Face à la "contestation grandissante" et pour "obtenir des données fiables et objectives", le collectif des Défenseurs de Lyon et du Grand Lyon lance sa propre concertation citoyenne sur les aménagements urbains à Lyon.
"On est déjà à 3 000 retours sur cette concertation citoyenne, ce qui est énorme par rapport à ce qui a été fait par nos élus." s'enorgueillit Alexandra Le Creff, taclant au passage la Métropole de Lyon et sa plateforme de participation citoyenne jeparticipe.grandlyon.com.
Le collectif des Défenseurs de Lyon et du Grand Lyon, qui est opposé "à la fermeture de Lyon et sa métropole" et qui réunit à ce jour plus de 12 000 personnes (habitants, commerçants, associations, acteurs économiques) principalement lyonno-lyonnaises, et dont Alexandra Le Creff est l'une des porte-paroles pour la rue Grenette, a récemment lancé sa propre concertation, "afin de recueillir l'avis des habitants, comme celui des personnes qui travaillent (entrepreneurs, commerçants, artisans, salariés...) et d'obtenir des données fiables et objectives".
Le collectif passe en revue le nombre de participants aux différentes concertations menées par la Métropole : "Lyon - Presqu'île à vivre : aménagements et mobilités 2024-2026" : 782 participants Lyon; "Rive droite du Rhône : Imaginez les quais demain" : 1 117 participants; "Concertation Imaginons la Presqu'île de demain : 2924 participants; "Lyon, Presqu’île à Vivre : quelles règles pour la Zone à Trafic Limité ?" : 642 participants, précisant qu'en moyenne, la durée des enquêtes en ligne est de trois à quatre mois.
"On entend nos clients nous dire 'on vient pour vous mais je pense qu'à terme on ne viendra plus'. déplore Alexandra Le Creff. Parce que quand vous mettez une heure et demie à arriver en ville, que vous payez très cher votre parking et que vous mettez encore une heure à sortir d'un parking ça ne donne plus envie."
S'il y a peu de chances que la Métropole tienne compte des résultats de cette contre concertation d'initiative citoyenne, il n'en demeure pas moins qu'elle risque de polariser encore un peu plus le débat , voire de grossir les rangs de cette "contestation grandissante".
La retranscription intégrale de l'entretien avec Alexandra Le Creff
Bonjour à tous et bienvenue dans ce nouveau rendez-vous de 6 minutes chrono nous accueillons aujourd'hui Alexandra Le Creff bonjour.
Bonjour.
Alexandra Le Creff vous êtes porte-parole du collectif des Défenseurs de Lyon et du Grand Lyon pour la rue Grenette. On va attaquer avec l'actu : le week-end dernier, Fabien Bagnon, vice-président de la métropole en charge de la voirie et des mobilités actives, montrait sur les réseaux sociaux l'affluence de la rue Grenette, et c'est vrai qu'il y avait énormément de monde, et alentour en disant qu'effectivement cela donnait un aperçu de ce qu'allait devenir la rue Grenette. Un réaction à ce post ?
Il y a eu beaucoup de commentaires, je crois qu'on est à 77 commentaires ce jour et sur les 77 commentaires, j'invite les gens à les lire puisqu'en fait peut-être 95% des commentaires remettent en cause en fait la vision de la Métropole et de Lyon sur cette rue Grenette il y aura des bus, 1 500 bus par jour (72 bus circuleront chaque heure rue Grenette, NdlR).
On va le voir à l'écran il y a un petit schéma que vous avez fait effectivement entre la rue Grenette ce qui est présenté comme la prochaine rue Grenette et puis en fait c'est la réalité de ce qu'elle sera.
Et la réalité c'est que en fait ce n'est pas une piétonnisation sur la rue Grenette, c'est un accès des TCL sur cette rue. C'est à dire qu'on n'a pas d'écoute en fait par rapport à la Métropole qui nous impose des méthodes brutales et autoritaires sur la concertation sur tout ce qu'on nous présente sur la piétonnisation. La place en fait de toutes les mobilités est importante que ce soit en effet les vélos les piétons mais la voiture a aussi son importance.
Je vais me faire l'avocat de Fabien Bagnon qui dit attention les critiques sur notre projet sont toujours "excessives" parce que finalement "ce n'est pas le tout vélo" mais c'est un "rééquilibrage des modes" .
Actuellement on n'a pas du tout de rééquilibrage. En fait la Métropole, nos élus veulent en fait la sortie de la voiture du centre-ville.
La toile de fond c'est qu'il n'y ait plus de voiture du tout ?
Qu'il n'y ait plus de voiture, mais en fait il faut laisser la liberté aux gens. Il y a des gens qui n'arrivent pas à se déplacer en vélo ou à pied, qui sont trop loin tout comme moi pour se déplacer en TCL qui n'ont pas accès au TCL. Il n'y a pas le réseau donc, et puis moi je le vois tous les jours avec mes clients en fait. Je suis en magasin, j'ai une boutique indépendante. On se bat tous les jours parce qu'on entend nos clients nous dire "on vient pour vous mais je pense qu'à terme on ne viendra plus". Parce que quand vous mettez une heure et demie à arriver en ville, que vous payez très cher votre parking et que vous mettez encore une heure à sortir d'un parking ça ne donne plus envie. Donc, en fin de compte, on a vraiment un souci en fait de la représentation des indépendants sur le centre-ville.
Aujourd'hui et puis ça va continuer il y a un véritable déclin du chiffre d'affaires ou pas ?
Les commerçants se plaignent. On est à 30% en moins de fréquentation corrélée au chiffre d'affairesMoins 30% pour un indépendant, c'est énorme. On n'a pas le temps d'attendre tous ces travaux qu'on nous impose dans toute la ville et qui durent des semaines, des mois et qui sont, parfois même, à l'arrêt sur certaines tranches.
Vous n'êtes pas sans savoir qu'il y aura encore 18 mois de travaux...
Au moins, mais en fait un indépendant ce n'est pas ces grandes enseignes qui peuvent encore absorber le choc des moins 30%. Un indépendant qui perd 30% par mois sa trésorerie en fait est impactée et actuellement il y a des dizaines d'indépendants qui actuellement sont au bord du gouffre et on n'en tient pas compte.
Vous parliez, je reviens un peu en arrière, de concertation tout à l'heure. Le collectif des défenseurs de Lyon et du Grand-Lyon a sorti quelques chiffres, le 5 novembre dernier, sur les concertations organisée par la Métropole de Lyon. Par exemple : 782 participants pour les aménagements et mobilités du projet Presqu'Ile à vivre, 1117 participants pour imaginer les quais de la Rive droite. Et vous vous avez lancé votre propre concertation citoyenne, pourquoi ?
Tout à fait il y a un peu plus de deux semaines. L'objectif est de vraiment avoir l'avis des habitants, des riverains, des commerçants, enfin toutes ces personnes qui travaillent, habitent dans le centre-ville.
Et là actuellement donc c'est en cours mais quelles sont les retours ?
On est déjà à 3 000 retours de cette concertation citoyenne, ce qui est énorme par rapport à ce qui a été fait par nos élus. Je pense qu'on va avoir de belles surprises.
Et une fois que vous aurez les résultats définitifs qu'allez-vous en faire ?? Vous allez le communiquer dessus l'envoyer à la Métropole à la Ville, pour demander quoi ?
On demande à ce qu'on soit entendu, écouté. On a eu des rendez-vous il n'y a eu aucun retour. Les Assises du commerce organisées par la Ville de Lyon ça a été du blabla. On parlait du post de Fabien Bagnon : sur plus de 70 retours commentaires les commentaires ne sont pas bons.