en même temps que la politique." Lors de sa nomination, Najat Vallaud-Belkacem doit alors faire face aux attaques virulentes de l'extrême droite. Valeurs actuelles titre en une “L’ayatollah”. Minute en rajoute : “Une Marocaine musulmane à l’Éducation nationale : la provocation”. "Trop souvent, j'ai vu évoquer sur les réseaux sociaux ma “double allégeance”", regrette la ministre de l'Education nationale.

Alors que la droite l'attaque sur ses origines, ses camarades de gauche les mettent en avant. "Le fait même qu'elle ait ce visage, qu'elle porte ce nom, c'est aussi un message", a déclaré François Hollande dans Society. Moins bienveillante, Ségolène Royal expliquait en 2012, dans Le Point, qu'elle "ne serait peut-être pas là si elle s'appelait Claudine Dupont", alimentant au passage les rumeurs.

Boris Vallaud, son mari, rencontré sur les bancs de Sciences Po, n'en a que faire. "Bien sûr, il s'est intéressé à mon origine. Mais, comment dire, ça ne comptait pas", raconte la ministre franco-marocaine, qui ne tarit pas d'éloges à l'égard de sa moitié. "Boris, c'est la France, dans sa splendeur et son humanité ; universel, engagé, neutre. Il incarne les gens qui ne cherchent pas ou ne voient pas les différences."

Trop musulmane pour les uns, pas assez pour les autres

Soupçonnée par l'extrême droite de vouloir rendre l'arabe obligatoire à l'école, la ministre raconte également avoir découvert son nom dans une revue clandestine de Daesh. "À leurs yeux, je suis une double traîtresse. Féministe, laïque, française, libre... et d'origine marocaine", écrit-elle.

Najat Vallaud-Belkacem en profite pour revenir sur les différents attentats, "[s]on pays agressé". L'effroi qui l'a saisie après Charlie Hebdo. "Comment ne pas défaillir d'une douleur redoublée en entendant ces mots empoisonnés des assassins de Charlie : “On a vengé Mahomet” ? confie-t-elle. Comment ne pas se sentir ravagée, trahie, honteuse malgré soi, quand on a grandi dans cette foi ?"

Si elle affirme la "nécessité urgente que l'islam et ses responsables combattent en leur sein le cancer obscurantiste", Najat Vallaud-Belkacem dénonce à la fois "ce poison mortel de la radicalisation d'une jeunesse" et "l'injonction qui a pu être faite aux musulmans de se désolidariser des terroristes". "Cette injonction est scandaleuse, elle présuppose une complaisance généralisée, affirme l'actuelle numéro trois du Gouvernement. Alors que c'est l'inverse : la révulsion des musulmans pour les attentats doit être un levier, non pas de stigmatisation, mais de mobilisation de tout le pays soudé autour de ces valeurs que les terroristes abhorrent [...]" Ces valeurs pour lesquelles Najat Vallaud-Belakcem compte se battre encore longtemps.

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