Le numéro 2 de la Police judiciaire de Lyon a été mis en examen, lundi 3 octobre, pour corruption, et trafic de stupéfiant notamment. Il risque jusqu'à 10 ans de prison et 7,5 millions d'euros d'amende. Explications. (Actualisé le 4 octobre à 17h).
Après 4 jours de garde à vue, le numéro 2 de la PJ de Lyon a été placé en examen lundi 3 octobre par le parquet de Paris pour corruption, trafic d'influence, association de malfaiteurs, détournement de biens, trafic de stupéfiant et violation du secret professionnel. En tout, douze chefs d'accusations ont été retenus contre lui, mais ses avocats n'en ont confirmé que six pour l'instant.
Comment en est-il arrivé là ?
En marge d'une enquête sur un trafic international de cocaïne, le directeur adjoint de la police judiciaire est soupçonné il y a déjà près d'un an, le 27 novembre 2010, d'avoir aidé des trafiquants de drogue internationaux à échapper à un coup de filet des Stups à Neuilly-sur-Seine. Des écoutes permettent de remonter jusqu'à la tête du réseau et à ses ramifications policières, notamment jusqu'au commissaire Neyret.
Corruption et trafic d'influence
Arrêté à son domicile jeudi dernier, Michel Neyret est poursuivi depuis pour avoir accepté ou demandé de l’argent ou des avantages en nature à des trafiquants de drogues pour faire ou ne pas faire certains actes relevant de sa fonction. Il est également poursuivi pour avoir usé de son influence en leur faveur. Concrètement, on sait que la police des polices (IGS) lui reproche d'avoir accepté des avantages en nature, des prêts de Ferrari et de Rolls Royce notamment, lors de séjours sur la Côte d'Azur, ainsi que des voyages à Marrakech de la part de personnes considérées comme proches du grand banditisme lyonnais.
Michel Neyret nie avoir accepté ces "cadeaux" en échange de service mais reconnaît quelques "imprudences". Il encourt jusqu'à 10 ans de prison et 150 000 euros d'amende pour chacun de ces deux chefs d'inculpation.
Violation du secret professionnel et détournement de bien
Ensuite, et probablement en lien avec ces avantages en nature, Michel Neyret est soupçonné d'avoir révélé des informations confidentielles à des trafiquants de drogue. Des conducteurs de "go fast" auraient notamment bénéficié des services du n°2 de la PJ leur révélant la date et l'heure des interventions de la police. Des informations qui leur auraient permis d'éviter à coup sur, tout coup de filet de la police, durant leur activité de transport de la drogue.
Le chef adjoint de la PJ aurait aussi détourné, selon l'IGS, du cannabis saisi par les enquêteurs de la PJ de Lyon, avant sa mise sous scellés, dans le but de rémunérer des intermédiaires. Des méthodes "à l'ancienne", strictement interdites depuis 2004. La loi obligeant les policiers à déclarer leurs informateurs et à les rémunérer exclusivement en monnaie scripturale (chèque, virement bancaire).
Michel Neyret risque 1 an de prison et 15 000 euros d’amende pour avoir violé le secret professionnel. Jusqu'à 10 ans d'emprisonnement et 150 000 euros d’amende pour avoir détourné un bien en tant qu'agent de la force publique.
Trafic de stupéfiant et association de malfaiteurs
Mais le commissaire ne se serait pas contenté de rémunérer ses intermédiaires avec le cannabis issu des prises de la PJ, il en aurait profité pour son compte personnel. Poursuivi pour trafic de stupéfiant, il n'aurait pas agi seul. Sa femme, notamment, lui aurait prêté main forte, ainsi que d'autres personnes, des policiers voire des magistrats aujourd'hui mis en cause. Trois d'entre eux devaient être déférés ce lundi.
Pour avoir planifié ses délits en réunion, Michel Neyret encourt jusqu'à 10 ans d'emprisonnement et 150 000 euros d’amende. Si le trafic de stupéfiant était avéré, il risquerait jusqu'à 10 ans de prison et une amende de 7 500 000 euros (art.222-37 du Code pénal).
Dans l'attente des développements de l'enquête, Michel Neyret a passé, lundi soir, sa première nuit en prison, dans une cellule spéciale de la prison de la santé à Paris. Le juge des libertés et de la détention a accepté son placement en détention provisoire requis par le Parquet de Paris. Son avocat, Me Versini-Bullara a fait appel de cette décision.