Le mouvement Nuit Debout de la place Guichard à Lyon veut voir "global" et organise un bal populaire dès 15 heures cet après-midi.
Le mouvement Nuit Debout tente de se remobiliser en organisant une journée de rassemblement dans toute la France, mais aussi à l'étranger. Au Nuit Debout de Lyon, les 80 personnes qui gèrent l'organisation appellent les citoyens, parents et enfants, à venir profiter d'un moment festif pour échanger tout au long de la journée. Près de 1000 personnes se sont inscrites à l’événement et 2000 repas ont été prévus en conséquence. "Nous avons comme volonté de permettre aux gens de se rencontrer autrement qu'à travers les partis politiques traditionnels ou à faire qu'ils s'intéressent à la société qui les entoure autrement que via les médias". Pour ce témoin des Nuits Debout, très actif au sein de l'organisation, il s'agit avant tout de permettre aux différentes opinions de se confronter et à tout type de personnes de se rencontrer.
La critique qui qualifie le mouvement d'un entre-soi de personnes issues des mêmes milieux sociaux et ayant les mêmes tendances et aspirations politiques n'est pas totalement infondée selon lui : "C'est vrai qu'il y a une certaine forme d'entre soi et qu'on se bat beaucoup pour faire fuir les sectaires. Mais on se remet beaucoup en cause. Par exemple, nous n'avons rien contre les gens qui votent FN et qui sont les bienvenus pour discuter. La semaine dernière, un PDG est venu débattre ici de la Loi Travail et un notaire à la retraite vient de temps en temps. Même si certains Antifa présents à Nuit Debout démontrent une hostilité envers les policiers, ce n'est pas notre cas : ils sont aussi les bienvenus, surtout que ce sont souvent eux en première ligne pour constater la misère sociale. Plus les gens présents seront hétérogènes, plus le pari sera réussi. L'idée est de favoriser les échanges, les rencontres, de considérer la parole et la vie de l'autre pour utiliser l'intelligence collective et trouver des solutions pertinentes et cohérentes."
Perdurer dans le temps pour établir plus de cohésion
Les organisateurs lyonnais sont conscients qu'à la place Guichard, le mouvement tend à s’essouffler. Fatigués, ils espèrent que d'autres personnes viendront prendre le relai dans l'organisation. Dès la semaine prochaine, ils ont d'ailleurs prévu de ne plus être uniquement situé sur la Place Guichard mais de se déplacer dans d'autres endroits "très probablement dans le 1er arrondissement pour commencer". La principale volonté semble être de perdurer dans le temps et de trouver toujours un peu plus de cohésion dans un mouvement qui refuse d'avoir des "têtes de file". Pour cela, un multiplex est organisé ce soir à 19 heures pour échanger avec les mouvements Nuit Debout de Paris, Madrid, Rome ou Montréal. Pour l'instant, les difficultés techniques pour établir une communication fiable persistent et des participants devront faire en sorte de pouvoir mettre en place un Skype ou un Périscope sur la place Guichard pour échanger avec d'autres villes ou avec l'étranger.
La Loi Travail : une goutte d'eau dans un grand vase
Alors que la Loi Travail a été adoptée en première lecture par l'utilisation de l'article 49-3, le combat contre la Loi Travail n'est finalement pas le fer de lance des rassemblements lyonnais, mais plutôt un élément déclencheur : "Nuit Debout est un mouvement pour changer le système, la Loi Travail n'est que la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Dès le premier rendez vous des Nuit Debout Lyon, on s'est rapidement regardé pour s'apercevoir que la Loi Travail n'était qu'une partie des problèmes. Finalement, plus le gouvernement ira loin, plus nos rangs seront susceptibles de se gonfler. À titre personnel, je suis heureux que le gouvernement ait utilisé le 49-3, j'espère que les gens vont enfin comprendre qu'il s'agit d'une démocratie fantoche. Nous souhaitons établir la démocratie directe. Aussi, de nombreuses personnes parmi nous veulent voir apparaître un nouveau système de monnaie et d'échanges. Bien sûr, nous continuons de promouvoir des initiatives comme la Gonette. Mais pour certains, c'est insuffisant, car cette monnaie est finalement toujours indexée à l'Euro. Cela reste encore une utopie, mais nous y pensons sérieusement."