La ville de Lyon vient de nommer dix nouveaux noms de voies. Parmi elles, cinq hommes et cinq femmes, dont Florence Arthaud, Lucien Bégule, Susan Sontag, Jeanne Barret, Hubert Mounier, Charles Baudelaire, Michel Rosset, Hélène Berthaud, Roger Fenech et Jaqueline Descout.
Cinq femmes, cinq hommes. Conformément à l'annonce qui avait été faite, la parité a été respectée par la municipalité sur la dénomination de nouvelles voies à Lyon. "Nous rattrapons le temps perdu en imprimant un mouvement qui n'a jamais été donné dans la ville", s'est félicité Jean-Yves Secheresse, adjoint en charge du dossier.
Dans le 2e arrondissement, on retrouvera la passerelle Florence Arthaud (navigatrice), reliant les quais Antoine Riboud et Arlès-Dufour, l'allée Lucien Bégule (maître verrier lyonnais) entre le cours Charlemagne et la rue Smith au sud de la rue Casimir Perier, l'allée Susan Sontag (essayiste, romancière et militante américaine) entre la rue Smith et la rue Delandine, l'allée Jeanne Barret (botaniste, exploratrice) entre la rue Delandine et le quai Perrache, la place Hubert Mounier (auteur, compositeur, interprète et créateur de bande-dessinée) à l'angle des rues Delandine et Casimir Perrier et la rue Charles Baudelaire (poète), voie nouvelle entre la rue Smith et la rue Delandine.
D'autres rues vont avoir un nouveau nom dans le 9e arrondissement, la rue Michel Rosset (élu du 9e) entre la rue Joannès Carret et la rue Félix Mangini et les rues Hélène Berthaud (résistante), Roger Fenech (maire du 9e arrondissement) et Jaqueline Descout (militante associative) entre la rue Denise Joussot et la rue Albert Jacquart.
Un choix "extrêmement militant"
Seul le groupe UDI a voté contre. Véronique Bauguil, a expliqué ce choix par les propos polémiques tenus par Susan Sontag à la fin des années 60 : "Mozart, Pascal, l'algèbre booléenne, Shakespeare, le parlementarisme, les églises baroques, Newton, l'émancipation des femmes, Kant, les ballets de Balanchine, n'absolvent pas ce que cette civilisation particulière a infligé au monde. La race blanche est le cancer de l'Histoire humaine". Des propos sur lesquels était revenue la philosophe estimant par la suite que "cela diffamait les cancéreux". L’élue UDI a aussi pointé du doigt "les multiples retournements idéologiques" dont a fait preuve l’essayiste et critiqué un choix "extrêmement militant".
"Je rappelle aux fous de la lyonnitude que Victor Hugo n’a pas changé le nom de la rue"
La réponse de Jean-Yves Secheresse fut pour le moins cinglante : "J'ai entendu qu'on reprochait à Susan Sontag ses retournements idéologiques. Venant de votre part, ce n'est pas les retournements idéologiques qui risquent de vous guetter. Cette personne que vous décrivez comme le diable a écrit dans les plus grandes revues littéraires. Elle était aussi l’amie de Carlos Fuentes, Richard Hell, le fondateur des Voidoids le premier groupe punk de New York. À ses obsèques il y avait Salman Rushdie et Patti Smith au milieu d’une foule considérable. C'est vous dire où se situait Susan Sontag : probablement pas dans votre monde. Je pense que les Lyonnais seront fiers qu'une rue porte son nom. Au début, évitez de prendre cette rue. Prenez-la petit à petit pour vous habituer. Il n’est pas question ici de faire des choix idéologiques. Nous honorerons des gens, certains Lyonnais d’autres non. Je rappelle aux fous de la lyonnitude que Victor Hugo n’a pas changé le nom de la rue."
Ces dénominations ont été adoptées. Une voie Francisque Collomb devrait aussi voir le jour dans le 2e arrondissement ainsi qu’une rue Colette Besson dans le 9e. Elle sera transversale entre Rhône et Saône.