La comète Neowise est en ce moment visible à l’œil nu dans le ciel entre quatre et cinq heures, chaque matin pendant une semaine. De passage tous les 5000 ans vers la terre, l’astre nous offre un spectacle exceptionnel pendant plusieurs jours. Pierre Henriquet, médiateur scientifique au planétarium de Vaulx-en-Velin et auteur d’une thèse sur la physique nucléaire, répond à nos questions.
Premièrement, qu’est-ce qu’une comète ?
Une comète est un gigantesque bloc de glace et de poussières, né aux prémisses de notre système solaire, il y a 4,5 milliards d’années. Lorsque le soleil s’est créé, à partir de nuages de gaz et de poussières, les poussières présentes au plus loin de celui-ci ont instantanément gelé, formant des comètes qui sont restées depuis intactes. Elles font généralement plusieurs kilomètres de largeur. On pourrait aisément les comparer au Mont-Blanc, voire au Mont Everest !
Quelle différence avec une étoile filante ?
Il ne faut pas confondre comète et étoile filante pour plusieurs raisons. Déjà, leur temps d’observation n’est pas du tout similaire : la visibilité d’une étoile filante se compte en dixième de seconde, tandis qu’une comète peut être observable pendant plusieurs heures, et ce, à répétition pendant plusieurs jours, semaines, voire mois ! De plus, la taille de ces astres n’est pas comparable : une étoile filante est une poussière, un caillou qui entre dans l’atmosphère terrestre. Rien à voir avec une comète de plusieurs kilomètres de diamètre.
En revanche, il existe un lien de corrélation entre les deux. Les étoiles filantes proviennent des poussières laissées par une comète lorsque celle-ci approche du soleil et que sa glace fond. Une fois dans l’espace, ce nuage de poussière peut s’approcher de la Terre et créer une pluie d’étoiles filantes. C’est notamment le cas tous les ans, le 12 août : notre planète traverse le même nuage tous les 12 mois.
Qu’est-ce que l’on peut aujourd’hui observer ?
Lorsque la trajectoire d’une comète approche du soleil, leur glace fond sous l’effet de la chaleur : on dit alors que la comète se "sublime". Concrètement, c’est ce phénomène que nous pouvons observer depuis la Terre : la glace, en fondant, libère des poussières issues des origines de notre système solaire et forme la queue de la comète. Cette forme, si particulière, est visible à l’œil nu pendant quelques jours seulement puisque la comète se situe au parfait compromis entre le soleil et la Terre. Après, elle sera moins visible.
La comète va pourtant se rapprocher de la Terre fin juillet. Pourquoi sera-t-elle moins visible à l’œil nu ?
C’est une histoire de compromis : plus la comète est proche du soleil, plus elle se sublimera et la queue sera visible, lumineuse. En revanche, en se rapprochant de la Terre, la comète sera certes plus "grande", mais le phénomène de sublimation (dû à la chaleur du soleil) sera moins important, limitant la visibilité.
Cette semaine, l’observation de la comète est alors optimale puisqu’elle se situe au meilleur endroit entre le soleil et la Terre. Après le 17 juillet, le phénomène s’estompera petit à petit : l’astre sera visible sur télescope, mais plus à l’œil nu. La comète sera au plus proche de la Terre le 23 juillet prochain.
Pourquoi n’est-elle visible que de nuit ? Quels sont les horaires de passage ?
La comète n’est pas visible de jour puisque la luminosité est trop importante. En revanche, elle est actuellement de passage en fin de nuit, entre quatre et cinq heures du matin en direction du Nord-Est. Se rapprochant petit à petit de la Terre, ces horaires vont évoluer : dès le 14 juillet, la comète sera également visible en début de soirée, aux alentours de 23h vers le Nord-Ouest, avant de s’estomper puis revenir vers quatre heures chaque matin au Nord-Est. Pour autant, comme expliqué, il faudra se munir d’appareils et télescopes pour l’observer à la fin du mois de juillet.
Quelles sont les conditions optimales pour son observation ?
En ce moment, la fenêtre d’observation est courte, mais aura tendance à augmenter au fil des jours – malgré la baisse de luminosité. La comète longe l’horizon, il est donc important de l’observer juste avant l’aube et les premiers rayons du soleil. L’idéal est d’avoir un horizon plat et dégagé et, si possible, prendre de la hauteur.
En quoi ce phénomène est-il exceptionnel d’un point de vue scientifique ?
Il l’est pour plusieurs raisons. La première est que les comètes proviennent directement des origines de notre système solaire : leur état solide, gelé, conserve leurs caractéristiques physiques originelles intactes ! En cela, les scientifiques s’intéressent particulièrement à ces astres pour étudier leur composition. Quelques robots se sont d’ailleurs posés sur certaines d’entre elles, comme Philae – "droïde" créé par l’agence spatiale européenne – en 2014. Aussi, l’événement est intéressant parce que les comètes sont des astres relativement instables : on ne peut jamais anticiper leur comportement. Par exemple, il y a quelques mois, la comète ATLAS – dont l’observation à l’œil nu était, là aussi, très prometteuse – s’est désintégrée à l’approche du soleil. Neowise a ainsi, par chance, réuni toutes les conditions pour sa bonne observation.
Qui est "Neowise" ?
La comète C/2020 F3 – de son nom scientifique – a été nommée Neowise en référence au télescope spatial WISE ayant découvert l’astre le 27 mars 2020. L’engin spatial, lancé il y a plus de 10 ans, a été mis en hibernation en 2011 avant d’être réactivé en 2013 sous le nouveau nom de Neowsise. Ce satellite a découvert 21 comètes depuis son lancement.