C’est en partie à Lyon que Camille de Toledo a travaillé la mécanique de Thésée, sa vie nouvelle, candidat au Goncourt. Où l’écrivain tente d’investiguer le suicide de son frère en conjurant une douleur familiale venue le tourmenter, lui, dans sa chair, en d’étranges manifestations psycho-généalogiques. Si le terme chef-d’œuvre est quotidiennement galvaudé, il est bien en peine de rendre justice à ce texte aussi bouleversant qu’édifiant, indispensable et équanime.
“Qui commet le meurtre d’un homme qui se tue ?” C’est la question qui ouvre Thésée, sa vie nouvelle, le dernier livre de Camille de Toledo, ni roman, ni récit, ni essai, en partie travaillé en terre lyonnaise dans le cadre d’un cycle quelque peu cryptique : “Enquêter, enquêter mais pour élucider quel crime ?” (avec Arty Farty, l’École urbaine de Lyon et la Fête du livre de Bron). “Qui commet le meurtre d’un homme qui se tue ?”, la question qui revient comme un mantra, comme ces pensées qui frappent les tempes jusqu’à rendre fou. Adressée au frère de l’écrivain, comme un canto, une prière, un kaddish peut-être. Jérôme, l’aîné de Camille de Toledo, se suicide en 2005. Il a 33 ans. L’écrivain le trouve, dépendu par leur père, “sur les tomettes rouges”, “rien ne le réveille, rien n’est réparable”, “maintenant tout tombe et la vie est maudite”. Maudite, la vie du “frère qui reste”, rongé par la culpabilité du survivant, l’incompréhension et de troublantes intuitions.Il vous reste 75 % de l'article à lire.
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