Eclairage sur une situation qui menace la vitalité économique en Rhône-Alpes alors que la région est déjà fortement touchée par la crise.
Lorsque le seul contact entre une région et les plus grosses places financières du monde disparaît, cela pose un réel problème. C'est pourtant ce qui est en train de se passer avec la fermeture annoncée des bureaux lyonnais du groupe NYSE Euronext. " Une délocalisation inacceptable pour nos PME régionales " selon Jean Jack Queyranne, le président de la région, qui s'est vigoureusement opposé à la décision du groupe dans un communiqué de presse.
Début juillet, à l'annonce de la suppression de la délégation lyonnaise de NYSE Euronext, Jean-Jack Queyranne avait déjà fait part de son inquiétude. Désormais, il en appelle à la ministre de l'Economie, Christine Lagarde, et lui demande de " tout mettre en œuvre pour préserver une strucure très utile pour l'économie de Rhône-Alpes, première région industrielle française ".
Un poids lourd de la finance
La société NYSE Euronext est le groupe boursier le plus le plus important et le plus liquide au monde. Un poids lourd, c'est peu de le dire, dans le milieu de la finance internationale. Elle regroupe notamment des marchés boursiers comme le New York Stock Exchange ou encore Euronext Paris, qu'on appelle plus simplement la bourse de Paris. Près de 4 000 sociétés sont cotées sur les marchés de NYSE Euronext, soit une capitalisation boursière globale de 20 900 milliards d'euros au 31 décembre 2007. C'est une somme. En Rhône-Alpes, ce sont près de 150 entreprises qui sont cotées grâce à NYSE Euronext. Que peut bien signifier pour elles et pour la région la fermeture du pôle lyonnais ?
Du côté des bureaux lyonnais d'Euronext, on se refuse à communiquer. Il s'agit désormais de fermer sans faire de vagues. La décision est prise et elle a été annoncée au début du mois de juillet, le groupe a décidé de réorganiser de fond en comble son implantation au niveau européen afin de comprimer ses coûts. Non seulement les bureaux de Lyon et de Marseille seront supprimés, mais le groupe a également annoncé mercredi qu'il allait délocaliser les serveurs informatiques de Paris pour les transférer à Londres d'ici 2010.
La disparition d'un lien de proximité essentiel
Concrètement, à Lyon, seuls trois emplois seront supprimés. Mais pour les entreprises lyonnaises, cela signifie qu'elles n'auront plus d'interlocuteurs sur place permettant de faire le lien entre la cotation boursière et l'activité de leur entreprise au quotidien. En d'autres termes, les personnes qui aideront les entreprises lyonnaises à entrer sur le marché boursier n'auront qu'une connaissance à distance du tissu économique lyonnais. Une distance qui risque de rendre plus difficile l'entrée en bourse des sociétés lyonnaises.
Pour rester efficace dans le course aux profits, le groupe NYSE Euronext a du faire un choix. En effet, avec la libéralisation des services financiers européens, conséquence de la directive MIF de novembre 2007, les grandes places boursières doivent désormais faire face à la concurrence des places alternatives, au même titre que n'importe quelle entreprise. C'est pourquoi le directeur de l'Autorité des Marchés Financiers,
Jean-Pierre Jouyet, disait mercredi dans un entretien aux Echos comprendre le choix de NYSE Euronext qui délocalise des activités de service en profitant des possibilités offertes par les nouvelles technologies pour proposer des services à distance. En contrepartie de cette centralisation de l'ensemble des services, les entreprises auraient potentiellement accès à un plus large panel d'investisseurs. Mais pour Jean-Jack Queyranne, "les entreprises moyennes de Rhône-Alpes ont besoin, ici, d'un service de qualité qui ne fonctionne qu'avec la proximité. Sans cela, nos PME ne pourront plus accéder correctement aux marchés cotés. Et ce sera faire une croix sur leurs investissements, leur capacité à innover, leur croissance et sur des créations d'emploi pour demain !".
Ce sont donc de nombreuses PME prêtent à faire leurs preuves et à se financer sur le marché boursier qui risquent de pâtir de la fermeture de NYSE Euronext à Lyon. Sans compter que, encore une fois, la bourse choisit, symboliquement, de mettre une distance entre la cotation et l'activité au quotidien des entreprises. Un pas de plus vers la dématérialisation de l'économie alors que la crise actuelle nous rappelle qu'il n'est pas bon de séparer le monde de la finance de l'économie réelle.